Washington doit investir « plus d’un milliard de dollars » pour réussir en Irak, estime Stiglitz

Les États-Unis devraient dépenser « plus d’un milliard de dollars » et annoncer un retrait de leurs troupes afin de réellement améliorer la situation en Irak, a déclaré hier le prix Nobel 2001 d’économie, Joseph Stiglitz, sur la BBC Radio 4. « Il y a des preuves irréfutables que les États-Unis sont une source d’instabilité et pas de stabilité » en Irak. « Nous avons une responsabilité morale à aider l’Irak à se reconstruire », a déclaré le prix Nobel américain. L’économiste a cependant fait part de son « extrême pessimisme » sur la situation actuelle en Irak. « Si nous nous rappelons, en 2003-2004 les États-Unis ont promis de dépenser environ 14 milliards de dollars, mais à cause des problèmes de sécurité, des crimes et de la corruption aussi bien aux États-Unis qu’en Irak, et de problèmes d’incompétence, ils ont dépensé moins d’un milliard de dollars, et l’essentiel a été consacré à la sécurité et pas au développement », a-t-il relevé. L’économie irakienne « est dans un état lamentable », le pétrole à lui seul « ne créée pas d’emplois » et le reste de l’économie ne fonctionne pas. Joseph Stiglitz a estimé que le licenciement massif de tous les responsables baassistes du régime et le manque de protection des infrastructures ont été les principales erreurs des Américains lors de l’invasion de l’Irak. Il a aussi dénoncé le recours à des sous-traitants américains « dont le principal objectif était de minimiser les coûts », et qui ont employé des Népalais ou des Philippins au lieu de donner des emplois aux Irakiens. Aujourd’hui, « la combinaison de jeunes au chômage et d’armes est explosive », constate-t-il.