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Le fils cadet du roi Albert II pourrait être amené à comparaître dans le cadre d’un procès pour détournement de fonds Un prince belge, mal-aimé, dans la tourmente judiciaire

Le prince Laurent de Belgique, le mal-aimé de la famille royale, pourrait être amené à comparaître dans le cadre d’un procès pour détournement de fonds qui met à mal l’image de la monarchie dans ce pays divisé. Onze personnes, dont trois militaires, se sont retrouvées hier sur le banc des accusés du tribunal correctionnel de Hasselt, en Flandre, pour avoir, selon l’accusation, détourné 2,2 millions d’euros au détriment de la marine belge. L’affaire ne serait qu’un banal fait divers si plusieurs inculpés, dont le capitaine de vaisseau Noël Vaessen, l’ex-conseiller du prince Laurent, ne se répandaient dans la presse pour pointer du doigt l’un des bénéficiaires. Selon eux, ce vaste système de fausses factures avait été notamment mis en place avec le consentement de l’état-major de la marine pour répondre aux besoins du fils cadet du roi Albert II, dont les frasques – notamment les excès de vitesse à répétition au volant de bolides – alimentent depuis des années les rubriques à scandale des journaux populaires. Un autre inculpé, Marc Luypaerts, ex-militaire devenu l’entrepreneur qui était au centre du système, a déclaré à la télévision flamande qu’il avait été sommé de se taire sur l’implication de Laurent, sous peine d’être envoyé en prison. La présidente du tribunal, Christine Coopmans, a annoncé à l’ouverture du procès que le prince pourrait être cité à comparaître aujourd’hui, tout en soulignant que sa demande de témoignage avait été déposée trop tardivement pour qu’il soit sanctionné s’il ne répond pas à la convocation. L’affaire est d’abord celle, triste, voire tragique, d’un membre d’une famille royale qui ne l’a guère ménagé. Élève médiocre, le jeune Laurent souffre de l’absence de ses parents qui, de l’aveu même d’Albert II, ont connu pendant 20 ans des problèmes conjugaux importants – le roi a reconnu avoir eu une fille illégitime – avant de se réconcilier. Pratiquement livré à lui-même, émettant en public des doutes sur sa filiation, il vivra souvent dans des familles d’accueil et la presse belge regorge d’anecdotes à faire froid dans le dos sur l’abandon affectif dont souffre le jeune prince. Ce n’est que sur le tard que cet homme tout en rondeurs âgé aujourd’hui de 43 ans est repris en main par l’entourage royal : après un échec à la faculté vétérinaire, il passera par l’École militaire où il obtient soudainement de bons résultats. Cela ne l’empêche pas de se répandre dans la presse sur le sort qui lui est réservé : il attendra 1993 pour obtenir la construction d’une maison qu’il pourra occuper, 2000 pour devenir, comme son frère, sénateur à vie et 2001 pour obtenir une dotation de l’État de quelque 312 000 euros par an. C’est notamment pour meubler sa maison, qui était vide, que de fausses factures ont été rédigées, ainsi que pour financer l’occupation principale de Laurent, la présidence d’une fondation pour la défense des animaux. Mais l’affaire constitue aussi un problème majeur pour la famille royale belge, dont l’utilité et le coût sont remis en cause par une partie du pays, surtout en Flandre. La monarchie est l’un des derniers ciments d’une unité nationale attaquée presque quotidiennement et nombre de Flamands se verraient bien gouvernés par un président flamand. Dans le même temps, en Wallonie, les scandales de corruption se multiplient en effet au sein des municipalités gouvernées depuis 60 ans par les socialistes, contribuant à l’image d’une région pauvre qui gaspille l’argent de la Flandre prospère. Pour les indépendantistes flamands, la monarchie – et ses membres essentiellement francophones – est l’ennemie à abattre. Le roi Albert II l’a bien compris, puisque, dans son discours de Nouvel An, il a estimé que « personne n’est au-dessus des lois », une allusion claire à son fils qui devra rembourser les sommes qui auraient été indûment perçues. Chez les modérés flamands et wallons, on plaide pour une limitation des dotations royales au roi et à son héritier direct, ce qui obligerait Laurent à travailler.
Le prince Laurent de Belgique, le mal-aimé de la famille royale, pourrait être amené à comparaître dans le cadre d’un procès pour détournement de fonds qui met à mal l’image de la monarchie dans ce pays divisé.
Onze personnes, dont trois militaires, se sont retrouvées hier sur le banc des accusés du tribunal correctionnel de Hasselt, en Flandre, pour avoir, selon l’accusation,...