Fidel Castro est éloigné du pouvoir depuis six mois par une mystérieuse maladie Pour la première fois depuis la révolution, les Cubains sont privés de leur « père »

Pour la première fois depuis la révolution de 1959, les Cubains ont passé six mois sans leur dirigeant historique Fidel Castro, éloigné du pouvoir par une mystérieuse maladie, et avec à leur tête son frère Raul, jusqu’à récemment peu connu de la majorité d’entre eux. Fidel Castro « se rétablit » et « après six mois de convalescence le pays fonctionne normalement », avait récemment affirmé le vice-président José Ramon Fernandez. Depuis début janvier, rien ne filtrait à Cuba sur son état, gouvernement et médias officiels respectant à la lettre le « secret d’État » entourant la nature de sa maladie et le lieu de son hospitalisation. Mais après une absence de trois mois loin des caméras, le leader cubain a surpris le monde avec une vidéo où on le voit en meilleure forme, deviser et plaisanter avec son homologue et allié vénézuélien Hugo Chavez qui lui a rendu visite la semaine dernière. Malgré l’espoir d’une ouverture démocratique exprimée par Washington, les Cubains ont vécu les derniers mois comme si de rien n’était. C’est pourtant la première fois depuis 48 ans qu’ils sont gouvernés « provisoirement » par Raul Castro, 75 ans, ministre de la Défense et successeur constitutionnel de Fidel Castro. « Le pouvoir a été transféré avec succès à un nouveau groupe dont la priorité est de préserver le système en n’autorisant que quelques réformes graduelles », affirme ainsi la spécialiste de Cuba Julia Sweig, dans l’édition de janvier-février de la revue américaine Foreign Affairs. Comme s’ils cherchaient à habituer les Cubains, les « Sept » alternent dans les apparitions en public : Esteban Lazo fut l’envoyé de Cuba à l’Assemblée générale de l’ONU en septembre, Raul Castro présidait la session d’hiver de l’Assemblée du peuple (Parlement) fin décembre, le vice-président Carlos Lage visite régulièrement installations pétrolières et autres centres énergétiques. Raul, chef de l’armée depuis toujours dans l’ombre de son aîné, a adopté un style différent de ce dernier, avec des discours synthétiques et une jovialité qui ont surpris les Cubains qui le connaissaient peu.