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Les consommateurs turcs appelés à ne plus boycotter les produits français Signes d’apaisement entre Paris et Ankara après le vote de la loi sur le génocide arménien

Les consommateurs turcs étaient invités hier à tempérer leur réaction contre la France après le vote d’une loi sur le génocide arménien, au lendemain d’un appel du président français Jacques Chirac au Premier ministre turc, perçu à Ankara comme un signe d’apaisement. Après de premières vives réactions au texte adopté jeudi en première lecture à l’Assemblée nationale française punissant la négation du génocide arménien, l’ambiance en Turquie s’orientait hier vers une approche plus rationnelle quant aux représailles contre les produits français. « Il faut très bien fixer la dose du boycott des biens français », a estimé le vice-président de la puissante Union des Chambres de commerce et Bourses de Turquie (TOBB), Hüseyin Üzülmez. « Il ne faut pas exagérer dans la réaction », a-t-il dit, exhortant les consommateurs à « agir avec raison », selon l’agence Anatolie. Le président du Conseil des Chambres de commerce et d’industrie Nafi Güral s’est fait l’écho de ces propos en appelant les Turcs à agir plutôt avec la tête que le cœur. « Pour protester contre la France, le boycott n’est peut-être pas une décision logique mais sentimentale », a-t-il affirmé. Les dirigeants turcs ont prévenu la France d’une crise dans les relations et de représailles économiques qui pourraient se traduire par l’exclusion des firmes françaises des contrats publics. La Turquie est un gros marché pour la France. Les échanges se sont chiffrés l’an dernier à 8,2 milliards d’euros. Pour ne pas contrarier sa candidature à l’Union européenne, Ankara n’imposera sans doute pas un boycott officiel, mais de nombreux appels au rejet des marques françaises ont été lancés. Le gouvernement turc du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan est jusqu’à présent resté évasif sur la nature de la riposte commerciale qu’il a menacé de mettre en œuvre. M. Erdogan a indiqué vendredi que son gouvernement procéderait « avec calme ». L’Union des consommateurs de Turquie a de son côté exhorté les Turcs à bouder les stations d’essence de Total en Turquie, un appel apparemment suivi à Istanbul, première métropole turque, selon les journaux. Dans une réaction plus violente, le propriétaire d’un supermarché de Nigde (Sud) a brûlé les produits français qu’il a enlevés des étagères, selon Anatolie. Le chef de l’État français a quant à lui tenté de calmer le jeu en appelant au téléphone samedi matin M. Erdogan pour lui exprimer ses regrets, a déclaré ce dernier. M. Chirac a souligné qu’« il est désolé et qu’il fera tout ce qu’il peut dans le processus prochain », a souligné M. Erdogan. Toutefois, l’Élysée n’a pas confirmé la version de M. Erdogan, indiquant que M. Chirac n’a que réaffirmé le nécessaire devoir de mémoire turc et l’inutilité du texte voté. Le journal libéral Radikal a quand même vu dans cette initiative une volonté d’apaisement. « Chirac donne espoir », selon ce journal. Le texte controversé doit encore être soumis aux sénateurs, puis aux députés en seconde lecture, avant d’être définitivement adopté. Les massacres et déportations d’Arméniens entre 1915 et 1917 dans l’Empire ottoman ont fait plus de 1,5 million de morts selon les Arméniens, 250 000 à 500 000 selon la Turquie, qui récuse catégoriquement la notion de génocide.
Les consommateurs turcs étaient invités hier à tempérer leur réaction contre la France après le vote d’une loi sur le génocide arménien, au lendemain d’un appel du président français Jacques Chirac au Premier ministre turc, perçu à Ankara comme un signe d’apaisement.
Après de premières vives réactions au texte adopté jeudi en première lecture à l’Assemblée nationale...