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CHANGES Le G7 ménage le Japon par crainte d’une crise financière

Lors de sa réunion ce week-end en Allemagne, le G7 a dû se contenter d’adresser un message en filigrane aux marchés pour tenter de freiner la baisse du yen, une offensive plus tranchée risquant, selon les économistes, de provoquer des dégâts supérieurs aux maux actuels. Les Européens estiment que la chute historique du yen nuit à leurs exportations et est en partie due à la Banque du Japon (BoJ), qui ne relève pas son taux directeur, actuellement à 0,25 %, malgré la reprise économique japonaise. Des taux aussi bas encouragent des opérations massives de « Carry Trade » : des emprunts en monnaie nippone investis ensuite dans des devises assorties de taux d’intérêt plus élevés. Dans la zone euro, les taux directeurs se situent en effet à 3,5 % et sont à 5,25 % aux États-Unis. Mais outre le peu de soutien reçu de la part des États-Unis, qui ont préféré viser le yuan, les Européens ont eu peur de provoquer une crise sur les marchés des changes en identifiant clairement le niveau de la monnaie japonaise comme un problème dans le communiqué publié par le G7-Finance à l’issue de la réunion d’Essen. Devant l’ampleur des opérations de « Carry Trade » ces derniers mois, un appel clair à la réévaluation du yen par les ministres des Finances des sept pays les plus riches de la planète (États-Unis, Royaume-Uni, Italie, Canada, France, Allemagne, Japon) aurait pu déclencher des achats massifs de yen, prévient Markus Krygier, stratège en devises de la Dresdner Kleinwort. Cela aurait pu entraîner un tarissement soudain des liquidités dans certains pays où les opérations de « Carry Trade » ont représenté une source de liquidités bon marché (notamment aux États-Unis). « Nous sommes dans une situation où les positions sont tellement (poussées aux extrêmes) qu’on pourrait assister à des ajustements chaotiques et brutaux si les conditions changent. C’est ce qu’on appelle une bulle », dit Markus Krygier. En outre, renchérit John Shepperd, économiste d’une grande banque, le différentiel de taux d’intérêt entre le Japon, les États-Unis et la zone euro est tel que même si la BoJ remontait fortement ses taux directeurs, à 1 % par exemple, l’impact serait limité. « Ce que fait la BoJ ne sera pas le facteur-clé qui permettra de mettre un terme au Carry Trade », ajoute-t-il. Les Européens se sont donc résolus à tempérer leur acrimonie envers la politique monétaire japonaise, au moins publiquement, pour s’adresser aux spéculateurs. Dans son texte final, le G7 redit comme en septembre que les changes « doivent refléter les fondamentaux de l’économie » et que la volatilité excessive est « indésirable ». Mais il y a une nouveauté : devant la presse, les ministres ont ensuite mis en garde les investisseurs qui parient systématiquement le yen à la baisse qu’ils risquaient un jour de s’en mordre les doigts. Ils ont émis l’espoir que l’embellie de l’économie nippone « serait prise en compte ». Le G7 « veut que les marchés soient conscients des risques des paris à sens unique, en particulier sur les taux de change », a dit le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet, soulignant les dangers « du “Carry Trade” en général ». En coulisses, les grands argentiers ont aussi demandé à la Banque du Japon de ne pas encourager par ses déclarations la dépréciation de sa monnaie. La BoJ avait encore dit à la veille même du G7-Finances qu’il n’était pas nécessaire de « se précipiter » pour relever les taux japonais, et ce, en raison d’une inflation encore atone. Il n’est pas sûr que l’institut et les marchés seront plus sensibles à ce message du G7 qu’au précédent.
Lors de sa réunion ce week-end en Allemagne, le G7 a dû se contenter d’adresser un message en filigrane aux marchés pour tenter de freiner la baisse du yen, une offensive plus tranchée risquant, selon les économistes, de provoquer des dégâts supérieurs aux maux actuels.
Les Européens estiment que la chute historique du yen nuit à leurs exportations et est en partie due à...