Paroles dE cinéma - Caméra rapprochée «Babel», secrets de tournage

Pourquoi Babel? Le titre du film fait référence à la tour de Babel, épisode biblique de la genèse. Les fils de Noé ont voulu élever à Babel (nom hébreu de Babylone) une grande tour pour atteindre le ciel. Pour les punir et anéantir leurs efforts, Dieu a créé différentes langues pour les peuples vivant sur terre afin qu’ils ne se comprennent plus. Alejandro González Iñárritu a voulu englober dans ce titre «toute l’idée de la communication humaine, ses ambitions, sa beauté et ses problèmes en un seul mot. C’était, dit-il, une métaphore pour le film. Chacun de nous parle sa propre langue, différente des autres, mais nous partageons tous la même structure spirituelle.» Ce film fait-il partie d’une trilogie? Babel, en effet, est la fin d’une trilogie commencée en 2000 avec Amours chiennes qui racontait l’histoire de trois hommes réunis par un tragique accident de voiture. En 2004, le second volet, intitulé 21 grammes, repose sur le même principe, à savoir des destins croisés de plusieurs personnes réunies par la mort. Pour la troisième fois, mais différemment, le réalisateur reprend encore le même thème et présente son Babel. Pourquoi le choix de ces trois pays? Commencé en mai 2005 au Maroc, le tournage s’est déplacé ensuite au Mexique puis à Tokyo. Ces trois pays ont joué un rôle important dans la vie de Iñárritu. Ainsi, si son voyage au Maroc à l’âge de dix-sept va lui donner l’envie de réaliser son premier film, c’est durant la promotion de son film 21 grammes qu’il est frappé par le pays du Soleil-Levant ainsi que par Hakone, ses montagnes et ses eaux thermales. Quant au Mexique, il représente son pays natal d’où il immigra tout jeune pour les États-Unis. Le casting: pour la première fois, le réalisateur a réuni un casting non professionnel autour de Brad Pitt, Cate Blanchett. «Pour rendre le film plus réel», a-t-il expliqué. Tandis que Gael Garcia Bernal (qui avait interprété Guévara dans Motorcycle Diaries) est dirigé pour la seconde fois par le réalisateur mexicain. Un travail d’équipe : le réalisateur mexicain aime s’entourer d’une équipe à laquelle il reste fidèle. S’il collabore régulièrement avec le scénariste Guillermo Arriaga, c’est avec son chef opérateur, Rodrigo Prieto, avec qui il travaille depuis quatorze ans, qu’il parvient à donner l’image qui convient le plus à un cadrage, à un environnement. Les trois pays choisis dans le film (Mexique, Maroc et Japon), différents par leur culture et leurs couleurs, ont été mis en valeur par trois techniques différentes de photo grâce à ce chef op, en parfaite symbiose avec l’esprit du tournage.