Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Les lecteurs ont voix au chapitre

Le tribunal international, un gâchis pour le Liban Oui, il fallait une enquête internationale pour résoudre la question de savoir qui a tué Rafic Hariri, en raison du manque latent des services de sécurité libanais. À l’époque, la notion de tribunal international était nécessaire pour faire peur à ses assassins. Mais aujourd’hui, les choses ont changé. N’aurait-il pas mieux valu que le tribunal en charge de cette affaire soit libanais pour prouver et proclamer que l’indépendance du Liban est réelle ? Comment nous, simples citoyens, pouvons aujourd’hui avoir confiance en un système judiciaire que ceux qui sont au pouvoir rejettent ? Si le pouvoir judiciaire n’est pas actuellement indépendant et qu’il soit fidèle à ses anciennes allégeances extérieures, cela ne prouverait-il pas que le Liban n’est toujours pas indépendant ? Cela ne prouverait-il pas également l’incompétence des hommes actuellement au pouvoir et qui n’auraient pas dans ce cas réussi à libaniser le système judiciaire ? Il reste l’idée d’un tribunal international pour protéger et donner l’exemple. Protéger les témoins, n’est-ce pas le rôle de l’État libanais ? N’aurait-on pas pu mettre en place, en deux ans, un système purement libanais, avec de jeunes magistrats, ceux qui manifestaient pour l’indépendance et qui croyaient à la justice justement, ceux qui ont réussi sans que le sang ne coule un 14 mars à obtenir le retrait syrien alors que nos pères, eux, se sont massacrés durant la guerre civile ? Dernière question, pourquoi un tribunal international pour ce seul cas quand on pense aux 150 000 morts de la guerre civile, guerre durant laquelle certaines milices d’hommes actuellement au pouvoir ont procédé à des nettoyages ethniques qui tombent sous le coup de certains articles de la charte des Nations unies ? Alexandre BAZ Quelle dignité ? J’aime la vie dans la dignité. Oui, mais la vraie dignité. J’aime la vie dans le respect. Hier matin, je me rends au travail. J’ai de la chance de travailler au centre-ville – bien que je commence à me demander si c’est une chance ou un fardeau. Il est 7h45, je suis dans le parking de Gemmayzé puisque je ne peux plus me garer au centre-ville. Je dois marcher au moins un quart d’heure pour arriver à mon bureau. Il pleut à torrents, la grêle a eu raison de mon parapluie et bientôt on va détruire mon moral. J’arrive trempée. Ma journée a mal commencé. Je ne suis pas arrivée au travail dans la dignité. Je vois mes collègues – femmes plus précisément. Cela fait plus de deux mois qu’elles n’arrivent pas au travail dans la dignité. Première humiliation : ma collègue marche vers le bureau, on la suit et on lui lance injures et mots vulgaires. On lui demande où elle va – elle n’est apparemment pas libre d’aller où elle veut. Deuxième humiliation : une autre collègue qui, elle aussi, est arrivée à pied. En chemin, elle a reçu un ballon au visage. Elle ne savait pas que les manifestants exprimaient leur rage en jouant au football. Elle ne savait pas qu’ils allaient exprimer leur rage sur elle. Troisième humiliation : troisième victime. Elle marche, des yeux l’observent, l’épient, elle entend des mots qui la font fuir, elle glisse et tombe à terre. Elle ne sait que faire, à part pleurer. Elle se sent aliénée. Quatrième humiliation : je marche, on me demande – non, on m’oblige à ouvrir mon sac. Je n’ose pas refuser. Ils n’ont pas le droit de m’humilier ainsi, mais j’ai peur. Cinquième humiliation : on suit ma collègue. Elle a de la chance, elle n’a pas subi ce que nous avons subi. N’est-ce pas ironique qu’ils aient choisi le slogan « J’aime la vie dans la dignité » pour leur campagne ? Quant à nous, nous aimerions tellement arriver au travail dans la dignité, sans être en pleurs, en eau et aliénées moralement. Nous