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Maroc - Trois ans de prison avec sursis pour le directeur du magazine et l’auteur de l’article La condamnation de journalistes ravive le débat sur l’incarcération

La condamnation pour « diffamation envers l’islam et la monarchie » infligée à deux journalistes marocains, auteurs d’un recueil de blagues en vogue dans le royaume, a relancé le débat sur les peines de prison applicables dans la presse. Le tribunal de première instance de Casablanca a condamné hier à trois ans de prison avec sursis et une amende collective de 80 000 dirhams (7 220 euros) Driss Ksikès, directeur de l’hebdomadaire arabophone Nichane, et Sanaa al-Aji, auteur de l’article. La cour a également interdit durant deux mois la publication du magazine, qui avait présenté le 9 décembre un dossier intitulé « Comment les Marocains rient de la religion, du sexe et de la politique ». Les plaisanteries mettaient en scène Mahomet, le roi Hassan II, les islamistes ou des Marocains à la recherche d’une sexualité performante. « Je suis satisfait que le juge n’ait pas retenu les éléments irrationnels du réquisitoire, notamment l’interdiction d’exercer », a déclaré à l’AFP M. Ksikès. Il a annoncé qu’il allait interjeter appel. « Je considère que le jugement relance le débat sur les peines privatives de liberté à l’encontre des journalistes et je déplore l’interdiction temporaire de publier Nichane car cela représente une lourde sanction économique », a ajouté M. Ksikès. Appartenant au même groupe que l’hebdomadaire irrévérencieux francophone TelQuel, le magazine, qui revendique une vente hebdomadaire de 14 000 exemplaires, a connu un rapide succès auprès des jeunes en raison de sa liberté de ton et parce qu’il s’efforce d’écrire en arabe dialectal. L’avocat de Nichane a également estimé que la loi sur la presse devait être amendée. Il a appelé implicitement les journalistes à faire pression sur « les pouvoirs publics pour qu’ils suppriment le plus rapidement les dispositions privatives de liberté ». Le ministre marocain de la Communication Nabil Benabdallah s’est déclaré « satisfait que les deux journalistes n’aient pas été condamnés à des peines de prison ferme ». « Si tout va bien, le projet de loi gouvernemental sur la presse, qui supprimera dans 20 des 24 articles les peines de prison actuellement en vigueur, sera présenté lors de la session de printemps du Parlement », a-t-il indiqué à l’AFP. Il a toutefois souligné qu’en « accord avec le syndicat national de la presse marocaine (journalistes) et la Fédération des éditeurs de journaux (patronat), la prison sera maintenue dans quatre articles concernant les valeurs immuables du royaume et l’ordre public », faisant référence à la religion, de l’intégrité territoriale et de la monarchie. Plusieurs organisations internationales de défense de la liberté de la presse, ainsi que des écrivains marocains avaient protesté contre les poursuites judiciaires à l’encontre des deux journalistes.
La condamnation pour « diffamation envers l’islam et la monarchie » infligée à deux journalistes marocains, auteurs d’un recueil de blagues en vogue dans le royaume, a relancé le débat sur les peines de prison applicables dans la presse.
Le tribunal de première instance de Casablanca a condamné hier à trois ans de prison avec sursis et une amende collective de 80 000...