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Actualités - CHRONOLOGIE

INCENDIES - Les espaces verts rétrécissent comme peau de chagrin Des centaines de milliers de mètres carrés partis en fumée en quelques jours seulement

C’est la même rengaine chaque année : à la fin de d’été et avec l’arrivée de l’automne, les incendies se font de plus en plus fréquents, détruisant des milliers de mètres carrés d’espaces verts. Cette année, la situation semble particulièrement alarmante. Un communiqué publié par l’armée parle de 343 000 mètres carrés d’arbres fruitiers, de forêts et d’herbes sèches anéantis par les flammes, et cite quelque 36 villes et villages où les troupes ont dû intervenir ces derniers jours. Dans un communiqué, le président de l’ONG Nature sans frontières (NSF), Mahmoud Ahmadiyé, fait état de plus de 3,7 millions de mètres carrés qui sont partis en fumée en six jours seulement, un chiffre qu’il a obtenu « de sources officielles ». Il estime que la production de charbon est la principale cause de cette hécatombe. Quant au Parti libanais de l’environnement, il déplore l’inaction de l’État face à une tragédie qui se répète chaque année, préconisant un certain nombre de mesures simples à prendre. Dans son communiqué, l’armée précise donc être intervenue, en coopération avec la Défense civile, pour éteindre des incendies dans les régions suivantes : Cana, Aray/Jezzine, Jouaya, Wadi Jilo/Tyr, Bazouriyé, Teir Dibba, Cadmous, Chehabiyé, Baflay et Yarich, Rmediyé, Kafarjaouz, Namiriyé, Sarafand, Bayssariyé, Njariyé, Kfarbeit/Saïda, Doueir, Aïta el-Chaab, Sultaniyé, Héri/Batroun, Maarad/Tripoli, Baabda, Choueifate, Maaroufiyé, Ras el-Metn, Bzebdine, Qornet el-Hamra/Metn, Eddé/Jebbine, Amatour/Chouf, Jiyeh, Baassir, Damour, Zaarouriyé, Mazraat Dhour el-Chouf et Sultan Yacoub/Békaa-Ouest. Mais les moyens de lutte contre les incendies restent insuffisants face à cette tragédie annuelle. Le Parti de l’environnement rappelle que selon des statistiques du Conseil de l’environnement-Kobeyate, 5 % seulement des incendies seraient causés par des facteurs naturels (foudre, hausse des températures...), alors que 95 % se répartissent entre des feux provoqués ou la négligence. Les pyromanes sont mus, toujours selon le parti, par des considérations purement commerciales, désirant se débarrasser de terrains boisés (surtout s’ils contiennent des arbres comme des pins, des cèdres ou des sapins de Cilicie que le ministère de l’Agriculture interdit d’abattre), afin de défricher des espaces supplémentaires pour la construction. Il y a aussi la fabrication du charbon qui rentre en compte, surtout avec l’augmentation du prix du mazout aux portes de l’hiver. Enfin, il ne faut pas oublier les espaces verts qui ont brûlé durant la guerre israélienne au Liban. Les feux provoqués par la négligence sont en général causés par la mauvaise habitude qu’ont certains agriculteurs de brûler les herbes sèches aux confins des forêts, ou par les ordures abandonnées dans la nature qui, en réfléchissant la lumière du soleil, mettent le feu aux herbes et plantes environnantes... Or, voir nos forêts partir en fumée n’est plus un luxe que nous pouvons nous permettre. Comme le rappelle NSF, les espaces verts, qui constituaient 65 % du territoire libanais au début des années 70, ne sont plus que 3 à 6 % aujourd’hui ! Cela, poursuit le communiqué, ne mènera le pays que vers davantage de désertification, avec toutes les conséquences qui s’ensuivent, ainsi qu’un accroissement de la pollution de l’air due aux fumées et une dégradation des paysages naturels. Mesures à prendre Les écologistes pointent unanimement du doigt les autorités, notamment les ministères de l’Agriculture et de l’Environnement, et leur demandent d’entreprendre une action pour limiter les dégâts à ce niveau et adopter un plan définitif. Surtout qu’il est désormais connu que les mois d’octobre et de novembre sont les plus dangereux, puisque la sécheresse atteint des niveaux records. Les mesures à prendre sont, elles aussi, bien connues, mais ne sont toujours pas appliquées. Le Parti de l’environnement rappelle que ces mesures pourraient porter sur l’installation de postes d’observation nombreux dans les régions exposées, des enquêtes menées sur l’origine des incendies, un soutien logistique à la Défense civile pour améliorer son équipement, une dynamisation du rôle des gardes-forestiers du ministère de l’Agriculture, une application stricte de la loi sur la protection des forêts et l’accélération du processus qui vise à cadastrer les terrains des différentes localités libanaises. En outre, M. Ahmadiyé prône la plantation d’eucalyptus – des arbres plus résistants que les autres au feu et qui ralentissent la propagation des flammes – ainsi que l’acquisition d’équipements de télédétection et la formation d’un comité formé de représentants des ministères concernés et qui serait spécialement chargé de la lutte contre les incendies. Il a déploré que la loi, excellente selon lui, ne soit pas appliquée et que « la corruption soit généralisée ». S. B.
C’est la même rengaine chaque année : à la fin de d’été et avec l’arrivée de l’automne, les incendies se font de plus en plus fréquents, détruisant des milliers de mètres carrés d’espaces verts. Cette année, la situation semble particulièrement alarmante. Un communiqué publié par l’armée parle de 343 000 mètres carrés d’arbres fruitiers, de forêts et...