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Variété doit faire beauté Samir BOUZAMEL

Seul le Liban, cet éternel pays des paradoxes, pouvait faire mentir le célèbre dicton français : « Variété fait beauté. » Georges Naccache, le fondateur de L’Orient, avait écrit autrefois, sous le titre « Deux négations ne font pas une nation », un article qui lui avait valu la prison et à son journal la suspension. Quant à cheikh Pierre Gemayel, on lui doit cette affirmation pour le moins ambiguë : « La force du Liban est dans sa faiblesse. » Qu’il me soit permis d’affirmer plutôt que « la faiblesse du Liban est dans sa diversité ». En effet, terre de diverses religions et entités communautaires, elles-mêmes partagées entre des confessions distinctes sur lesquelles, au surplus, viennent se greffer moult courants et partis politiques, le Liban, tel un navire en mer agitée, a été depuis son hypothétique indépendance constamment tiraillé et ballotté, au gré de turbulences venues d’au-delà les frontières ; au gré aussi de courants les plus divers, du nassérisme au baassisme, en passant par les tendances palestiniennes, arabes, occidentales et autres, jusqu’aux actuelles manifestations d’intérêt perses et internationales. Il apparaît évident donc que le sentiment nationaliste « pur libanais » n’est que chimère. Récemment libérés, les Libanais se sont acharnés à tout faire pour retomber dans les tiraillements internes tous azimuts et les assassinats politiques, ravivant le spectre de la guerre civile dans un pays à l’économie au demeurant vacillante. En somme, l’anarchie totale. Maigre lueur d’espoir toutefois : nombreuses sont les nations – européennes notamment – qui ont souffert, dans l’implacable marche de l’histoire, des mêmes flottements, contradictions et souffrances dans lesquels ne cessent de se débattre les Libanais. Surmontant leurs divergences et commandées par l’obligation sacrée de préserver et faire prévaloir leurs intérêts strictement et exclusivement nationaux – lesquels servent impérativement de fondements essentiels à tout peuple mûr, désireux de connaître la paix civile, la stabilité et la prospérité, conditions sine qua non à toute évolution naturelle et épanouissante – ces nations jouissent désormais d’une vie normale. Pareille prise de conscience de tous, le rejet de toute forme d’idéologie et de politique subversives, ainsi que le dépassement des différences et des clivages internes et le refus des servitudes imposées de l’extérieur, vers une symbiose de toutes les factions libanaises, sont – à travers le strict respect des principes et des textes constitutionnels régissant un État de droit qui se proclame démocratique – requis de nos leaders afin d’assurer la pérennité du Liban, « paradis, rêve et message », de préserver les intérêts propres de ses fils et surtout de garantir aux générations montantes, en les aiguillant vers le juste chemin, un avenir florissant, stable et prometteur auquel ils sont légitimement en droit d’aspirer, tout en visant à travers ces mêmes impératifs à restituer à leur pays son précieux capital confiance. À défaut de mettre en application, aujourd’hui avant demain, toutes ces recommandations, la palette de couleurs formant l’actuel paysage politique libanais (rouge, vert, bleu, jaune, orange) représentatives des différents partis et courants politiques et populaires, lesquelles couleurs constituent par un drôle de hasard les éléments chromatiques de l’arc-en-ciel, risquent de mettre en péril tout le devenir de l’ancestral pays du Cèdre. Un arc-en-ciel atypique à vocation exclusivement libanaise, celui-là qui, contre nature, présage la tempête. Samir BOUZAMEL Avocat Article paru le Mardi 16 Janvier 2007
Seul le Liban, cet éternel pays des paradoxes, pouvait faire mentir le célèbre dicton français : « Variété fait beauté. »
Georges Naccache, le fondateur de L’Orient, avait écrit autrefois, sous le titre « Deux négations ne font pas une nation », un article qui lui avait valu la prison et à son journal la suspension. Quant à cheikh Pierre Gemayel, on lui doit cette...