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Actualités - CHRONOLOGIE

Extraits de la lettre envoyée par le Courant patriotique libre à tous les participants à Paris III Le CPL dénonce l’approche purement financière de la politique économique du gouvernement Sahar AL-ATTAR

Au lieu de poursuivre le débat engagé depuis quelques semaines entre le Courant patriotique libre (CPL) et le ministère des Finances par communiqués interposés, « L’Orient-Le Jour » a rencontré le porte-parole du comité économique du CPL, Charbel Cordahi, qui a exposé les critiques économiques du courant à l’encontre du programme de réformes du gouvernement, au-delà du clivage politique. Ces remarques figurent d’ailleurs dans une lettre adressée, à la veille de Paris III, aux principaux participants à la conférence. Pour M. Cordahi, le plan présenté à Paris III « s’inscrit dans la continuité des politiques menées depuis 1994. Or ce modèle se base sur approche purement financière ». Au-delà de certaines mesures techniques estimées « positives » (comme la simplification des procédures fiscales), qui « n’ont d’ailleurs pas besoin de figurer dans un programme et auraient pu être appliquées depuis longtemps », M. Cordahi considère que le programme ignore le vrai problème de l’économie libanaise : la panne de croissance. Ainsi, le CPL estime que le document présenté à Paris III se base sur un diagnostic « sommaire et erroné ». Selon la lettre adressée par le CPL le 24 janvier dernier aux participants à la conférence de Paris III, et dont L’Orient-Le Jour a obtenu copie, le plan de réformes « ignore que l’économie après le rattrapage automatique de sortie de guerre, et malgré les investissements consentis et les déficits budgétaires considérables, ne génère pas de croissance (…) que la productivité et le revenu par tête restent inférieurs d’un tiers à leurs niveaux de 1975 et que l’émigration dépasse tous les ans ses niveaux de la période de guerre et la croissance naturelle de la population ». « Le programme affirme que la dette s’est accumulée du fait d’événements accidentels et non répétitifs (la guerre de 1975-1990 et l’agression israélienne de l’été 1992), poursuit la lettre. Il passe sous silence la politique monétaire et fiscale suivie avec obstination depuis 1992. » Aussi, le document présenté à Paris III estime la dette à 178 % du PIB, et le taux d’intérêt moyen à 7,5 %. Or « ce calcul ignore d’une part l’accumulation des arriérés et les pertes de la Banque du Liban qui amèneraient la dette effective à plus de 215 % du PIB, et d’autre part les subventions d’intérêts supportés par la BDL qui amèneraient le taux effectif à plus de 10 % », ajoute la lettre, pour qui le plan de réformes s’appuie sur « une démarche fiscale et dangereuse. Il pose un taux de croissance nominale pratiquement égal au taux d’intérêt moyen sur les cinq ans à venir. Techniquement parlant, cette hypothèse revient à dire que toute dette est soutenable indépendamment de son niveau ; pratiquement, cela ignore ou feint d’ignorer les données de base des marchés financiers et, vu l’ampleur de l’excédent primaire recherché, passe outre les effets de rétraction de la demande et d’appauvrissements ». Le CPL souligne ensuite que le gouvernement entend atteindre un excédent primaire de 10 % du PIB « notamment par la baisse des dépenses publiques, salaires, subventions, transferts… Ces actions se décomposent en deux catégories : celles qui nécessitent des investissements considérables ou des augmentations massives des tarifs (non évoqués dans le document) et celle qui aboutiraient à dépérissement accentué de la fonction et des services publics, déjà déficients (sécurité, justice, administration, infrastructures) ». « De toute façon de l’aveu même du gouvernement, les dépenses publiques sont difficilement contractibles, ajoute M. Cordahi. L’essentiel de l’effort se concentrera donc sur les recettes de l’État. » Or, selon lui, le gouvernement sous-estime la baisse de la consommation et des dépenses d’investissement qu’une hausse de la fiscalité engendrera. Le CPL réfute à ce propos l’affirmation, selon laquelle la hausse de la TVA affectera davantage les classes aisées. « Certes, les riches consomment davantage, mais les classes pauvres dépensent la totalité de leur revenu et pas les riches. Ainsi, la part du revenu affectée par la hausse de la TVA est plus importante chez les classes moyennes et pauvres que les classes aisées », explique M. Cordahi. Concernant les privatisations, le CPL estime que la finalité doit être de baisser le coût pour le consommateur et améliorer la qualité des services. « Mais dans le cas des télécoms par exemple, le passage d’un duopole public à un duopole privé n’est pas la solution », affirme le porte-parole du comité économique, qui estime qu’il vaudrait mieux octroyer de nouvelles licences ou revoir l’attribution des lignes avant de privatiser. Globalement, la lettre du CPL aux donateurs déplore que le document de Paris III ne porte « aucune réflexion et aucun arbitrage sur l’usage des fonds extérieurs. L’obsession fiscale restreint leur utilisation, en plus de fonds de la privatisation au service de la dette ». C’est pourquoi la missive a demandé aux « amis du Liban de veiller à ce que l’assistance qu’ils apportent ne soit pas dévoyée et manipulée ». En cela, le CPL se dit extrêmement satisfait des résultats de Paris III. Il estime que la communauté internationale a soutenu le peuple libanais en affectant la grande majorité des aides à des projets d’investissements et non au Trésor.
Au lieu de poursuivre le débat engagé depuis quelques semaines entre le Courant patriotique libre (CPL) et le ministère des Finances par communiqués interposés, « L’Orient-Le Jour » a rencontré le porte-parole du comité économique du CPL, Charbel Cordahi, qui a exposé les critiques économiques du courant à l’encontre du programme de réformes du gouvernement, au-delà...