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Actualités - OPINIONS

Les lecteurs ont voix au chapitre

J’ai honte Un événement sans précédent se déroule dans les théâtres libanais. Dans un geste de solidarité et d’estime, la mairie de Paris a rendu possible la venue au Liban de comédiens doués, interprétant des pièces du Théâtre du Rond-Point, un des rendez-vous les plus importants de la scène française. Jean-Michel Ribes est là avec son talent, sa plume, ses pièces, ses acteurs, et sa disponibilité. Une aubaine pour les amoureux du théâtre de plonger dans les finesses d’une culture qui ne laisse de nous ravir. Seulement voilà, certains en ont décidé autrement. Les acteurs, auteurs et techniciens ont été priés d’interrompre leurs spectacles, de remballer leurs affaires, de ranger leurs costumes et de regagner vite des lieux plus sûrs, plus civilisés. En effet, sur cette terre qu’ils étaient si émus de découvrir, se déroule le plus horrible, le plus dangereux des combats, une bataille inégale entre la vie et la mort, la culture et l’aveuglement, la liberté et la subordination. Et quoi répondre lorsque ces gens de lettres, de scènes et d’intelligence se demandent au nom de qui et au nom de quoi, un journal de l’opposition les accuse « d’ingérence dans les affaires internes libanaises ». Pardon la France ! On est tous devenus fous. Et que ceux qui sont descendus dans la rue sachent ce qu’ils sont en train de créer. Tania Hadjithomas MEHANNA Accouchement difficile Peuple du Liban, réveille-toi ! Regarde autour de toi ! Secoue-toi ! Prends en main ta destinée ! Rends-toi à l’évidence : tu n’as plus de responsables visionnaires ; tu n’as plus que des vedettes de TV qui t’alimentent en paroles comme pour te faire oublier tes vraies douleurs quotidiennes... Arrache-toi à eux, démarque-toi d’eux, refuse de leur servir de fond de commerce, regarde en avant et prends de la hauteur ! Il y a aujourd’hui une communauté au Liban grandissante en nombre et qui revendique une place correspondant à sa taille. Cette partie de la population est actuellement représentée par deux mouvements principaux qui, eux-mêmes, s’appuient sur 75 % de cette communauté. Le tiers voue une loyauté sans égal à ses dirigeants et les deux autres tiers font probablement partie de ces « suiveurs » qui naviguent au gré du vent, pour préserver les acquis qu’on leur octroie ou juste pour se fondre dans le nombre... Il est du devoir de chaque Libanais de renforcer ces deux tiers, de les encourager à innover, et surtout à s’émanciper. Alors montrons-nous réellement démocrates et encourageons la naissance du Libanais laïc (et croyant), à quelque communauté qu’il appartienne, et ce afin qu’il prenne en main sa destinée et place l’intérêt de la nation au-dessus de toute autre considération et, surtout, décomplexe tout un peuple de cette fameuse équation musulman/chrétien. Pourquoi pas un prochain président Abou Youssef (Beydoun), un Premier ministre Salah Honein et un président du Parlement Abbas Halabi ? Leur manière de gouverner devra toutefois être ferme et inciter au strict respect des lois. Ça ne fera de mal à personne... Et le « moughli » coulera à flots ! Semaan BOUBÈS Incroyable mais vrai Incroyable mais vrai, ce qui se passe en ce moment... Incroyable mais tout à fait vrai, ce recours à la rue ? Où allons-nous? Dans quel chaos nous enlisons-nous ? Incroyable mais vrai : des chrétiens qui se font la guerre des portraits, au risque de faire du Liban un second Irak. Sachant que nous sommes géographiquement mal situés, entre Israël au sud et la Syrie au nord, unissons-nous au lieu de nous diviser. Incroyable mais vrai : un père, aux obsèques de son fils Gebran, appelle à la non-vengeance. Incroyable mais vrai : sitt Joyce Gemayel appelle les chrétiens à unifier leurs rangs alors qu’elle vient de perdre la chair de sa chair, son fils. Dites- moi : n’est-ce pas incroyable mais vrai, ce pauvre petit Liban qui passionne les foules, qui est un exemple de