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Actualités - ANALYSE

ÉCLAIRAGE - La génération montante des nouveaux élus compte nombre de modérés, voire de conservateurs Le premier devoir des démocrates : s’entendre pour gouverner

Les démocrates américains, qui se sont emparés du Congrès en promettant essentiellement « le changement », devront avant tout accorder des positions parfois très divergentes pour incarner une alternative crédible à la présidence du républicain George W. Bush. Les désaccords internes des démocrates risquent d’être d’autant plus vifs que la génération montante des nouveaux élus compte nombre de personnalités très modérées, marquées beaucoup moins à gauche que l’état-major du parti et du Congrès. La prochaine présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, « va devoir composer avec un nombre non négligeable d’élus modérés voire conservateurs, qui pourraient, s’ils refusent de suivre sa ligne, la laisser sans majorité » lors des votes, avertit l’universitaire Norman Ornstein, de l’American Enterprise Institute. « Cela va être difficile de trouver le niveau d’unité » nécessaire pour faire passer des lois, prédit M. Ornstein, qui souligne que la cohésion de la majorité du Sénat risque d’être tout autant fragile. Figure de proue de la gauche américaine, Edward Kennedy va devoir notamment s’entendre avec le nouveau sénateur de Pennsylvanie, Bob Casey, un catholique opposé à l’avortement et favorable au port d’armes, comme avec celui de Virginie, Jim Webb, ancien responsable du Pentagone, républicain sous la présidence de Ronald Reagan. « Cela va être intéressant de voir comment ils font pour trouver une voie médiane », souligne Allan Lichtman, professeur à l’American University. Les premières divisions pourraient émerger très rapidement, à l’occasion des élections pour les postes à responsabilité la semaine prochaine. M. Ornstein a mentionné en particulier la course au poste de numéro deux de la Chambre, chef de la majorité : le très modéré Steny Hoyer, qui passe pour avoir des relations tendues avec Mme Pelosi, serait en concurrence avec John Murtha, qui depuis un an plaide pour un retrait dès que possible de toutes les troupes déployées en Irak. Le républicain Dick Armey, premier président de la Chambre après la conquête historique de la majorité en 1994, a qualifié les démocrates de « majorité par hasard », difficiles à manier. « Ce n’est pas leurs principes ou leurs propositions qui les ont fait gagner, c’est juste leur persévérance », a-t-il remarqué récemment dans le Washington Post. Et M. Armey de souligner que la nouvelle majorité devra maintenir un équilibre précaire entre les mesures propres à satisfaire la base, de nature sociale, et les exigences d’une politique économique et fiscale responsable défendue par les héritiers du clintonisme. Certains estiment aussi que Mme Pelosi aura du mal à faire taire les envies de revanche de ses élus, totalement écartés du processus de décision pendant 12 ans. Mais la prochaine présidente de la Chambre a balayé cette difficulté. « Il y a des gens dans le pays pour dire qu’il est temps que les démocrates rendent la pareille. Mais je leur dis : il ne s’agit pas de rendre ce qu’on nous a fait, il s’agit d’aider les Américains à améliorer leur situation. C’est ça notre priorité », a-t-elle assuré mercredi soir sur la chaîne de télévision publique PBS. Mme Pelosi a d’ailleurs promis de beaucoup mieux partager le pouvoir avec ses adversaires, et tous les dirigeants démocrates affichent leur désir de travailler en coopération avec les républicains et la Maison-Blanche. Stephanie GRIFFITH (AFP)

Les démocrates américains, qui se sont emparés du Congrès en promettant essentiellement « le changement », devront avant tout accorder des positions parfois très divergentes pour incarner une alternative crédible à la présidence du républicain George W. Bush. Les désaccords internes des démocrates risquent d’être d’autant plus vifs que la génération montante des nouveaux...