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Russie - L’ancien espion reste toujours dans un « état grave » La vision occidentale de « l’affaire Litvinenko » critiquée à Moscou

Le traitement dans les médias occidentaux de l’empoisonnement de l’ancien espion russe Alexandre Litvinenko, largement attribué au « Kremlin », est critiqué à Moscou pour son peu de recul et son goût des histoires d’espionnage stéréotypées héritées de la guerre froide. Interrogé par l’AFP, Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a qualifié hier de « délire absolu » la couverture médiatique occidentale de l’affaire. Et le porte-parole du renseignement extérieur (SVR), Sergueï Ivanov, s’est emporté sur la radio Écho de Moscou contre les « accusations saugrenues dirigées contre la Russie, le Kremlin et les services secrets russes », cité indifféremment comme une même entité coupable dans la presse étrangère. La presse russe, qui a peu couvert l’affaire, se moque, elle, de la naïveté des Occidentaux face à l’homme d’affaires controversé Boris Berezovski, ancienne éminence grise du Kremlin exilée à Londres, « ami » de Litvinenko et accusateur numéro un dans cette affaire. Le journal Izvestia compare « le thriller Litvinenko » à un mauvais James Bond versant dans « la tragédie totale » et prenant pour argent comptant les accusations non étayées de cet ancien second couteau des services secrets. Le journal Kommersant souligne quant à lui que Moscou, quel que soit au final son rôle dans cet empoisonnement, est totalement impuissant face à « la survivance des stéréotypes dans la mentalité occidentale », qui rejaillissent à l’occasion de cette affaire Litvinenko, présenté en « victime du Kremlin ». Avec l’affaire Litvinenko, c’est l’image à l’étranger de la Russie qui est « empoisonnée », ajoute Kommersant. L’analyste Evgueni Volk, de la Fondation Heritage, dénonce lui les vieux réflexes tant des Occidentaux que des Russes ressurgis avec cette affaire. « Les vieux clichés sont ressortis car la Russie se comporte comme à l’époque de l’URSS », affirme M. Volk, selon lequel « il y a beaucoup d’indices que la Russie revient à sa rhétorique de grande puissance » d’alors, obsédée par ses « ennemis extérieurs ». Pendant ce temps, le mystère s’épaississait autour de l’empoisonnement de l’ancien espion russe hospitalisé dans un état grave à Londres. En fin de matinée, son ami et porte-parole Alex Goldfarb, qui venait de lui rendre visite, a cependant trouvé que son état s’était « beaucoup détérioré depuis hier ». Quant aux causes de l’empoisonnement, la confusion régnait toujours pour déterminer le poison, ou plus vraisemblablement le cocktail de substances administré. Alexandre Litvinenko, ancien colonel du FSB (l’ex-KGB) très critique à l’égard du président russe Vladimir Poutine, a été empoisonné le 1er novembre. Ce jour-là, il avait pris le thé dans un hôtel du centre de Londres avec deux Russes dont l’un serait un ancien membre du KGB, avant de rencontrer l’Italien Mario Scaramella dans un restaurant de sushis à Piccadilly (centre de Londres). M. Scaramella a été membre de la commission parlementaire Mitrokhine, présidée par Paolo Guzzanti, qui enquêtait sur les liens entre les Brigades rouges et le KGB. « J’avais reçu de très inquiétantes et perturbantes informations. Un contact m’avait donné une liste de noms et de nombreux faits », a déclaré M. Scaramella. Il s’agissait d’une « liste de cibles » avec « des complots pour faire quelque chose en Italie et en Grande-Bretagne », a-t-il expliqué. « Il y avait plusieurs noms de Russes installés en Grande-Bretagne sur cette liste ainsi que celui de M. Litvinenko, M. Guzzanti et le mien », a-t-il précisé. Selon lui, les personnes à l’origine de cette liste et de l’empoisonnement de M. Litvinenko « sont impliquées dans le meurtre d’Anna Politkovskaïa », journaliste russe assassinée le 7 octobre à Moscou. Scotland Yard a simplement indiqué que son « enquête approfondie » se poursuivait et qu’aucune arrestation n’avait eu lieu.

Le traitement dans les médias occidentaux de l’empoisonnement de l’ancien espion russe Alexandre Litvinenko, largement attribué au « Kremlin », est critiqué à Moscou pour son peu de recul et son goût des histoires d’espionnage stéréotypées héritées de la guerre froide.

Interrogé par l’AFP, Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a qualifié hier de « délire absolu »...