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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - Sortie de « Bonheur » du photographe Maher Attar Les coulisses du Lido, que du délice !

C’est un peu pour faire un pied de nez aux malheurs quotidiens que traversent les Libanais que Maher Attar a sorti «Bonheur», publié par sa maison d’édition Art et privilège, et qu’il a signé la semaine dernière, envers et contre tout, au Virgin Megastore. C’est aussi pour se faire plaisir, pour remplacer les images de toutes ces guerres qu’il a trop longtemps captées, jusqu’à épuisement, qu’il s’offre et nous offre les photos des coulisses du Lido. Son nom et ses clichés ont accompagné de nombreux reportages de guerre. Il a signé des portraits d’hommes politiques et d’artistes, partout dans le monde. De Yasser Arafat aux rois Hussein et Abdallah II de Jordanie, de Rafic Hariri à Alain Ducasse, en passant par Mario Matsuri. Ses photos, fortes et bavardes, ont fait la une de nombreux magazines internationaux tels Paris-Match, Figaro Magazine, Newsweek, Times, Géo ou encore VSD. Il a fait le tour d’un monde qui s’embrase pour en ramener le plus insolite. Aujourd’hui, Maher Attar a déposé ses armes de guerre, transformant ses appareils en pinceaux de l’instantané prêts à mettre en images des paysages plus sereins. «Trop c’est trop. Il est temps d’arrêter de communiquer sur le sujet de la guerre.» Alors le Lido, après le Moyen-Orient, les paillettes après les fusils, le bonheur après les tragédies? Pourquoi pas... Images de coulisses «Depuis décembre 2004, j’ai mis toute mon énergie dans ce projet», confie Maher Attar. Lorsqu’il découvre la revue Bonheur, mise en scène par l’ex-danseur Pierre Rambert, en même temps que C’est magique qui animait encore les planches du Lido, le photographe est fasciné. «Des moyens extraordinaires ont été déployés, des décors géants, de fabuleux costumes.» En parallèle au Lido qui avait déjà entamé un travail de communication sur ce sujet pour ses 60 ans, en parallèle à un travail commencé en 2002 sur le Crazy Horse, Maher, avec la complicité du directeur de communication, Jacques Babando, obtient la permission de pénétrer dans l’antre secret du Lido, c’est-à-dire ses coulisses. Là où tout commence et tout finit. Là où le plus vrai et le plus personnel se passe. «J’étais plus intimidé que les danseuses. J’étais là pour voler leur intimité et non pour la violer», affirme le photographe, habitué à des terrains plus arides. Régulièrement et durant presque deux ans, un appareil au poing, sans flash mais avec une lumière artificielle difficile à maîtriser, le photographe shoote les deux revues, et surtout l’avant, l’après, saisissant le sourire, l’émotion, le geste, le pas, l’abandon. La femme derrière la danseuse. «J’ai privilégié le noir et blanc parce qu’à mes yeux, il révèle sans trahir.» Au total, 100 photos seront choisies, 85 en noir et blanc et 24 en couleurs. Elles ont été réunies dans une exposition qui a eu lieu cette année à Paris, sous le titre «Un an de bonheur». Ce livre, dans lequel figurent 23 photos en noir et blanc et que l’on aurait aimé plus fourni, «je l’ai fait pour moi et pour offrir un peu de bonheur aux Libanais. Des paillettes et des strass, du rêve à la place de ces images de guerre dont on nous gave», précise-t-il. «Ça pourrait être l’histoire d’une danseuse, de la danse, ou même les moments privés terrés dans les coulisses. De page en page, explique le photographe, je la dévoile, je montre une histoire.» Bonheur s’ouvre sur un gros plan de pieds nus qui s’entrecroisent et s’achève sur une jambe enrobée d’une chaussure en paillettes, «Cendrillon, peut-être». La boucle est bouclée. Entre ces deux moments défilent des images, des visages en gros plan, qui se maquillent, des regards concentrés, des échauffements, des entrées sur scène, des gestes d’artistes et des gestes de pudeur. Partout, le grain enveloppe l’image, les noirs prennent différentes tonalités, le moment magique est précisément le bon. L’œil du professionnel n’était pas loin. Après Beyrouth, Maher Attar s’est envolé pour le Qatar où il vient de signer le très beau Souk el-Waqif, un livre de photos en noir et blanc sur la magie de ce souk, son architecture, ses passants. La signature s’est accompagnée d’une exposition de ces mêmes photos dans le commissariat de police aménagé pour l’occasion. «Je me lance dans la haute couture de la photo! conclut l’ex-reporter. La guerre ne me dit plus rien.» Carla HENOUD
C’est un peu pour faire un pied de nez aux malheurs quotidiens que traversent les Libanais que Maher Attar a sorti «Bonheur», publié par sa maison d’édition Art et privilège, et qu’il a signé la semaine dernière, envers et contre tout, au Virgin Megastore. C’est aussi pour se faire plaisir, pour remplacer les images de toutes ces guerres qu’il a trop longtemps...