Les lecteurs ont voix au chapitre

Tous frais payés En passant devant la mosquée Mohammad el-Amine au centre-ville, je vois un pick-up livrant des barquettes de repas aux manifestants pour leur déjeuner. Je suppose que même le petit déjeuner et le dîner sont assurés. À raison de 10 000 LL pour trois repas, cela fait 50 millions de LL par jour pour 5 000 personnes en permanence sur le site. Un beau chiffre d’affaires pour le traiteur qui assure ces livraisons ! Je ne compte pas le café, les cigarettes et les narguilés fumés à longueur de journée. Qui finance tout cela? Les manifestants sont pour la plupart des jeunes. Parmi eux des étudiants qui ratent leurs cours, des travailleurs ayant pris congé de leurs employeurs, peut-être aussi des chômeurs... Tous ces gens logés, nourris, qui glandent toute la sainte journée, font-ils le sit-in à l’œil pour la seule cause libanaise ? Ne sont-ils pas indemnisés ? Si tout cet argent, qui ne représente peut-être rien aux yeux des bailleurs de fonds, était versé aux nécessiteux, aux œuvres de bienfaisance, aux associations caritatives, aux ONG ou même à l’EDL toujours en déficit d’encaissement de ses factures, cela ne serait-il pas plus profitable pour le Liban ? Michel BARDAWIL Vivre en paix Je veux m’adresser à la conscience de tous les politiciens libanais sans exception ! Je ne sais pas si vous partagez mon avis, mais je crois que les Libanais ont le droit de vivre en paix, en sécurité et dans la prospérité. Ils ont de même le droit de voir leurs enfants grandir, travailler, réaliser leurs projets et leurs ambitions dans leur pays et non pas à l’étranger. Ils ont le droit d’avoir et de donner des réponses claires et distinctes à leurs enfants qui leur demandent ce qui se passe dans le pays, égarés qu’ils sont par le mélange de couleurs, de slogans et de dissensions. Nous sommes vraiment à bout de souffle. De grâce, laissez-nous une lueur d’espoir pour que nous puissions poursuivre le chemin qui nous mène à une vie stable. Assumez vos responsabilités, oubliez vos intérêts égoïstes et votre soif de pouvoir. Arrêtez de vous accuser l’un l’autre : vous êtes tous fautifs d’une manière ou d’une autre. Jetez un regard sur votre passé et pensez comment faire pour atténuer les effets de vos erreurs. Hoda MERCHAK Le dialogue des cultures Entre l’Orient et l’Occident, on voit s’instaurer un dialogue de sourds. Bien sûr, il y a le handicap religieux qui, comme le souligne cette Saoudienne dans le dernier Orient Littéraire, empêche la femme arabe de se libérer du joug de l’homme. Elle qui vient de terminer ses hautes études en Europe retourne à son pays d’origine et se revoit soumise à son homme qui la martyrise. Elle veut dénoncer son tyran et trouve enfin refuge à Beyrouth, capitale rebelle des pays arabes, pour publier ses œuvres, car la liberté d’expression est toujours sauvegardée dans ses maisons d’édition. Ainsi donc, et contre vents et marées, notre capitale restera la plus belle vitrine du monde arabe, comme le souligne Yasmina Khadra. Les Libanais devraient tirer les leçons de ce double enseignement pour sortir de l’impasse dans lequel se sont fourvoyés deux clans qui cherchent, chacun, à s’imposer. Nazira A. SABBAGHA