Craignant un nouveau conflit, l’ex-milicien fourbit son arme

Abou Ahmad a nettoyé et graissé la kalachnikov dont il s’est servi pour la dernière fois durant la guerre civile libanaise, histoire d’être prêt au cas où il lui faudrait à nouveau combattre, rapporte l’agence Reuters, citant son correspondant, Tom Perry. Ce milicien sunnite du conflit de 1975-90 se dit paré pour affronter les activistes du Hezbollah – qu’il soupçonne de chercher à prendre le contrôle du pays. « J’avais utilisé des armes durant la guerre civile, quand j’étais jeune et inconscient. Je ressors mon fusil parce que le danger approche », déclare cet homme de 50 ans, farouche partisan de Saad Hariri. « Il était rangé dans un étui de nylon. Je l’ai nettoyé. J’ai environ 500 cartouches. Les rues sont en pleine ébullition », dit Abou Ahmad. Dans sa voiture, il conserve des photos de Rafic Hariri. L’assassinat de l’ancien Premier ministre, perpétré en février 2005, est imputé à la Syrie, mais celle-ci tente de bloquer la mise en place d’un tribunal international chargé de tirer cette affaire au clair. Cette question est au cœur des tensions. Un jeune opposant chiite a été abattu dans le quartier à prédominance sunnite d’Abou Ahmad alors qu’il rentrait d’une manifestation. Selon Abou Ahmad, beaucoup d’habitants de son quartier portent des armes ou cherchent à s’armer, sans pour autant faire partie d’une force organisée. « C’est une initiative personnelle, dit-il. Il y a des gens qui recherchent des armes sans en trouver. » La demande a fait monter le prix des armes. « Ils disent ne pas vouloir de guerre civile ou religieuse. Mais s’ils faisaient une erreur et qu’il y avait du sang, il y aurait du sang en retour », dit Abou Ahmad.