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Actualités - OPINION

ECLAIRAGE Une baisse de la tension, mais pas encore de solution réelle Le gouvernement d’union nationale tributaire d’un compromis entre la majorité et l’opposition

Les efforts du président de la Chambre et ses promesses de « bonnes nouvelles » pour la fête du Fitr semblent porter leurs fruits, au moins sur le plan des déclarations. Depuis deux jours en effet, les principales figures politiques du pays tiennent des propos apaisants, insistant sur la volonté de dialogue et sur le désir de réduire la tension entre les différents protagonistes. Si tout le monde attend avec impatience et, pour certains de l’appréhension, le discours que prononcera le général Michel Aoun dimanche et que ses proches qualifient d’historique, le climat général est en tout cas nettement plus calme qu’au début de la semaine. Pourtant, le problème reste le même et l’impasse totale. Les deux grands courants qui se partagent pratiquement le pays (puisqu’il y a de moins en moins de place pour les opinions nuancées) campent sur leurs positions : l’alliance Aoun-Hezbollah réclame la formation d’un gouvernement d’union nationale, axant son argumentation sur la nécessité, dans une étape aussi cruciale de l’histoire du pays, que toutes les parties soient équitablement représentées au sein du gouvernement. De son côté, l’alliance du 14 Mars refuse toute idée de changement de gouvernement, voyant dans cette revendication une volonté de modifier l’équilibre politique au Liban et de redonner directement ou non l’avantage sur la scène politique interne à l’axe syro-iranien. Chaque partie prête à l’autre des intentions cachées : l’alliance du 14 Mars craint le sabotage de la création d’un tribunal international et le Hezbollah redoute les tentatives de placer le Liban dans l’axe américano-israélien. Entre les deux parties, il y a une immense crise de confiance qui rend les positions encore plus tranchées. Pourtant, selon un expert juridique, l’argumentation sur le tribunal international ne tient pas la route. Car ce tribunal a été décidé par une résolution du Conseil de sécurité et il est bien difficile d’imaginer ce Conseil revenir sur sa décision, parce qu’une bonne frange des Libanais y serait opposée. De plus, aucune partie ne se déclare – et ne peut d’ailleurs le faire – contre la création de ce tribunal, mais c’est sur ses conditions de travail et sa formation que les négociations butent. Le Hezbollah et ses alliés craignent ainsi qu’il n’y ait dans ce tribunal « un piège » qui permettrait de s’en prendre directement à eux, notamment au niveau de la procédure suivie ou de la loi applicable. Mais l’expert juridique ajoute qu’en définitive, le résultat final des négociations devra être soumis au vote du Parlement, qui devrait trancher à la majorité des deux tiers. Par conséquent, estime l’expert, le gouvernement, quel qu’il soit, n’a pas le dernier mot au sujet du tribunal international. Malgré ces données, le thème du tribunal international continue de faire partie de la polémique politique, tant la défiance est totale entre les deux parties. La visite de Berry en Arabie C’est dans cette atmosphère pesante et figée qu’est intervenue la visite du président de la Chambre, Nabih Berry, en Arabie saoudite. Conscient qu’une partie des problèmes du Liban est liée à la situation régionale et internationale, Berry a tenté de neutraliser les influences régionales ou au mieux de les pousser à souffler dans le sens de l’apaisement. Mais selon des sources proches du Hezbollah, cette mission n’aurait pas été un plein succès, car l’Arabie saoudite a aussi ses propres considérations et ne semble pas prête dans l’immédiat à renouer de bonnes relations avec la Syrie. En clair, sauf imprévu, le royaume wahhabite ne semblerait pas disposé, pour l’instant, à faire pression sur ses alliés libanais pour qu’ils acceptent un gouvernement d’union nationale. Au mieux, l’Arabie aurait exprimé sa détermination à contribuer à la baisse de la tension pour aboutir à un climat général d’apaisement, en conseillant à ses alliés de mettre un bémol à leurs déclarations. L’objectif étant d’éviter un éventuel dérapage sur le terrain. Mais cette baisse de tension ne devrait pas forcément se traduire par des changements concrets sur le terrain, en tout cas dans l’immédiat. C’est pourquoi, selon les sources proches du Hezbollah, celui-ci est tout à fait conscient qu’un changement de gouvernement ne peut intervenir dans un proche avenir. C’est un processus qui devrait prendre du temps, car le Liban, tout comme la région, avance en terrain miné, et il faut faire attention aux conséquences de chaque initiative. Toutefois, le Hezbollah reste convaincu qu’en définitive, il n’y aura pas d’autre solution pour sortir de l’impasse actuelle. Tout en affirmant avoir, avec ses alliés, les moyens de faire tomber le gouvernement actuel, il sait aussi qu’il ne peut pas, s’il parvient à en former un autre, faire en sorte qu’il obtienne la confiance du Parlement actuel. En somme, aucune des deux parties ne peut remporter une victoire déterminante sur l’autre et se heurtera au final aux rouages constitutionnels et légaux. Ni la majorité actuelle ne peut faire élire à Baabda le président de son choix ni l’opposition ne peut former le gouvernement qui lui convient. C’est d’ailleurs sur cette équation impossible que mise le président de la Chambre, et avec lui les pragmatiques de tous les courants, pour estimer qu’à un moment donné, la majorité et l’opposition devront conclure un compromis. La question cruciale est toutefois la suivante : quand sonnera l’heure de ce compromis et que doit-il encore se passer avant qu’il ne soit mûr ? Si les regards des Libanais se tournent de plus en plus vers les développements régionaux, ils espèrent au moins y assister en spectateurs. Scarlett HADDAD
Les efforts du président de la Chambre et ses promesses de « bonnes nouvelles » pour la fête du Fitr semblent porter leurs fruits, au moins sur le plan des déclarations. Depuis deux jours en effet, les principales figures politiques du pays tiennent des propos apaisants, insistant sur la volonté de dialogue et sur le désir de réduire la tension entre les différents protagonistes. Si tout...