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SOCIÉTÉ - Les laissés-pour-compte de la société en quête d’un nouveau départ dans la vie Un hôtel à part à Copenhague avec des toxicomanes pour personnel

« Hotellet »...Malgré son nom banal, cet hôtel au centre de Copenhague n’est pas comme les autres : il est dirigé par une ex-prostituée, séropositive et droguée, et son personnel composé de toxicomanes et d’alcooliques en traitement à la recherche d’un nouveau départ dans la vie. Situé dans le quartier populaire de Vesterbro, devenu très branché, Hotellet, un établissement de 10 chambres au charme discret, avec son enseigne volant au vent, est l’un des hôtels les plus fréquentés de la capitale danoise, le plus insolite aussi. À l’intérieur, ambiance douillette, peintures au mur et Jannie Petersen, 52 ans aux commandes depuis 6 ans dans cette maison à part, qui accueille une vingtaine de toxicomanes et chômeurs longue durée, « usés physiquement et mentalement ». Jannie, coiffeuse de métier, a connu pendant 25 ans le monde de la drogue dure, des SDF et de la prostitution avant de proposer, il y a 6 ans, à la commune de Copenhague de transformer ce centre de désintoxication de toxicomanes, où elle était soignée, en hôtel. « Car on manquait d’hôtels à Copenhague, et ce lieu pouvait très bien servir de tremplin pour les laissés-pour-compte », pensait-elle. Les services sociaux de la commune ont accepté d’emblée ce projet d’activation à l’emploi, qui s’est avéré depuis « un grand succès », dit-elle. « Mon but est faire sentir à mes employés qu’ils sont utiles, importants et non des déchets de la société », assure-t-elle, se disant « très reconnaissante qu’on lui ait donné le droit d’être un petit maillon permettant aux perdants de croire que la vie vaut la peine d’être vécue ». Elle est fière de son personnel, mixte, âgé entre 35 ans et 45 ans, qui « n’est pas formé à l’école hôtelière mais à la dure école de la vie ». « Mes employés, dit-elle, sont passés maîtres pour voler des voitures ou ouvrir des coffres pour se procurer de l’argent de la drogue, et sont donc très habiles de leurs mains pour faire les réparations nécessaires à l’hôtel. » « Les filles, quant à elles, d’anciennes prostituées, sont habituées à sourire aux clients et à offrir un bon service », dit-elle le plus sérieusement du monde. Joachim, 19 ans, le seul « ado » du personnel, style punk avec ses piercings, qui a touché à l’héroïne et la cocaïne, est « heureux d’avoir trouvé une place à l’hôtel, car je peux me lever chaque matin avec un but : aller au travail, sinon j’aurais continué à me droguer ». Batteur dans un orchestre, il espère, après Hotellet, reprendre, guéri, les bancs d’une école de musique. « Hotellet a un taux de remplissage de 80 % et les clients affluent de divers pays », assure sa directrice. Des clients, ajoute-t-elle, un « peu surpris, sceptiques même » au début, mais qui « reviennent », car ils trouvent le personnel « gentil et attentionné. C’est aussi l’autre objectif de ce projet : contribuer un tant soit peu à changer les mentalités des citoyens ordinaires face aux drogués que l’on considère comme des pestiférés ».

« Hotellet »...Malgré son nom banal, cet hôtel au centre de Copenhague n’est pas comme les autres : il est dirigé par une ex-prostituée, séropositive et droguée, et son personnel composé de toxicomanes et d’alcooliques en traitement à la recherche d’un nouveau départ dans la vie.

Situé dans le quartier populaire de Vesterbro, devenu très branché, Hotellet, un...