aimerions tellement vivre dans la dignité et commencer notre journée en multicolore, et pourquoi pas vivre une vie en multicolore. Sandrine Der NIGOGOSSIAN Le sort des chrétiens du Liban Les chrétiens du Liban ont toujours été divisés et, à mon avis, vont toujours l’être. Il y a, d’une part, ceux qui croient que leur survie dépend de leur alliance avec les minorités de la région, c’est-à-dire les chiites et alaouites, et d’autre part, ceux qui croient pouvoir vivre librement et ouvertement avec leurs frères musulmans misant sur l’Ouest et sur la France en particulier. Le conflit débuta en 1930, à l’époque d’Antoun Saadé qui croyait en la Grande Syrie (le Liban uni à la Syrie). Le phénomène se reproduisit plusieurs fois, de façon directe ou indirecte, comme en 1985 avec Élie Hobeika. Ce dernier pensant que la meilleure chance pour la survie des chrétiens face à la majorité sunnite de la région serait de s’aligner sur le président Hafez el-Assad à travers le pacte établi en 1985. J’en arrive donc à me demander aujourd’hui si le général Michel Aoun, qui a combattu les Syriens pendant 15 ans et qui a gagné la confiance des chrétiens, ne serait pas en train de répéter l’histoire en s’alignant aujourd’hui sur le bloc du 8 Mars (allié de la Syrie jusqu’à présent). Opposant acharné à l’accord de Taëf, en ce qu’il réduit le rôle du président de la République maronite, penserait-il que son alliance avec le 8 Mars (prosyrien) lui apporterait ce pouvoir ? Issam E. Farah Réponse à Hala Maroun Je vous prie de bien vouloir comprendre notre attitude (voir L’Orient-Le Jour du mardi 6 février 2007). Nombre d’entre nous avons été traumatisés par les deux guerres que nous avions subies à l’époque où le général était au pouvoir et notre réaction est tout simplement une façon d’exorciser nos vieux démons. Cette réaction est aggravée par notre impression qu’une troisième guerre se prépare actuellement en coulisses, avec toujours le général comme principal acteur. Nous sommes désolés de vous offenser si vous vous sentez directement concernée par nos réponses, mais nous vous prions de comprendre également que notre rôle est de souligner les menaces qui pèsent sur le Liban au vu de ce que ce pauvre petit pays a déjà vécu précédemment. Joseph KARAM *** Madame, Je me sens directement visé par votre courrier publié hier car il vient après ma réponse à M. Fady Dahdah. Je suis désolé de devoir reprendre ma plume pour vous répondre et... confirmer par ce fait même ce que vous dénonciez dans votre article. Mais, croyez-moi, mon comportement n’a rien d’hystérique. Tout ce que je fais c’est répondre, avec arguments et preuves à l’appui, aux contre-vérités que certains lecteurs énoncent. Je me contente de souligner les contradictions dans les positions de Michel Aoun, en espérant pouvoir ainsi éclairer certaines personnes malheureusement aveuglées par je ne sais quoi qu’elles trouvent en lui. Je vous assure que je ne me mêle jamais de politique et je ne suis affilié à aucun parti, mais je pense sincèrement que ceux qui ne militent pas contre l’accession au pouvoir de certains sont aussi fautifs que ceux qui les soutiennent. Antoine SFEIR NDLR Notre ancien collaborateur Antoine Sfeir, établi depuis les années soixante-dix à Paris où il dirige « Les Cahiers de l’Orient », nous prie de préciser qu’il n’est pas M. Antoine Sfeir, signataire d’un courrier paru dans la rubrique « Les lecteurs ont voix au chapitre » jeudi 1er février et de la lettre ci-dessus. Simple homonymie, donc...

Le tribunal international, un gâchis pour le Liban

Oui, il fallait une enquête internationale pour résoudre la question de savoir qui a tué Rafic Hariri, en raison du manque latent des services de sécurité libanais. À l’époque, la notion de tribunal international était nécessaire pour faire peur à ses assassins. Mais aujourd’hui, les choses ont changé....