MOMENTS INSOLITES – Mercerie, atelier de travail pour élèves de 8 à 88 ans, et espace d’exposition et de vente de produits 100 % laine et coton à Saïfi depuis juin 2006 Avec « y.knot », le tricot et le crochet dans l’air du temps !

Elles sont « Les marchandes de couleurs », comme le nom de leur société. Des marchandes de couleurs inspirées, des marchandes d’idées qui veulent partager leur passion, leur savoir-faire et leurs envies. Envie de laisser regarder et toucher des pelotes de laine, arc-en-ciel d’une matière 100 % douceur. Envie d’enseigner cette activité à celles qui voudraient apprendre ou réapprendre, et modifier ainsi la photo un peu poussiéreuse de grand-mère qui a bercé notre enfance. Avec y.knot, Samera Zahed et Yildiz Diab ont remis de la jeunesse à des clichés vieillissants, dans un charmant cadre du quartier de Saïfi. Difficile de ne pas repérer, derrière la porte en bois, les dizaines de pelotes, les centaines de fils, boutons, aiguilles, perles. Les plaids, foulards en crochet, étoles, robes et manteaux en maille. Les pantoufles, les bouillottes, les couvre-lits de bébé et les bonnets, qui habillent les murs et réchauffent l’espace. Comme une boîte de Pandore enfermant mille surprises, la boutique y.knot a installé ses teintes pures et chaudes dans un paysage et un hiver particulièrement ternes. De fil en aiguille, la boutique mène le visiteur vers un groupe de femmes appliquées qui suivent, sereinement, les instructions de leur professeur Fadia. Incroyable, et pourtant, ces jeunes filles – certaines ont 15 ans – et ces femmes sont ici, dans cette ambiance presque sacrée, mais en tous les cas idéale, pour apprendre, au choix, le tricot ou le crochet. Concentrées, calmes, elles travaillent. « Nous donnons des cours à des élèves de niveaux et d’âges différents, seuls ou en groupes, tous les jours de 10 heures à 19 heures. » Deux heures plus tard, elles repartent, ravies, une paire de gants, un foulard, un bonnet sous la main ou sur la tête ! Un projet importé « Je n’ai rien inventé, avoue Samera Zahed. C’est en France et en Angleterre, où j’ai longtemps vécu, que j’ai découvert ces merceries “rajeunies” qui sont à nouveau dans l’air du temps. Le tricot et le crochet sont d’ailleurs surnommés aux USA le nouveau yoga ! » Une relaxation à laquelle elle s’est elle-même adonnée depuis son enfance, et durant ses études en sciences politiques et en économie. « À mon retour à Beyrouth en juin 2003, poursuit-elle, je voulais ouvrir un commerce, mais avec une idée insolite. » En fréquentant les différents salons, l’idée d’une mercerie de qualité se précise. Sa rencontre avec Yildiz Diab, fervente tricoteuse professionnelle depuis 40 ans, va la confirmer dans ce choix. « J’avais l’exclusivité de certaines marques de pelote de laine. Yildiz était venue en tant que cliente. » Pourquoi ne pas joindre nos forces ? se sont-elles alors demandé. Le tandem est ainsi né. « Nous sommes sur la même longueur d’onde créative », confirment-elles. Samera crée des modèles, associe des couleurs, invente et gère boutique et société. Yildiz se charge de l’aspect technique, du suivi de la production qu’elle délègue à des femmes, formées par elle et qui ont besoin de travailler. C’est dans l’atelier d’exécution que les modèles et les produits prennent forme, dans la boutique qu’ils prennent vie. Une charmante « mercerie moderne à l’anglaise » où la laine est reine. « Ce sont les pelotes qui font l’essentiel de notre décoration », souligne Samera Zahed. Pelotes et tout ce qu’il est possible d’en faire de beau et de différent sont soigneusement exposés ici. Pas de répit pour nos deux dames, elles sont sans cesse en train de concevoir de nouveaux modèles et finaliser de nouvelles idées. Pas de répit non plus dans l’achat de pelotes. En « période de crise », manifestations et autres fermetures obligatoires, il aurait remplacé, chez certaines compatriotes, la location de DVD ! En été, le coton prend la relève de la laine, et c’est reparti pour un nouveau tour de manège où produits finis, fils multicolores et cours se partagent une ambiance fort relaxante. y.knot, pourquoi pas le nœud, le tricot ? Pourquoi pas le crochet ? en français dans le texte. Ce nouveau yoga tombe à point, en cette période où l’équilibre nerveux de beaucoup ne tient qu’à un fil ! Carla HENOUD