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Égypte - Les ouvriers votent aujourd’hui pour un scrutin d’où ont été éliminés la moitié des candidats des Frères musulmans Élections syndicales : le régime Moubarak veut contenir la percée islamiste

Le régime du président Hosni Moubarak veut contenir une percée islamiste aux élections professionnelles qui commencent aujourd’hui en Égypte chez les ouvriers, en éliminant plus de la moitié des candidats des Frères musulmans. «Le pouvoir veut nous couper les ailes. Sur nos 2 000 candidats, il n’en restera que 700 », a annoncé Sabel Aboul Fotouh, coordinateur de la confrérie islamiste pour ces élections syndicales en deux phases, les 8 et 13 novembre. C’est lors du passage au tamis des candidatures par des commissions administratives que l’élimination des Frères musulmans s’est faite, a expliqué le chercheur Amr Choubaki, du centre d’études stratégiques al-Ahram. Leur objectif était de se présenter à 15 % des sièges du collège ouvrier au conseil d’administration des entreprises ainsi qu’à 50 % des postes de délégués syndicaux, au terme de ces élections organisées seulement tous les cinq ans. Cette offensive s’était heurtée d’emblée à de multiples entraves. La confrérie a annoncé que ses candidats n’avaient pu aller fin octobre déposer des dossiers, cinq se faisant même arrêter, à Alexandrie et dans le delta. Pour se présenter, il fallait obtenir plusieurs certificats, de l’entreprise et surtout de l’Ittihad, puissant secrétariat de le Fédération générale des syndicats ouvriers (FGSO), verrouillé par le pouvoir. La ministre du travail, Aïcha Abdel Hadi, a assuré que les forces de sécurité n’entraveraient pas ce scrutin, confirmant que « la police n’interviendrait pas dans le déroulement de l’élection ». « La décision d’entraver la voie aux Frères musulmans est purement politique », a estimé Amr Choubaki, considérant que le veto administratif « a été plus efficace » que la répression. C’est par la violence, y compris en barrant l’accès aux urnes, que le régime avait limité fin 2005 la poussée historique des islamistes aux législatives, les Frères musulmans gagnant cependant 88 députés, soit un député élu sur cinq. Dans les années 1980, la confrérie, tolérée mais toujours interdite, s’était lancée avec succès à la conquête des syndicats professionnels, se retrouvant majoritaire dans les syndicats de médecins, pharmaciens et ingénieurs. La réponse du régime a été soit de geler leurs activités, comme celui des ingénieurs, en nommant depuis 1995 un fonctionnaire à sa tête, ou de ne plus organiser d’élections, comme dans le cas des médecins depuis 15 ans. Les Frères, dont la base de recrutement est la classe moyenne urbaine, sont aussi fortement représentés dans le syndicat des avocats, où ils contrôlent 15 des 24 sièges depuis les élections de 2005. Leur influence ne cessant de s’élargir dans la société égyptienne, ils ont décidé d’aller chasser sur les terres ouvrières, ce qui était une ligne rouge pour le pouvoir, note un autre chercheur Nabil Adel Fattah. Alors que le régime s’est lancé dans une vaste politique de privatisation, leur axe de bataille est la défense des entreprises publiques, ou la vie chère, sans trop mettre en avant leur slogan « l’islam est la solution ».

Le régime du président Hosni Moubarak veut contenir une percée islamiste aux élections professionnelles qui commencent aujourd’hui en Égypte chez les ouvriers, en éliminant plus de la moitié des candidats des Frères musulmans.

«Le pouvoir veut nous couper les ailes. Sur nos 2 000 candidats, il n’en restera que 700 », a annoncé Sabel Aboul Fotouh, coordinateur de la confrérie...