CONCERT - Du hip-hop et du rap ce soir, 20h30, salle Montaigne (CCF) «Cha3er bil Chare3», ou les poètes dans la rue

Réunis ce soir à 20h30 pour la première fois sur scène, à la salle Montaigne du CCF, rappeurs, hip-hopeurs et disc-jockeys présentent un spectacle bigarré et haut en couleur. Cha3er bil Chare3, une culture de rue qui gagne à être connue et reconnue. La rue, lieu de rencontres, de délits et de revendications, demeure malgré tout la rue avec son charme, sa poésie, son brin de folie. Au Moyen Âge, troubadours et trouvères sillonnaient les rues en chantant et plus tard Gavroche, né dans la rue, représentait à la fois la fronde et la poésie de Paris. Piaf, grande chanteuse française devenue internationale, avait fait également ses premiers pas dans la rue. Aujourd’hui, les poètes de la rue ont pour noms, ou plutôt numéros de matricule, Kita3 Beirut, MC RGB, MC Joker, MC 6K ou MC Mo. Eux aussi chantent et dansent la rue avec ses contradictions et ses contestations. Eux aussi proclament à leur manière la diversité et l’union de toutes les cultures. Eux aussi ont leur message à porter, mais dans la gaieté et la solidarité. Après trois semaines de résidence de création au théâtre Montaigne (la salle ayant été gracieusement offerte par le CCF), les artistes venus de toutes parts ont monté le spectacle de Cha3er bil Chare3 à bout de bras. Un projet qui prend forme «Ce concert, offert gratuitement, est un rêve abouti, dit 6K (metteur en scène du spectacle). Depuis longtemps, on en rêvait avec Zeid Hamdane qui a été notre producteur et le principal initiateur du projet. On ne savait pas seulement comment le réaliser. S’il est vrai que les rappeurs se réunissent souvent en concerts, c’est la première fois que plusieurs groupes de danse, de chant se retrouvent sur la même scène.» «Et pourtant, poursuit 6K, la culture du hip-hop n’est pas nouvelle au Liban. Elle a commencé il y a quelques années, mais elle a tardé à prendre son essor et à occuper la place qu’elle mérite dans le paysage culturel libanais.» À l’origine de ce mouvement, un groupe qui portait le nom de Kita3 Beirut (secteur de Beyrouth), véritable clin d’œil aux rues unies de la capitale, et qui s’est frayé un chemin dans la musique rap. Plus tard, des petits groupuscules se sont constitués essayant de se maintenir sans l’aide de personne. Et au bout du compte, ce spectacle qui représentera, comme le précise 6K, «un bond en avant pour tous les rappeurs de la ville et une certaine reconnaissance qui traversera, selon lui, les frontières exiguës du Liban». Cette rencontre est telle une fiche d’identité pour ces jeunes gens qui refusent d’être assimilés à un parti, une religion ou une classe sociale, mais qui revendiquent seulement la contestation de l’establishment. «Une revendication qui est née dans les années 1970 dans tous les pays européens et américains et qui n’englobe pas, comme on a tendance à le croire, des truands et des malfrats», souligne 6K. Dans un décor de graffitis sur les murs (car c’est aussi une manière de s’exprimer), Blaze Crew (danseurs), Lethal Skillz (DJ) et rappeurs de plusieurs nationalités enflammeront la salle Montaigne. Un spectacle d’un soir qui risque fort bien de déménager vers d’autres régions emportant sur son dos cette poésie de la rue. Colette KHALAF Petit lexique de rappeur La musique hip-hop est basée sur deux aspects: la production, également appelée «beatmaking», et le chant rap, aussi appelé «emceeing» (de emcee ou MC). Le beatmaking peut souvent être confondu avec le DJing pour la simple raison que les deux font partie de la musique de fond, ou beat utilisé par le MC pour rapper. Les quatre principaux éléments de la culture hip-hop sont le rap, le graffiti, le deejaying et le breakdance. MC est l’appellation qui désigne celui qui anime les soirées, mais également les rappeurs. Les initiales correspondent en anglais à Master of Ceremony et aussi à Microphone Checkers. Le beatmaking se fait normalement par informatique à l’aide de programmes spécialisés. Il se confond parfois avec le DJing. Le DJing consiste à passer des disques simultanément, en les mélangeant et les modifiant. Le DJ utilise pour cela des techniques variées comme le scratch, le cutting ou le crab.