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Actualités - ANALYSE

Conflit maritime : pétrole et gaz exacerbent les convoitises

Comme un volcan endormi, le bassin méditerranéen oriental dégage, soudain, des fumées qui font craindre une éruption. La probabilité, établie par des études de prospection, de nappes de pétrole et de gaz en mer donne un dangereux coup de fouet aux appétences des pays riverains. À savoir la Turquie, la Syrie, le Liban, l’Égypte et Israël. Et Chypre qui, prenant les devants, a demandé une convention fixant les limites des eaux territoriales respectives, donc le droit d’exploitation des ressources sous-marines. L’île a pu, comme on sait, conclure un accord avec le Liban. Ce qui a provoqué le double courroux, économique et politique, de la Turquie, en conflit aigu avec la République (à population grecque) de Chypre, et qui en soutient ou occupe la partie nord séparée, à population turque. Un mécontentement qui pousse Ankara à menacer de rompre les relations diplomatiques avec Beyrouth. Des officiels turcs ayant multiplié les déclarations dans ce sens, certains ministres libanais affirment qu’il y a lieu de s’en inquiéter fortement. Car, rappellent-ils, il est bien connu que les Turcs ne plaisantent jamais quand l’intérêt de leur pays est en jeu. De leur côté, des sources diplomatiques reconnaissent que les responsables turcs avaient officiellement prévenu le Liban, avant la signature de l’accord avec Chypre. Le Premier ministre turc, Tayyeb Rajab Erdogan, en avait même parlé avec Fouad Siniora, selon ces sources. En lui remontrant qu’il serait souhaitable, et préférable, qu’il attende d’abord que Chypre soit réunifiée et son problème réglé. Parce que, selon les Turcs, Chypre, dont ils ne reconnaissent pas la souveraineté entière, n’a le droit de signer aucun texte engageant également la partie turque de l’île. Campagne Mais, suivant l’exemple de l’Égypte, le gouvernement Siniora a quand même signé le document voilà un mois. La Syrie et Israël s’en sont abstenus. Parce que l’une ne veut pas fâcher son voisin du nord, et que l’autre entretient avec Ankara de bonnes relations. À preuve que les états-majors militaires des deux pays ont signé, il y a quelques années, une convention de coopération-coordination. Aussi, Olmert, le chef du gouvernement israélien, s’est-il trouvé notifié, lors de sa visite à Ankara, de l’importance que la Turquie attache à ce dossier. Les dirigeants égyptiens et syriens ont également été relancés. Et le ministre turc des Affaires étrangères, Abdullah Gül, en a même parlé avec les Saoudiens lors de son récent passage à Ryad. Chypre n’a pas caché que l’enjeu est le pétrole-gaz. Elle s’est en effet assurée de l’existence de nappes exploitables en confiant des études à des compagnies d’experts. Elle a donc lancé un appel pour une conférence, à laquelle participeraient des sociétés spécialisées dans le forage ou l’exploitation, pour le partage de ce trésor entre les pays intéressés. Et pour éviter des conflits nécessitant un arbitrage international. Le ministre libanais des Travaux publics et des Transports, Mohammad Safadi, envisageait de se rendre dans l’île pour assister à ce forum. Après la réaction turque, il a préféré reporter sa démarche. À Beyrouth même, des spécialistes indiquent que les gisements, sans être immenses ni inépuisables, sont assez consistants pour inciter au forage des compagnies aussi bien asiatiques qu’européennes ou américaines. Il n’est donc pas exclu que le gouvernement libanais charge bientôt une société de sonder les ressources sous-marines, notamment au large de Batroun. Car, par le passé, plus d’une étude établie par des experts russes, britanniques ou autres européens a démontré l’existence dans cette zone de gaz en quantité considérable ainsi que de pétrole. Retour aux relations avec la Turquie. Le président Siniora y a dépêché, en mission d’apaisement, pour réduire la tension, son conseiller Mohammad Chatah et le directeur du transport maritime, Abdel Hafiz Kayssi. Ils pourraient être suivis, selon les résultats de leurs entretiens, du ministre des Travaux publics et des Transports, Mohammad Safadi. En fait, le Liban ne veut fâcher ni Chypre ni la Turquie, mais entretenir avec les deux des relations cordiales, sans prendre parti dans le conflit qui les oppose. Mais, en même temps, et c’est le point qu’il faut bien expliquer aux uns et aux autres, il ne peut sacrifier ses intérêts propres, ni renoncer à ses droits légitimes de forage parce que les eaux territoriales n’auraient pas été délimitées. C’est bien pourquoi il a signé l’accord avec Chypre. Ph. A.-A.

Comme un volcan endormi, le bassin méditerranéen oriental dégage, soudain, des fumées qui font craindre une éruption. La probabilité, établie par des études de prospection, de nappes de pétrole et de gaz en mer donne un dangereux coup de fouet aux appétences des pays riverains. À savoir la Turquie, la Syrie, le Liban, l’Égypte et Israël. Et Chypre qui, prenant les...