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Environnement Quand le changement climatique propage les maladies dans les montagnes du Kenya

Dans les montagnes du Kenya, le changement climatique a favorisé ces dernières années l’apparition du paludisme, et menace la vie d’habitants autrefois préservés des moustiques et de cette maladie, s’alarment des chercheurs qui insistent sur les conséquences des activités humaines. «Nous avons commencé à faire l’expérience de la malaria en dehors des zones normales de prévalence ; la maladie va s’étendre de plus en plus (dans ces montagnes) », souligne à l’AFP Grace Akumu, directrice de l’ONG kényane Climate Network Africa, qui participe à Nairobi à la 12e conférence internationale sur le climat. Selon des sources concordantes, la malaria a commencé à apparaître dans ces régions montagneuses au milieu des années 80, avec des épidémies très graves dans les années 90, et notamment en 1997/1998 alors que le Kenya était frappé par le phénomène climatique El Niño. « La malaria est devenue un problème constant dans la vie des populations » de ces montagnes, explique John Githure, chef du département santé au Centre international sur la physiologie et l’écologie des insectes (Icipe). « Le réchauffement et l’augmentation des variations climatiques accroissent les risques de transmission de la malaria », explique de son côté Andrew Githeko, responsable du service de recherche sur le climat et la santé au sein du Kemri (Institut de recherche médicale du Kenya). Les pluies favorisent l’habitat des moustiques anophèles, vecteurs de la maladie, et la hausse des températures augmente leur nombre. Au moins une quinzaine de districts (contre 3 en 1998) sont désormais affectés par des épidémies de malaria dans l’ouest du Kenya, mais aussi dans la région centrale du mont Kenya, selon M. Githeko. Ces régions montagneuses, les plus fraîches du pays, ont connu un réchauffement des températures ces dernières années, les estimations variant de 0,5 et plusieurs degrés. Les derniers pics d’épidémie ont ainsi paradoxalement eu lieu en juin-juillet-août, en plein hiver kényan. À la différence notamment des populations des régions côtières, les habitants des montagnes n’ont pas été exposés continuellement à la malaria et sont très peu immunisés, entraînant de forts taux de mortalité. « En 1997, il y a eu une augmentation de 250 % des cas de malaria » dans les hôpitaux de la région, souligne M. Githeko. « La dernière épidémie grave a eu lieu en 2002. Environ 800 personnes sont mortes dans le district de Kisii », précise François Omlin, scientifique installé à Kisii pour Icipe, selon qui près de 2 000 personnes seraient également mortes dans les districts environnants. Mais le lien entre réchauffement et malaria fait débat dans la communauté scientifique, d’autant que peu de chiffres sont disponibles au Kenya sur l’impact de ce phénomène climatique. Selon certains chercheurs, d’autres facteurs entrent en ligne de compte. M. Omlin incrimine ainsi la capacité d’adaptation des moustiques et l’impact des activités humaines, notamment la multiplication à Kisii des fabriques de briques : les trous laissés par les briques dans le sol fournissent un excellent espace de reproduction aux moustiques. Mais ces spécialistes font tous part de la même crainte : l’arrivée d’un « nouvel El Niño » début 2007 dans la région. « Selon les dernières prévisions météo, la petite saison des pluies d’octobre-novembre va se prolonger jusqu’à janvier », explique M. Githure. Or, les températures chaudes de décembre-janvier, combinées à ces précipitations inhabituelles, constituent les conditions idéales d’une explosion du nombre de moustiques et des épidémies. « Nous nous attendons à une augmentation de 50 à 100 % des cas de malaria dans les montagnes » en cette période, prévient M. Githeko.

Dans les montagnes du Kenya, le changement climatique a favorisé ces dernières années l’apparition du paludisme, et menace la vie d’habitants autrefois préservés des moustiques et de cette maladie, s’alarment des chercheurs qui insistent sur les conséquences des activités humaines.

«Nous avons commencé à faire l’expérience de la malaria en dehors des zones normales de...