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Actualités - OPINION

La mort à petit feu

Si (à Dieu ne plaise) la Syrie venait à disparaître de la carte, combien de temps faudrait-il aux politiciens libanais pour s’en rendre compte ? Beaucoup, si j’en juge par le cirque qu’ils nous montent depuis plus d’un an (beaucoup plus, arguent les mauvaises langues). Le Liban est en panne de clairvoyance (surtout avec le courant qu’on lui distille au compte-gouttes) et le monde entier commence à douter de sa capacité à s’autogouverner. Le désarroi est général, sauf au sein de la caste politique, où le seul sujet qui anime les esprits est de savoir qui de Michel Aoun, Nassib Lahoud, Riad Salamé ou Chebli Mallat sera élu président après le départ de l’actuel locataire de Baabda. Il est vrai que de leur côté tous les autres candidats maronites se tirent dessus derrière le dos du patriarche Sfeir, qui tente habilement de réfréner leurs ardeurs présidentielles démesurées. Hélas, les maronites sont divisés bien que le général de Rabieh soit on ne peut mieux placé au sein de la communauté (à condition de ne pas en abuser). Le maronistisme est pourtant le croisement de toutes les forces et les faiblesses du Liban. De toutes ses contradictions aussi. Quand il prend froid, c’est tout le pays qui éternue. Quand il avale de travers, c’est tout le pays qui s’étrangle. Il est tellement central dans la vie politique, que lorsqu’il s’occupe de ses intérêts, il s’imagine qu’il s’occupe de tout le Liban. Ajoutez à cela les échanges verbaux presque quotidiens, d’un niveau déplorable, et qui provoquent au sein de l’opinion des haut-le-cœur convulsifs. Quand la Syrie a été déboutée du Liban, les « marsistes » piqués par la mygale de la liberté ont voulu tout accaparer et exclure les « méchants loups » alliés de Damas du chapitre politique : ce fut une grosse erreur. Je ne soutiens aucune des parties prenantes sur l’échiquier national et je trouve que toute cette gent politicienne ne fait que du « show off ». Alors, messieurs de la politicaille, soyez sérieux, un peu de tenue quand même ! Vous qui prônez la rupture avec le passé « décomposé » et peu honorable de l’hégémonie syrienne, commencez par rompre avec vos mauvaises habitudes de seigneurs madrés. Rompez avec la démagogie galopante et gangreneuse. La rupture avec le passé n’est pas affaire de table ronde place de l’Étoile. De retraite (très peu spirituelle) aux Cèdres ou de conciliabules à Aïn el-Tiné, ni de tête-à-tête entre « deux chaises » à Koraytem. Elle n’est pas non plus affaire d’agapes champêtres à Moukhtara ou de messe à Rabieh, ou encore de messe requiem à Sodeco pour le regretté KC. La rupture avec le passé s’opère dans la vie de tous les jours et dans les changements de mentalité. Quant à celui qui se targue d’avoir été le premier à s’opposer à la tutelle syrienne, je lui dis sincèrement : « Réfrénez vos ambitions présidentielles, faites preuve de la plus grande dignité, car c’est de la politique de boutiquiers que la démocratie libanaise est en train de dépérir et à petit feu... À cette cadence, elle ne fera pas long feu, tandis que, comme d’habitude, le citoyen n’y verra que du feu... follet. » Nahi LAHOUD
Si (à Dieu ne plaise) la Syrie venait à disparaître de la carte, combien de temps faudrait-il aux politiciens libanais pour s’en rendre compte ? Beaucoup, si j’en juge par le cirque qu’ils nous montent depuis plus d’un an (beaucoup plus, arguent les mauvaises langues).
Le Liban est en panne de clairvoyance (surtout avec le courant qu’on lui distille au compte-gouttes) et...