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Actualités - REPORTAGE

Reportage Amis ou ennemis ? Les soldats britanniques se méfient des policiers irakiens

Lorsque les soldats britanniques jaillissent l’arme au poing de leur transport blindé pour découvrir que les deux véhicules suspects qui s’approchent sont des voitures de police, ils ne montrent aucun signe de soulagement : au contraire, ils redoublent de vigilance. À Bassora, deuxième ville d’Irak, les soldats de Sa Majesté luttent contre les groupes armés qui ont pris le contrôle de cette région du sud du pays, mais il ne leur est pas toujours facile de distinguer leurs ennemis de leurs alliés. « À chaque fois que nous avons un problème, la police est passée par là avant nous. Ils sont censés ouvrir la voie, mais nous sommes attaqués », s’emporte le caporal Daniel Hargreaves, du régiment d’infanterie mécanisée du Staffordshire, en charge du nord de Bassora. Comme lui, de nombreux soldats considèrent que les policiers irakiens sont les yeux et les oreilles des milices chiites locales, auxquelles ils signalent chaque mouvement des troupes britanniques. Il y a trois ans pourtant, juste après la chute du régime de Saddam Hussein, les soldats britanniques patrouillaient à Bassora en béret, au milieu des acclamations de la foule chiite. Aujourd’hui, ils portent casque lourd et gilet pare-balles, même à l’intérieur de leurs bases, frappées quotidiennement par des obus de mortier et des roquettes. Le régiment du Staffordshire avait, bien malgré lui, fourni l’une des plus célèbres images de cette guerre : des soldats aux uniformes enflammés sautant d’un blindé en feu, après un raid contre un commissariat de police irakien pour libérer deux soldats des forces spéciales britanniques. Le jour de Noël, les soldats du régiment sont retournés dans ce même commissariat ... qu’ils ont réduit en poussière à l’aide de charges explosives, après l’avoir pris d’assaut et tué 7 hommes armés. Il s’agissait de mettre un terme aux activités de « l’unité des crimes majeurs » et de libérer 129 prisonniers de cette unité, qui risquaient d’être assassinés à tout moment. Bon nombre d’entre eux avaient été torturés par les policiers : certains avaient les pieds et les mains écrasés, d’autres des brûlures électriques et de cigarettes sur la peau. Le chef de l’unité, arrêté la veille avec cinq hommes lors d’une opération qui a mobilisé pas moins d’un millier de soldats britanniques, est le principal suspect de l’assassinat de 17 employés irakiens de l’académie de police de Bassora, gérée par l’armée britannique. Quelque 69 anciens membres de « l’unité des crimes majeurs », aujourd’hui dissoute, sont officiellement recherchés par les autorités irakiennes. L’action résolue des soldats britanniques, qui tranche après une longue période de laisser-faire, a cependant aggravé des relations déjà mal en point avec les responsables locaux. Pourtant, la clé de la victoire passe toujours par l’entraînement des forces de sécurité irakiennes, selon la Force multinationale. « Je pense sincèrement que la plupart du temps, quand quelqu’un vient voir ce qu’il se passe dans une voiture avec les gyrophares allumés, il s’agit d’un vrai policier. Maintenant, si vous me demandez s’il y a des policiers qui renseignent les milices, ma réponse est oui », reconnaît le lieutenant-colonel Tim Sandiford, qui commande le régiment du Staffordshire. L’équipe du colonel Terry McCullagh, de l’armée australienne, qui est en charge de l’entraînement des policiers irakiens, a pour sa part soigneusement choisi 20 policiers irakiens de confiance pour former le noyau d’une nouvelle unité, destinée à remplacer l’« unité des crimes majeurs ». « Entre 90 et 95 % des policiers présents ici sont bien entraînés, mais ils ne sont pas efficaces, pour la simple raison qu’ils sont victimes des menaces des 5 % restants », assure le colonel McCullagh. Dave CLARK/AFP

Lorsque les soldats britanniques jaillissent l’arme au poing de leur transport blindé pour découvrir que les deux véhicules suspects qui s’approchent sont des voitures de police, ils ne montrent aucun signe de soulagement : au contraire, ils redoublent de vigilance.
À Bassora, deuxième ville d’Irak, les soldats de Sa Majesté luttent contre les groupes armés qui ont pris le...