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Logique et politique, ou démocratie et unité nationale

Un observateur parachuté au Liban perdrait son latin en essayant de comprendre la situation : Il y a unanimité des partis pour proclamer l’attachement des Libanais à la démocratie, selon laquelle le « peuple souverain » (« demos ») se fait représenter par un Parlement élu. Or, une Chambre des députés a été élue au printemps 2005, en dépit des imperfections de la loi électorale, sans qu’aucune transgression sérieuse ne fût signalée. L’opinion dut admettre la validité des résultats, et le pays se vit doté de représentants légalement élus. Un gouvernement fut constitué durant l’été 2005. Le Premier ministre, quoique disposant d’une majorité confortable, avait voulu, dans l’esprit du consensus, réunir des ministres appartenant aux principaux blocs parlementaires, dont cinq de l’opposition. Il obtint haut la main la confiance du Parlement. Cependant l’opposition, loin de jouer un rôle régulateur comme dans un régime parlementaire (gouvernement de l’ombre), voulait entraver la politique gouvernementale. N’ayant pas réussi, elle devint de plus en plus âpre, jusqu’à revendiquer aujourd’hui un soi-disant droit à « un tiers de blocage », allant même jusqu’à créer le quolibet étrange de « majorité fictive ». Il lui fut répondu qu’aucun principe démocratique, ni aucun texte, ne confère un tel droit, et que le gouvernement s’en tient à la confiance accordée par la Chambre suivant les règles organiques du jeu démocratique. L’opposition change alors de monture et réclame la constitution d’un gouvernement d’« unité nationale ». Cette formule semble séduisante : quoi de plus beau que l’unité nationale ? Et l’un des ténors, emporté dans le feu d’un meeting insuffisamment chauffé, de renchérir : Nous sommes tous pour Taëf. Taëf est dans la Constitution, et l’unité nationale est stipulée en tête de celle-ci. C’était prendre les auditeurs pour des primitifs, incapables d’ouvrir le code à la page de la Constitution pour constater le bluff évident. En effet, le titre même de Taëf est « Accord de l’entente nationale ». Si le terme unité nationale n’est pas littéralement mentionné, c’est qu’il est déjà inclus dans la démocratie. On éprouve de la gêne à devoir rappeler des réalités aussi simples devant des auditeurs supposés pourvus d’un bon sens ordinaire. L’observateur parachuté devra donc présenter à ses commettants un rapport plutôt décevant sur le niveau des débats politiques de ce pays. Où est la logique dans ces comportements politiques ? Et pourquoi, sur un ton revendicatif, se réclamer de l’unité nationale, puisqu’elle est déjà partie intégrante de la démocratie ? Albert SARA

Un observateur parachuté au Liban perdrait son latin en essayant de comprendre la situation :
Il y a unanimité des partis pour proclamer l’attachement des Libanais à la démocratie, selon laquelle le « peuple souverain » (« demos ») se fait représenter par un Parlement élu. Or, une Chambre des députés a été élue au printemps 2005, en dépit des imperfections de la...