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Actualités - CHRONOLOGIE

Un congrès sur l’industrie de l’énergie dans le monde arabe Malgré les secousses politiques, les problèmes de l’électricité continuent de préoccuper le gouvernement

En dépit de la situation politique tendue, le congrès sur « l’industrie de l’énergie et de l’électricité dans le monde arabe » a été inauguré hier alors que le ministre concerné a quitté le gouvernement, une preuve selon le Premier ministre, Fouad Siniora, parrain de l’événement, « de la détermination et de la volonté de construire un avenir prometteur au Liban ». Ce congrès, organisé par la compagnie Execo en collaboration avec la Ligue arabe et le ministère de l’Énergie, s’est déroulé en présence de la secrétaire générale de l’Escwa, Mervat Tellaoui, de la représentante de la Ligue arabe, Mawaheb Ghalaf, et d’un grand nombre d’experts de la région. Selon le PDG de l’Électricité du Liban, Kamal Hayek, qui représentait le ministre de l’Énergie par intérim, Mohammad Safadi, cet événement était l’occasion de partager l’expérience arabe dans le domaine de l’électricité, que ce soit en termes de libéralisation, de rationalisation ou de production. Représentant le Premier ministre, le président du Conseil du développement et de la reconstruction, Nabil Jisr, a saisi l’occasion pour remettre sur la table le programme de réforme du secteur, élaboré par le ministre démissionaire, Mohammad Fneich. « Les efforts du gouvernement pour régler les problèmes de l’électricité au Liban se poursuivent malgré des contraintes importantes », a-t-il affirmé. Parmi ces contraintes, M. Jisr a commencé par évoquer la forte dépendance du Liban en termes de matières premières, sachant que le Liban importe près de 97 % des ressources fossiles nécessaires à la production d’électricité. M. Jisr a également évoqué le manque de ressources financières du secteur public, notamment dans une perspective de réduction de la dette. « Le gouvernement a entrepris des pas essentiels dans le cadre d’une vision à moyen et long terme pour régler le problème du secteur de l’électricité avec une importance particulière accordée aux facteurs de coût, de qualité et de rendement », a-t-il affirmé. Selon lui, au niveau technique, le gouvernement vise à augmenter la capacité productive du pays, à réduire le gaspillage et à diversifier les sources d’importation de matières premières, notamment de gaz. Sur le plan financier, l’État cherche à améliorer la collecte et à la moderniser ainsi qu’à réduire le gaspillage non technique (en d’autres termes, l’électricité consommée et non payée). Enfin, au niveau institutionnel, le gouvernement veut conclure des contrats avec des compagnies privées, d’une part, pour aider le ministère de l’Énergie et de l’Eau à organiser et planifier le secteur et, d’autre part, pour renforcer les capacités de l’EDL en termes de gestion, de comptabilité, de maintenance et de rationalisation de la consommation. Mais pas seulement. Le gouvernement veut aussi accorder « un rôle effectif au secteur privé en termes d’investissements directs, la porte étant désormais ouverte devant les investisseurs désireux de produire de l’électricité pour la vendre à l’EDL, et ce après avoir mis en place le cadre législatif adéquat ». La libéralisation du secteur M. Jisr faisait allusion à la loi votée récemment au Parlement, donnant les prérogatives de l’autorité de régulation de l’énergie (qui tarde à voir le jour) au ministre concerné pendant un an. Concrètement, le ministre est désormais habilité à faire des appels d’offres et à sélectionner d’éventuels nouveaux entrants dans la production d’électricité au Liban. Avant sa démission, le ministre de l’Énergie, Mohammad Fneich, s’était ainsi sérieusement engagé sur la voie de la libéralisation du secteur, des efforts ensuite happés par le contexte politique. Par exemple, il y a quelques semaines, une initiative intéressante à ce niveau est passée sous silence. Quatre ans après l’appel d’offres initial, Mohammad Fneich a enfin signé un accord avec la compagnie basée en France Global Wind Energy, représentée par son directeur César Nahas, pour élaborer un Atlas des vents. Cet atlas permet de mesurer la vitesse du vent dans les régions libanaises, et ce pour étudier le potentiel de production éolienne. « Le Liban est très en retard par rapport aux autres pays arabes en termes d’énergie renouvelable. Or il a un vrai potentiel », a affirmé M. Nahas à L’Orient-Le Jour. En effet, ce dernier a déjà effectué des études de vents sur sept sites libanais, et il a dit avoir « obtenu une moyenne de vents confortable permettant de produire de l’électricité dans certaines régions». Selon lui, l’énergie éolienne pourrait à terme générer près de 20 % de l’électricité produite actuellement, soit 400 mégawatts (MW) par an, à moindre coût. À cette fin, il faudrait installer au Liban près de 200 turbines, équivalant en hauteur à un immeuble de 42 étages et pesant 300 tonnes chacune. Cela représente un investissement initial de l’ordre de 1,2 million d’euros par turbine, soit en tout près de 500 millions d’euros. Les frais de maintenance seront ensuite marginaux, les turbines fonctionnant entièrement à l’aide du vent. Toujours selon lui, un kilowattheure (kWh) généré par l’énergie éolienne serait vendu à l’EDL à 8 ou 9 cents, alors que le coût de revient d’un kWh produit au fuel est actuellement de 17 cents, vendu par l’EDL à 50 livres libanaises, pour prendre en compte les frais de distribution, de facturation et de gestion. Aussi, si 400 MW étaient effectivement générés par l’énergie éolienne, cela représenterait une économie pour le Trésor libanais de l’ordre de 350 millions de dollars par an en termes de fuel, sur la base des prix actuels. M. Nahas a également souligné les gains potentiels en termes de pollution. En effet, le Liban ayant ratifié le protocole de Kyoto, peut bénéficier du système CDM, qui consiste à vendre ou à acheter des droits de polluer. Ainsi, sur les marchés spécialisés à Francfort ou à Rotterdam, la tonne de dioxyde de carbone est négociée à près de 15 dollars. La production éolienne de 400MW d’électricité permettrait donc au Liban d’économiser 10 000 tonnes de CO2, soit 150 000 dollars par an. Toutefois, l’énergie éolienne comporte quelques inconvénients, notamment esthétiques et logistiques. Il faudra par exemple trouver les emplacements adéquats et y acheminer les turbines. Quoi qu’il en soit, l’Atlas des vents devrait être prêt dans six mois. Ce document sera mis par le ministère à disposition des éventuels investisseurs. Un appel d’offres pourra ensuite être lancé. « Global Wind Energy, qui déteint des parcs éoliens en France, en Grèce et bientôt au Mexique et en Bulgarie, sera alors la première sur les rangs », a affirmé M. Nahas qui a tenu à rendre hommage à la détermination de M.Fneich à réformer le secteur. Sauf qu’aujourd’hui les problèmes de l’énergie, le ministre démissionnaire n’en a plus trop que faire. Sahar AL-ATTAR
En dépit de la situation politique tendue, le congrès sur « l’industrie de l’énergie et de l’électricité dans le monde arabe » a été inauguré hier alors que le ministre concerné a quitté le gouvernement, une preuve selon le Premier ministre, Fouad Siniora, parrain de l’événement, « de la détermination et de la volonté de construire un avenir prometteur au Liban...