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Des étudiantes de l’Institut de psychomotricité de l’USJ présentent leur pièce de théâtre annuelle « Imagine », ou l’aspiration à un meilleur lendemain

Imaginez un endroit, un jardin, où des gens venant de bords différents se réunissent par cette même volonté et ce désir de préparer un meilleur lendemain, un avenir où le mensonge n’aurait plus de place et où la vérité l’emporte sur l’imposture qui caractérise notre société d’aujourd’hui. Aussi chimérique soit-il, cet endroit a été créé par des étudiantes de l’Institut de psychomotricité de l’Université Saint-Joseph, l’espace de la représentation de leur pièce de théâtre annuelle Imagine, écrite et mise en scène par leur enseignante, Joëlle Haddad. « Les étudiantes ont voulu crier leur ras-le-bol de la situation actuelle et de l’insincérité des dirigeants dans le traitement des problèmes et des crises dans lesquels passe le pays, explique Mme Haddad. Des sujets qui peuvent paraître clichés, mais qui ne le sont pas, au moins pour ces jeunes filles, qui n’ont jamais eu l’occasion d’en parler. C’est un message qu’elles lancent également à leurs aînés, les appelant à les écouter. » Dans Imagine, les jeunes étudiantes se plaignent ainsi de la réaction des dirigeants, suite aux événements et attentats survenus au cours de l’année dernière, s’interrogeant sur l’importance des « condamnations, devant les larmes d’un père qui a perdu son fils ». L’émigration, la condition de la femme dans notre société, les relations entre les parents et leurs enfants, la guerre… autant de sujets évoqués par ces étudiantes et qui se répètent d’une pièce à l’autre. « Nous avons tendance à juger les jeunes sévèrement, déplore Mme Haddad. Ils ont besoin de parler de la guerre, voire des guerres du Liban. C’est la raison pour laquelle les étudiantes insistent à évoquer ces sujets dans cette pièce et dans celles qui l’ont précédée, puisqu’il s’agit de problèmes qu’elles rencontrent, qui les dérangent et qu’elles n’ont pas encore eu l’occasion de régler. Généralement, ces problèmes sont discutés dans les classes terminales, mais souvent les étudiantes atteignent leur dernière année universitaire sans les avoir pour autant abordés. Et si ces thèmes se répètent d’une année à l’autre, c’est parce que, tout simplement, ce sont des personnes différentes qui les évoquent. Le théâtre leur permet de s’exprimer, d’autant plus que sur scène, on peut dire des choses qu’on n’oserait pas évoquer dans la vie quotidienne. Ce que ces étudiantes font nécessite beaucoup de courage, parce qu’il ne faut pas oublier qu’en fin de compte, elles ne sont pas des professionnelles. Je ne fais pas de casting. Toutes les étudiantes sont les bienvenues. De même, il n’y a pas de premier rôle. La pièce est une tribune qui leur permet de faire parvenir leur message. » « Fachett khelek » En effet, dès la première scène, vous êtes fixés sur ce qui vous attend. « Ce n’est pas une pièce pour vous divertir, mais “la nfech khelkna” (crier notre ras-le-bol) », annonce solennellement une jeune étudiante. Riche en couleurs, en danses et chansons, Imagine raconte l’histoire de onze étudiantes en psychomotricité, qui souhaitent monter une troupe de cirque. D’une discussion à une autre, d’un passage comique à un autre tragique, les répétitions tardent à finir et les jeunes filles se demandent sur l’utilité de monter le spectacle et de le présenter. Elles décident enfin de se lancer dans l’aventure, aspirant à un changement. « Imagine qu’un galet soit le témoin errant que nous sommes passés, que nous sommes bien vivants. Imagine, si tu veux, que rien ne changera. Je sais qu’on a fait au mieux, le prochain, lui, pourra. N’imagine plus rien. Pendant que toi et moi parlons, je vois déjà nos mains s’emparer d’une étoile », répètent-elles en chœur, misant sur les nouvelles générations pour opérer le changement auquel elles – et tous – aspirent. Pourquoi le théâtre ? « À l’Institut de psychomotricité, le cours de théâtre a été introduit au cursus, il y a quatre ans, répond Mme Haddad. L’atelier de théâtre est obligatoire comme outil de développement personnel aux étudiantes de troisième année. Son but n’est pas de monter une scène, mais de donner aux étudiantes des exercices qui leur permettent de dépasser leur timidité et de gérer leurs émotions. Ces exercices les aident également à mieux se connaître pour mieux comprendre les autres, notamment les patients avec qui elles traiteront. Dans sa forme de spectacle, le théâtre leur permet de distinguer entre leur propre personne et le patient. Comme l’acteur qui doit travailler les différents rôles qu’il interprète sans pour autant fusionner avec ces personnages, les étudiantes doivent comprendre leur patient, mais elles ne doivent en aucun cas se confondre avec lui. Elles doivent comprendre sa souffrance, mais ne pas souffrir avec lui, sinon elles ne pourraient plus l’aider. Elles doivent faire un écart, mais celui-ci ne doit pas être inhumain. Et réaliser que leurs problèmes personnels ne doivent pas être impliqués dans la séance avec leur patient. » Et Mme Haddad de poursuivre : « La pièce de théâtre est optionnelle. Elle est ouverte aux étudiantes dans les différentes années. Pour la monter, je me base sur les idées que les étudiantes me soumettent. Elles m’exposent le sujet qu’elles désirent traiter et je monte le tout dans une pièce de théâtre, tout en gardant le fil conducteur. » Ne se lasse-t-elle pas de répéter les mêmes sujets ? « Non, parce qu’il ne s’agit pas d’un package. En fin de compte, je traite avec des individus qui posent le même problème avec leur façon d’être, leur manière et leur point de vue », conclut-elle. N. M.

Imaginez un endroit, un jardin, où des gens venant de bords différents se réunissent par cette même volonté et ce désir de préparer un meilleur lendemain, un avenir où le mensonge n’aurait plus de place et où la vérité l’emporte sur l’imposture qui caractérise notre société d’aujourd’hui.
Aussi chimérique soit-il, cet endroit a été créé par des étudiantes de...