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Le maquilleur du feuilleton « CSI » ne supporte pas la vue du sang Métier : faiseur de cadavres pour l’industrie du rêve

Penché sur un corps à moitié dénudé, Matthew Mungle inspecte avec satisfaction une incision sanglante traversant le torse parsemé d’égratignures. « Pas mal. Pas mal du tout », affirme-t-il. Son métier ? En quelque sorte « tueur en série »; maquilleur de plateau pour le feuilleton policier CIS (Crime Scene Investigation, Les Experts en français), l’un des meilleurs résultats d’audience de la télévision américaine et qui pousse très loin le réalisme. De fait, le « corps » se relève, enfile une robe de chambre et sort sur le parking des studios Universal, le grand complexe au nord de Los Angeles où films et feuilletons se tournent au kilomètre. « Encore un client comblé », se réjouit M. Mungle, alors qu’un autre acteur vient se faire préparer. Depuis trois ans, l’artiste travaille sur CSI, dernier ajout en date sur un curriculum vitae qui compte plus de 100 films ou téléfilms. Ironiquement, M. Mungle ne supporte pas la vue du sang, ce qui rend ses travaux de recherche particulièrement pénibles : il lui faut en effet décortiquer les photos de vraies scènes de crime de la police pour parvenir ensuite au plus grand réalisme possible. « Je frissonne beaucoup. Je ne peux regarder certaines images que pendant cinq minutes, après il faut que je referme le livre, explique-t-il à l’AFP. C’est plutôt violent. Ce que certains êtres humains font à d’autres est assez horrible. » Et s’il assure ne pas être impressionné par ce qu’il fait subir aux acteurs, – « c’est juste du maquillage et du latex » –, il souligne que de nombreux comédiens préfèrent ne pas se voir lorsqu’ils ont été transformés en cadavres. « Ils deviennent parfois exigeants, raconte M. Mungle. Ils demandent à être placés sur une table pour ne pas avoir à se regarder dans le miroir. » De tant de carnages, le maquilleur a gardé quelques bons souvenirs. « Je me rappelle une fois où nous avions dû maquiller un type qui s’était fait tirer dessus en plein visage et dans l’abdomen. Il a fallu faire quatre corps différents : juste après le tir, la rigidité cadavérique, le gonflement puis la décomposition. Ce fut un gros travail, mais le résultat était superbe. » Fasciné dans son enfance par les films d’horreur comme Frankenstein ou Le fantôme de l’opéra , M. Mungle a toujours voulu être maquilleur, métier qu’il exerce depuis 28 ans. Travailler aux studios Universal, où ont été réalisés certains des grands films d’horreur hollywoodiens, revêt une signification particulière pour lui. « Cela me donne toujours un frisson lorsque je pense à tous les films formidables faits ici. Je suis comme un gamin », avoue celui qui a pourtant obtenu un Oscar pour son Dracula de Francis Ford Coppola en 1992, en récompense de son travail sur le comédien Gary Oldman. « Cela nous prenait environ quatre heures pour préparer Gary aux scènes dans lesquelles il était Dracula dans son château, se rappelle-t-il. Gary est déjà un acteur étonnant, mais le voir devenir Dracula devant vos yeux était extraordinaire. » Après avoir côtoyé Steven Spielberg sur le plateau de La liste de Schindler et Oliver Stone sur Tueurs nés, et après avoir aidé Arnold Schwarzenegger à devenir « enceint » pour la comédie Junior, M. Mungle travaille actuellement sur le tournage de l’adaptation cinématographique du roman du prix Nobel de littérature colombien Gabriel Garcia Marquez, L’amour au temps du choléra.
Penché sur un corps à moitié dénudé, Matthew Mungle inspecte avec satisfaction une incision sanglante traversant le torse parsemé d’égratignures. « Pas mal. Pas mal du tout », affirme-t-il.
Son métier ? En quelque sorte « tueur en série »; maquilleur de plateau pour le feuilleton policier CIS (Crime Scene Investigation, Les Experts en français), l’un des meilleurs résultats...