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Le « blocus » a causé des pertes économiques supérieures à 86 milliards de dollars 45 ans après l’imposition de l’embargo, les Cubains plus inventifs que jamais

«Ici, plus il nous manque quelque chose, plus on invente », assure Roberto, un mécanicien cubain affairé à ajuster le moteur d’une énorme Chevrolet datant 1948, à 45 ans jour pour jour de l’instauration par les États-Unis d’un embargo total à l’encontre de l’île communiste. La réparation des vieilles américaines des années 50 dont il subsisterait 50 000 exemplaires est le plus représentatif des secteurs dans lesquels les Cubains, faute de pouvoir importer des pièces, déploient leur génie du recyclage. « Le moteur vient d’une Volga (soviétique), la boîte de vitesse d’une Chevy argentine, les pneus d’une Mitsubishi et les sièges d’une Ford », détaille Roberto Luna, observant sa Chevrolet à peine repeinte en vert foncé et qui n’a conservé que la carrosserie d’origine. Dans n’importe quel pays du monde, les « grosses amendes » (almendrones) comme sont surnommées ces magnifiques « américaines », seraient la propriété de collectionneurs millionnaires alors qu’à Cuba, un grand nombre a été réquisitionné par l’État comme taxis pour touristes. Un musée de « classiques » Ironiquement, grâce en partie à l’embargo et à l’interdiction d’exporter ce patrimoine national, Cuba s’est transformé en un musée roulant de « classiques » de Detroit comme la Ford Mustang, la Cadillac Deville, la Chevrolet Corvette et les emblématiques Plymouth et Buick, au grand ravissement des photographes. Depuis l’annonce le 3 février 1962 par le président démocrate américain John F. Kennedy de l’embargo total sur les échanges et investissements avec la plus grande île des Caraïbes, les Cubains ont appris à se débrouiller sans le matériel nécessaire à la réparation des équipements quotidiens. Autre exemple : la reproduction des clefs. Ariel, serrurier, a amélioré récemment sa vieille machine Ilco importée en 1953 des États-Unis – avant la révolution de Fidel Castro en 1959 et la proclamation du socialisme en 1961 – sur laquelle il a monté des fragments d’un grille-pain cassé depuis sept ans. « Avant, ça marchait automatiquement, maintenant c’est manuel », explique dans un sourire Ariel 35 ans, polissant une des 20 copies qu’il effectue chaque jour. En début de semaine, le quotidien officiel Juventud Rebelde a publié des photos des centaines d’objets bricolés par des particuliers, usines ou des laboratoires pour pallier l’absence de matériaux dans des tas de domaines dont la santé, le sport, la culture et l’éducation. Selon les autorités cubaines, l’embargo a causé jusqu’à présent des pertes économiques supérieures à 86 milliards de dollars. Les Américains ont durci ces restrictions au fil des années, notamment en 1996 avec la loi Helms-Burton qui les applique non seulement aux entreprises américaines et à leurs filiales, mais aussi aux firmes étrangères, même européennes, qui sont en affaires avec celles-ci. « Deux et deux font quatre. Pourquoi acheter des choses à des milliers de kilomètres quand on peut les trouver à 150 km », distance séparant l’île des côtes américaines, s’interroge Roberto, le mécanicien. « L’empire, la superpuissance veut nous faire mourir de faim, il faudrait qu’ils s’en rendent compte », ajoute-t-il. Les spécialistes du dossier voient peu de possibilités d’une modification de la politique américaine à l’égard de Cuba à court et moyen terme. Washington exige en effet au préalable le multipartisme et des élections libres tout en accusant La Havane d’utiliser l’embargo pour masquer « l’échec » de son modèle communiste.
«Ici, plus il nous manque quelque chose, plus on invente », assure Roberto, un mécanicien cubain affairé à ajuster le moteur d’une énorme Chevrolet datant 1948, à 45 ans jour pour jour de l’instauration par les États-Unis d’un embargo total à l’encontre de l’île communiste. La réparation des vieilles américaines des années 50 dont il subsisterait 50 000...