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Actualités - interview

Le journaliste français est à Beyrouth dans le cadre d’un séminaire organisé par le Master d’information et de communication de l’USJ Jean-Claude Petit : La mission des médias est de développer la culture de la paix

Jean-Claude Petit est journaliste et écrivain, il a été entre 1988 et 2004 le directeur de l’hebdomadaire français La Vie. Il est actuellement président du Centre national de presse catholique française et il est aussi à la tête d’une petite association : Action communication Proche-Orient dont l’objectif est d’aider à la formation, par des stages et séminaires, des jeunes étudiants et diplômés de journalisme dans les radios, télévisions et journaux français. Il est aujourd’hui au Liban pour donner un séminaire en tant que professeur invité dans le cadre du Master information et communication de l’Université Saint-Joseph (USJ). La dernière visite de M. Petit au Liban remonte à l’année 2004-2005. Il avoue avoir été frappé par la capacité des Libanais à réagir et à rebondir, après le mois de guerre. Mais il avoue avoir aussi, par-delà cette grande vitalité, une inquiétude qui reste palpable dans le pays. Dans quelle mesure est-il possible pour un journaliste d’être objectif ? Pour Jean-Claude Petit, la donne mondiale, qui a profondément changé depuis la chute de l’Empire soviétique, est de plus en plus empreinte de peurs qui se répandent à travers la planète, par le biais de conflits ethniques et religieux, mais aussi à cause des effets négatifs de la mondialisation économique. « Nous faisons face aujourd’hui à un monde de murs, sur fonds d’inégalités grandissantes », souligne à cet égard M. Petit. « Le monde est plus que jamais en quête de paix (...). Or la paix, ce n’est pas seulement l’absence de conflits. Il est urgent de favoriser ce vivre ensemble, et le monde médiatique porte la lourde responsabilité de développer la culture médiatique », ajoute Jean-Claude Petit, qui insiste sur le fait que la culture médiatique « ne se tient pas à égale distance de la guerre et de la paix ». Pour M. Petit, il est important de reconnaître aux médias leur rôle de quatrième pouvoir, dont la mission serait double : la dénonciation mais aussi celle de favoriser le dialogue et la paix. Il est important que les journalistes retransmettent les faits négatifs « mais aussi les faits positifs », les initiatives positives, les tentatives de faire avancer la société. Mais si la culture médiatique ne se tient pas à égale distance de la guerre et de la paix, faut-il en déduire qu’il n’est pas possible pour un journaliste d’être objectif ? « Qu’est-ce que l’objectivité ? Elle n’existe pas en tant que telle. ÊÊtre objectif, c’est voir les faits mais aussi l’humain derrière les faits. L’objectivité, c’est avoir un regard sur les hommes et sur les faits, qui ne sont jamais détachables de l’humain », indique M. Petit. Quel regard pose-t-il en outre des clivages actuels qui minent la société libanaise ? « La première chose qui me frappe, c’est qu’il n’y a pas réellement de nouvelle génération politique. Les gens actuellement au pouvoir sont des personnes qui ont quand même joué un rôle assez important dans la guerre civile et il n’y a pas eu de renouvellement depuis », explique M. Petit. Il ajoute : « Deuxièmement, j’ai eu l’occasion de discuter avec les étudiants qui assistent actuellement au séminaire que je donne et nous avons abordé le thème de la démocratie. Ils appellent les responsables politiques de leur communauté respective leurs “idoles”. C’est particulièrement caractéristique de la captation communautaire qu’exercent les leaders politiques sur les membres de leur communauté. Or, on sait bien ce que le mot “idole” signifie ; il désigne un faux dieu. » Aurait-il dans ce cadre un message à faire passer à la jeune génération de Libanais ? M. Petit souligne d’abord qu’il est conscient de la difficulté de la société civile de se sortir de « l’organisation communautaire de la société au Liban », car cela est rassurant pour un pays qui est coincé entre plusieurs idéologies environnantes contradictoires. Jean-Claude Petit ne manque pas d’affirmer que « la citoyenneté doit être le point de départ, et non la politique ». Et d’ajouter : « Il faut renverser la perspective, il faut commencer par prendre conscience de la primauté du sujet, dans le sens sociologique du terme. Le contraire serait inutile et contre-productif. » Pour M. Petit, la primauté de la notion de citoyenneté c’est aussi une prise en considération des droits de chaque personne humaine, et également du droit international. Les obstacles au développement de cette primauté sont nombreux et se situent notamment « au niveau des institutions politiques et religieuses ». « Si j’avais un conseil de lecture à donner aux jeunes, ce serait de relire et de redécouvrir l’ouvrage d’Emmanuel Mounier intitulé Du personnalisme communautaire. » Propos recueillis pas Lélia MEZHER

Jean-Claude Petit est journaliste et écrivain, il a été entre 1988 et 2004 le directeur de l’hebdomadaire français La Vie. Il est actuellement président du Centre national de presse catholique française et il est aussi à la tête d’une petite association : Action communication Proche-Orient dont l’objectif est d’aider à la formation, par des stages et séminaires, des...