communautés diverses ? Je suis une Libanaise maronite du Chouf (peut-être ai-je du sang druze ?...). Je crois à un pays des miracles qui s’appelle le Liban. Attendons... Margaux TYAN Ils n’auront pas notre joie de vivre ! Qu’est-ce qui nous caractérise, nous les Libanais ? C’est notre joie de vivre et de persévérer, même si parfois on nous accuse de vivre dans l’indifférence et de ne pas faire face à la réalité. La vérité est la suivante : les Libanais sont divisés entre ceux qui veulent que la population meure de faim afin qu’ils puissent exercer leur emprise sur elle, et entre ceux qui veulent être libres. Moi, j’ai choisi mon camp : il appartient à tous les mois de l’année, au mois de janvier, quand la neige couvre nos montagnes ; au mois d’avril, quand on peut skier et nager dans la même journée ; au mois d’août, quand on passe nos journées à la plage et nos nuits à nous éclater ; au mois de décembre, quand on attend les fêtes avec impatience pour enfin être réunis, avec la famille et les amis. Alors à ceux qui font partie de mon camp, je suggère, et à commencer par ce week-end, de ne pas rester devant la télé à se lamenter. Sortez, dînez, dansez, courez le marathon, allez voir Feyrouz, faites du shopping et montrez-leur que notre joie de vivre est plus forte que leur envie de détruire. Et pour ceux qui vivent à l’étranger, venez ici passer les fêtes ; les Libanais libres (ainsi que les commerçants, restaurateurs et hôteliers) ont besoin de vous. Oumayma Farah RIZK Le souvenir du 14 Mars Je m’adresse à ces hordes déchaînées qui se sont invitées l’autre soir dans la capitale pour se disputer l’honneur suprême d’exhiber des portraits. Pauvres de vous, vous tous, qui n’avez rien mais alors rien compris : au lieu de vous unir, d’organiser des sit-in communs, de vous battre main dans la main pour votre pays, au lieu de vous creuser les méninges pour trouver un moyen de sortir de cette impasse, de ce marasme politique, au lieu de vous élever au-dessus de vos clivages, d’être dignes de tous les martyrs, vous voilà en train de vous entredéchirer pour des causes bidon et surtout de vous tromper d’ennemi… Vous avez vite fait d’oublier les quinze ans d’oppression, de dictature syrienne dont vous avez ensemble fait les frais, de geôles en exil, de coups bas en intimidations, de filatures en humiliations. Vos parents ne vous ont-ils pas raconté l’horreur de cette guerre fratricide qui mit notre communauté sur les rotules, l’anéantissant politiquement et socialement, par le biais d’un exode massif… Vous avez oublié ce qui vous a unis pendant ces longues années pour basculer dans l’absurdité de la confrontation et la folie de la mégalomanie et de la haine d’autrui. Celui qui ne pense pas comme moi est mon ennemi... Que faites-vous du pluralisme et de la diversité de pensée si caractéristiques de ce pays ? Honte à vous qui êtes pour la plupart des universitaires et donc probablement la future élite de mon pays. Honte à vous qui devriez faire allégeance totale et sans aucun compromis à un drapeau et un seul, le plus sacré, l’unique, et non à ces fanions multicolores devenus symbole d’intégrisme, exhibés comme des trophées de guerre… L’heure est grave, les enjeux sont si grands, l’identité du Liban est tellement menacée, bafouée que des faux pas pareils sont impardonnables voire criminels. Cela relève du suicide collectif. Mon pauvre pays ne manque pas d’ennemis ni de traîtres et fait l’objet de nombre de complots ourdis par l’étranger. Unissez-vous, car c’est par notre union sacrée que viendra notre salut. Pitié pour le Liban. Redonnez-moi mon 14 Mars ! Maria BASSIL
J’ai honte

Un événement sans précédent se déroule dans les théâtres libanais. Dans un geste de solidarité et d’estime, la mairie de Paris a rendu possible la venue au Liban de comédiens doués, interprétant des pièces du Théâtre du Rond-Point, un des rendez-vous les plus importants de la scène française. Jean-Michel Ribes est là avec son talent, sa plume, ses...