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CINÉMA - La Berlinale reste fidèle à sa tradition de festival très politisé « Lettres d’Iwo Jima », un beau plaidoyer pacifiste signé Clint Eastwood

La 57e Berlinale (8-18 février) est restée fidèle hier à sa tradition de festival très politisé en dévoilant « Lettres d’Iwo Jima », où Clint Eastwood dénonce l’absurdité de la guerre, et « Good Bye Bafana », de Bille August, sur l’apartheid en Afrique du Sud. La Seconde Guerre mondiale est au cœur de deux films américains, The Good German de David Soderbergh et The Good Shepherd de Robert De Niro, déjà projetés dans le cadre de la compétition à la Berlinale qui a démarré jeudi. Dévoilé au public dans la soirée, Lettres d’Iwo Jima, en lice pour l’Ours d’or du meilleur film à Berlin et parmi les favoris aux Oscar, est le récit d’une bataille de la Seconde Guerre mondiale. Ce film de 2 heures et 21 minutes, nourri par une réflexion pacifiste, constitue le deuxième volet d’un diptyque entamé avec Mémoires de nos pères (Flags of Our Fathers). Tous deux racontent la même sanglante bataille, qui a fait près de 7 000 morts américains et 18 000 côté japonais sur l’île d’Iwo Jima, aux confins de l’archipel nippon. Si le premier film restitue le vécu des soldats américains et le retentissement de l’évènement dans l’inconscient collectif aux États-Unis, le second est un récit détaillé des quarante jours de combats, bâti sur des lettres écrites par des soldats japonais. Pour ce qui est de l’image, une photographie grise, aux reflets métalliques et à la lumière crépusculaire, un cadrage serré sur les corps des combattants, qui restitue leur champ de vision partiel, unifient les deux films. Eastwood met l’humain au premier plan, en alternant chronique intime et scènes de combat traitées avec sobriété, dénuées de tout caractère héroïque. « Défendre cette île est inutile. Toute cette guerre est inutile », clame, dès les premières minutes, l’un des jeunes soldats promis à la mort. Les premiers combats n’arrivent qu’au bout de 45 minutes. Pendant le premier tiers du film, Eastwood centre son récit sur trois personnages : Saiko (Kazunari Ninomiya), piètre soldat et jeune boulanger arraché aux bras d’une épouse enceinte, le général Kuribayashi (Ken Watanabe), cultivé et américanophile, et un officier, ancien médaillé aux JO de 1932 à Los Angeles. Le cinéaste montre leur harassante vie quotidienne et l’intimité de leurs pensées grâce au dialogue maintenu, via le courrier, avec leurs proches. Alors que Mémoires de nos pères dépeignait Iwo Jima comme le cauchemar des soldats américains, décimés en débarquant à découvert sur les plages, Lettres d’Iwo Jima montre l’infernale souricière où ont péri les soldats japonais. Autre film projeté hier à la Berlinale, Good Bye Bafana du Danois Bille August, avec Joseph Fiennes et Diane Kruger, raconte la naissance d’une amitié entre le plus célèbre prisonnier d’Afrique du Sud au temps de l’apartheid, Nelson Mandela, et son geôlier. Défenseur de la ségrégation raciale, embauché pour espionner son prisonnier car il parle xhosa comme lui, cet Afrikaaner ordinaire se laisse gagner par l’admiration pour celui qui défend ardemment l’égalité entre Noirs et Blancs. Troisième film en compétition, In Memoria di Me, de l’Italien Saverio Costanzo, relate également la privation de liberté, mais choisie celle-là, d’un jeune novice à la recherche d’un sens à donner à sa vie dans une communauté jésuite où le silence est d’or. Le héros de ce film long et à l’atmosphère lourde, Andrea (Christo Jivkov), emprunte dans ce cloître un parcours semé d’embûches pour accéder à une « libération intérieure » et découvrir s’il est capable d’incarner l’amour que Dieu porte aux hommes. Pour Costanza, « ce n’est pas un film religieux, mais sur la lutte de chacun pour prendre une décision. Mes personnages se posent les mêmes questions que moi sur les choix à faire ». Samedi, Robert De Niro, acteur fétiche de Martin Scorsese, avait fait sensation avec son deuxième film en tant que réalisateur, The Good Shepherd, avec Matt Damon et Angelina Jolie, qui raconte la naissance de la CIA. Le film concourt pour l’Ours d’or du meilleur film. Autre film présenté en compétition, le très épuré Mariage de Tuya du Chinois Wang Quan’an a également ravi le public berlinois. C’est un émouvant portrait, tout en finesse, d’une bergère mongole à la recherche d’un nouveau mari pour subvenir aux besoins de sa famille, et en particulier d’un premier époux invalide, sur qui elle veut continuer à veiller. Sans verser dans le sentimentalisme, le film de Wang Quan’an, par la pureté des paysages et la beauté plastique des scènes, est un conte philosophique sur le pouvoir d’une femme sur son destin et sur l’amour qu’elle peut donner à deux hommes en même temps. Présenté en fin d’après-midi, le troisième film en compétition, Les faussaires, de l’Autrichien Stefan Ruzowitzky, retrace la « plus grande falsification d’argent de l’histoire ». Le film retrace la fabrication, par les prisonniers des camps de concentration nazis, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, de millions de fausses livres britanniques.
La 57e Berlinale (8-18 février) est restée fidèle hier à sa tradition de festival très politisé en dévoilant « Lettres d’Iwo Jima », où Clint Eastwood dénonce l’absurdité de la guerre, et « Good Bye Bafana », de Bille August, sur l’apartheid en Afrique du Sud.
La Seconde Guerre mondiale est au cœur de deux films américains, The Good German de David Soderbergh et...