Les États-Unis « veulent faire tomber le gouvernement », accuse Haniyeh Abbas rencontre Mechaal à Damas dans une tentative de surmonter la crise politique palestinienne

Le président palestinien Mahmoud Abbas et le chef du Hamas Khaled Mechaal se sont rencontrés hier soir à Damas pour des entretiens qui devaient porter sur la formation d’un gouvernement d’union nationale. Moussa Abou Marzouk, membre du bureau politique du Hamas, et Saëb Erakat, négociateur palestinien en chef qui fait partie de la délégation de M. Abbas à Damas, ont également participé à la réunion. La rencontre entre les deux dirigeants palestiniens, prévue à l’origine samedi soir, avait été reportée en raison de désaccords sur la composition d’un futur gouvernement palestinien et sur ses réponses aux exigences des pays occidentaux. Izzat al-Richk, responsable du Hamas, a déclaré à Reuters que le mouvement islamiste ne s’attendait pas à ce que les entretiens d’hier soir produisent un accord sur un gouvernement d’union nationale. Des personnalités syriennes et palestiniennes avaient entrepris samedi et dimanche à Damas des efforts de médiation pour permettre cette rencontre entre le président de l’Autorité palestinienne et le chef du bureau politique du Hamas, qui vit en exil dans la capitale syrienne. MM. Abbas et Mechaal ne s’étaient pas rencontrés depuis l’entrée en fonctions en mars du gouvernement Hamas après la victoire électorale du parti islamiste aux dépens du Fateh, en janvier. « La formation d’un gouvernement d’union nationale, des questions visant à consolider l’unité (palestinienne) et des sujets politiques comme l’établissement d’un État temporaire palestinien seront au menu », ainsi que les questions concernant les portefeuilles de l’Intérieur, des Affaires étrangères et des Finances, avait indiqué à l’AFP M. Abou Marzouk samedi soir. Le Hamas et le Fateh sont à couteaux tirés depuis l’annonce par M. Abbas le 16 décembre de sa décision de convoquer des élections anticipées, après l’échec de six mois de discussions sur la formation d’un gouvernement d’union nationale. Les violences partisanes ont fait depuis la mi-décembre plus de trente morts, mais ont pratiquement cessé ces derniers jours. Au lendemain de la victoire du Hamas aux élections législatives de janvier 2006, Khaled Mechaal avait affirmé que son mouvement allait « réussir dans la politique et les réformes, comme il a réussi dans la résistance » contre l’occupation israélienne. Malgré ses divergences politiques avec le Fateh, Khaled Mechaal n’entretient pas moins de bons rapports avec M. Abbas, qui l’a même qualifié d’« homme sage » en mai dernier. Entretiens Abbas-Assad Pragmatique et modéré, Mahmoud Abbas, tout en critiquant les radicaux, et le Hamas notamment, a refusé d’envisager une épreuve de force avec les groupes armés et a prôné le dialogue pour éviter une guerre civile. Le président Abbas est arrivé samedi à Damas à l’invitation du président syrien Bachar el-Assad. Les deux hommes ont eu un entretien « approfondi, sérieux et franc », selon M. Erakat. M. Assad est « déterminé à nous aider à former un cabinet d’union, et à empêcher tout conflit interpalestinien (...) pour que nous puissions affronter le principal défi qu’est l’occupation israélienne » de nos terres palestiniennes, a ajouté M. Erakat. « La paix dans la région intéresse énormément nos frères en Syrie et dans le monde arabe. Nous œuvrons pour lancer un processus de paix qui conduira au retrait d’Israël des territoires syriens occupés en 1967 et à une paix globale », a-t-il poursuivi. Parallèlement, dans la bande de Gaza, le Premier ministre Haniyeh a déclaré hier que les États-Unis étaient résolus à faire tomber son gouvernement, malgré l’offre du Hamas d’une trêve à long terme avec Israël. « Nous acceptons un État palestinien sur les territoires occupés (par Israël) en 1967, mais en échange d’une trêve à long terme et non pas d’une reconnaissance », a déclaré M. Haniyeh.