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Actualités - CHRONOLOGIE

CHIRURGIE RECONSTRUCTRICE - Trois patients ont bénéficié à ce jour de cette technique Les greffes de visage amenées à se développer dans le monde

Les greffes partielles de visage, dont la troisième jamais réalisée dans le monde vient d’être effectuée par une équipe française, sont amenées à se développer. Les chirurgiens s’opposent toutefois encore sur la possibilité de redonner une expression à un visage qui serait complètement transplanté. « La greffe est une nouvelle arme thérapeutique et il est vraisemblable que dans les années à venir elle soit amenée à se développer », estime le Pr Bernard Devauchelle, auteur en novembre 2005, à Amiens, de la première transplantation du triangle nez-lèvres-menton sur Isabelle Dinoire. Depuis cette première, deux autres patients ont bénéficié de cette technique. Un paysan chinois de 30 ans, à demi défiguré par un ours, a été opéré en avril 2006 d’une greffe partielle du visage, à l’hôpital Xijing de Xian, en Chine. De même, un homme de 27 ans, victime d’une maladie incurable qui déforme le visage, a été opéré il y a près de dix jours par l’équipe du Pr Laurent Lantiéri, à Créteil. Quelque « 30 à 40 équipes dans le monde » peuvent effectuer ce type d’opérations, dont trois en Chine, a estimé le Pr Devauchelle en marge d’un colloque sur la notion de visage, tenu récemment à Amiens. Son équipe, tout comme celle du Pr Lantiéri, a reçu l’autorisation de pratiquer cinq greffes similaires d’ici à 2010. Elles devraient bénéficier à des personnes défigurées par des accidents, des brûlures ou certaines maladies. « La lourdeur d’organisation d’une telle transplantation est telle qu’on ne peut pas penser en faire beaucoup chaque année », indique le Pr Devauchelle. Au Royaume-Uni, l’équipe du Pr Peter Butler, à Londres, qui a obtenu en octobre dernier l’autorisation de réaliser une greffe complète de visage, œuvre actuellement à sélectionner un patient. Aux États-Unis, l’équipe du Pr Maria Siemionov, à Cleveland (Ohio), a reçu le feu vert deux ans plus tôt pour une greffe totale, mais n’a pas encore choisi de patient. Les avis divergent toutefois sur la possibilité de greffer complètement un visage. Si une greffe totale pose « quelques problèmes spécifiques », reconnaît le Pr Butler, notamment au niveau des paupières et des lèvres, ceux-ci ne sont pas insurmontables. Pour le Pr Devauchelle en revanche, « nous ne sommes pas à l’heure actuelle en mesure de restaurer une dynamique efficace de la paupière ». « Il s’agit de restaurer une émotion, une expressivité. Et on sait que la mobilité de la paupière est un problème extrêmement complexe qu’on n’arrivera pas à résoudre par la transplantation », estime-t-il. Une greffe partielle du visage « n’est plus une prouesse technique, la première a prouvé que c’était faisable, assure pour sa part le Dr Farid Taha, membre de l’équipe amiénoise. Mais la population susceptible d’en bénéficier n’augmentera vraiment que le jour où l’on pourra réduire de manière drastique les effets secondaires du traitement immunosuppresseur. » Ce traitement antirejet, à suivre à vie par le greffé, fait courir des risques accrus de cancers et provoque un déficit immunitaire, confinant les greffes aux patients les plus à même de les supporter. Pour le Pr Jean-Michel Dubernard, qui a coréalisé l’opération d’Isabelle Dinoire, « on défriche le terrain », concernant « le risque de rejet ». Le chirurgien est aussi l’auteur de la première greffe de main en 1998 à Lyon. Depuis, une trentaine de greffes de main a été réalisée dans le monde, avec « très peu de cas de rejet ».
Les greffes partielles de visage, dont la troisième jamais réalisée dans le monde vient d’être effectuée par une équipe française, sont amenées à se développer. Les chirurgiens s’opposent toutefois encore sur la possibilité de redonner une expression à un visage qui serait complètement transplanté.
« La greffe est une nouvelle arme thérapeutique et il est...