Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Ouverture du Théâtre Chaptal, nouvelle salle pour «sourds et entendants»

Le nouveau Théâtre de la cité Chaptal à Paris accueillera aujourd’hui, mardi, ses premiers spectateurs sous la direction de la comédienne Emmanuelle Laborit, qui compte avec son association IVT (International Visual Theater) y travailler dans un esprit de «mixité entre sourds et entendants». Le lieu sera inauguré demain soir par le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, et le maire de Paris, Bertrand Delanoë, à la cité Chaptal (IXe arrondissement), déjà riche d’une longue histoire théâtrale. Cette ancienne chapelle, devenue salle de spectacles en 1895 sous le nom de Théâtre-Salon, a connu ses heures de gloire de 1897 à 1962 comme Théâtre du Grand-Guignol, jouant sur le rire et l’épouvante. Devenu Théâtre 347 avant d’accueillir les élèves de l’École de la rue Blanche (Ensatt) et un squat d’artistes, le bâtiment a été racheté par le ministère de l’Éducation nationale, puis par la mairie en 2004. La municipalité a décidé d’y installer IVT, sans lieu fixe depuis son départ du château de Vincennes. Après une réhabilitation qui aura coûté près de trois millions d’euros financés à 85% par l’État, la ville et la région, l’association, née il y a 30 ans, dispose ici de locaux pour ses activités de formation théâtrale, de recherche sur la LSF et son enseignement (800 adultes, sourds et entendants, par an) et d’une salle de 185 places pour sa programmation de spectacle vivant. «Nous voulons en faire un centre ouvert à tous les publics en travaillant dans la mixité entre sourds et entendants», explique la directrice d’IVT, Emmanuelle Laborit, qui a accédé à la notoriété en obtenant le Molière de la révélation théâtrale en 1993 pour son rôle dans Les enfants du silence. La LSF (langue des signes française) fera l’objet d’une attention particulière. «Il faut la mettre en avant, qu’elle ne soit pas dans la clandestinité. Ce n’est pas un code, mais une langue», souligne la comédienne sourde de 35 ans. «Le théâtre est un espace qui correspond tout à fait à cette langue, et cette langue correspond à cet espace, visuellement, corporellement», ajoute-t-elle. «Nous ne travaillons pas dans le handicap, mais dans la culture», prévient Emmanuelle Laborit, qui veut faire d’IVT le «lieu permanent de création et de recherche théâtrale» et – à terme – chorégraphique et cinématographique des sourds, «un laboratoire» ouvert «sur tous les genres possibles». Avec huit spectacles à l’affiche dont trois créations, la première saison d’IVT dans ses nouveaux murs met de fait l’accent sur la variété des propositions. En ouverture (16 janvier-3 février), Marie Montegani mettra en scène en LSF et en langue française K. Lear d’après la tragédie de Shakespeare, avec Emmanuelle Laborit dans le rôle de Cordélia. Puis Philippe Carbonneaux, «artiste associé» à IVT, réglera avec Serge Hureau Inouï music-hall (13 mars-7 avril), avant la présentation d’un spectacle de marionnettes sur Les Fables de la Fontaine (20 avril-5 mai). IVT reprendra aussi Le Verre d’eau de Francis Ponge (6 février-3 mars), Le grand cahier d’Agota Krystof (12-23 juin) et accueillera Actes avec ou sans paroles de Beckett ainsi que Le Réveil de Dario Fo et Franca Rame (15 mai-2 juin). La saison inaugurale s’achèvera avec Thank’s France (26-30 juin), one-man-show de l’Américain Alfredo Corrado, le fondateur d’IVT, dont il a fait l’un des principaux centres de création pour sourds en Europe (avec le Teater Manu d’Oslo, le Handtheater d’Amsterdam, le Tyst Theater de Stockholm...). Benoît FAUCHET (AFP)
Le nouveau Théâtre de la cité Chaptal à Paris accueillera aujourd’hui, mardi, ses premiers spectateurs sous la direction de la comédienne Emmanuelle Laborit, qui compte avec son association IVT (International Visual Theater) y travailler dans un esprit de «mixité entre sourds et entendants».
Le lieu sera inauguré demain soir par le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu...