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Actualités - CHRONOLOGIE

CIMAISES Bruce Davidson, un œil au cœur des «sixties», à la Fondation HCB

Le photographe américain Bruce Davidson, 73 ans, est à l’honneur à la Fondation Henri Cartier-Bresson (HCB) à Paris, qui présente, jusqu’au 22 avril, deux «essais» emblématiques de celui qui fut un témoin du mouvement des droits civiques et sut franchir avec tact «la douloureuse barrière de la pauvreté». Né en 1933 à Chicago, membre de l’agence de photos Magnum, Bruce Davidson s’inscrit dans la lignée de la photographie sociale. Diplômé de l’Université de Yale en 1955, sa thèse universitaire sur les coulisses d’une équipe de football américain est publiée dans le magazine Life. Deux ans plus tard, basé à Paris pour son service militaire, il réalise son premier sujet, Widow of Montmartre, qu’il présente à Cartier-Bresson. En 1958, il rejoint Magnum et réalise, notamment, le portrait d’un clown solitaire dans un cirque ambulant (The Dwarf, 1958) et un sujet sur un gang d’adolescents de Brooklyn (1959). En 1960, il prend sur le tournage des Misfits de John Huston une série de photographies qui contribuera largement à sa renommée. Dans les années 60, il illustre la lutte pour l’émancipation des Noirs américains, puis brosse le portrait sensible du Harlem espagnol, à l’époque l’un des quartiers les plus déshérités et malfamés de New York. Ce sont ces deux essais photographiques, respectivement intitulés Time of Change et 100e rue, qui sont présentés à la Fondation HCB, à travers une centaine de photographies en noir et blanc sélectionnées – et tirées – par l’auteur lui-même. Envoyé en 1961 par le New York Times pour couvrir la Freedom March, un voyage en autobus des étudiants antiségrégation de l’Alabama au Mississippi, Davidson s’intègre au mouvement qu’il photographie de l’intérieur, participant aux marches, témoignant des arrestations et confrontations avec les forces de l’ordre. Mais ses clichés ne montrent presque jamais directement la violence, le photographe préférant saisir la tension palpable d’un «avant» ou d’un «après». «La violence était souvent montrée, mais beaucoup plus rarement l’environnement de ces familles et leur grande dignité», explique le photographe lors d’une visite de l’exposition avec un petit groupe de journalistes. Une profonde empathie qui permet aussi au photographe de pénétrer l’intimité de travailleurs saisonniers. C’est la même démarche qui l’anime dans les rues de Spanish Harlem, où ceux qui l’ont surnommé «Picture Man» l’accueillent comme un membre de leur communauté: dans la rue, sur les toits, dans les terrains vagues envahis par les détritus et les intérieurs étroits, il tire, souvent «à la demande», le portrait sans artifice d’enfants, de couples et de familles déshérités. «Je regardais les gens dans les yeux. Ils étaient calmes, tranquilles, retirés en eux-mêmes», écrit le photographe, qui, dans un juste retour des choses, avait invité tous les habitants de la 100e rue à «venir se voir» lorsque les clichés avaient été exposés au MoMA de New York en 1970. Davidson, qui vit toujours à New York, présentera ses œuvres récentes sur les jardins de Paris à partir de juin à la Maison européenne de la photographie.

Le photographe américain Bruce Davidson, 73 ans, est à l’honneur à la Fondation Henri Cartier-Bresson (HCB) à Paris, qui présente, jusqu’au 22 avril, deux «essais» emblématiques de celui qui fut un témoin du mouvement des droits civiques et sut franchir avec tact «la douloureuse barrière de la pauvreté».
Né en 1933 à Chicago, membre de l’agence de photos Magnum, Bruce...