Rechercher
Rechercher

Actualités

7e art - Elle a présenté son œuvre au Festival du film international de Beyrouth Hala Alabdalla, ou le «travelling» dans les strates d’une vie

Sélectionné à la 63e édition de la Mostra de Venise (dans la section parallèle «Horizons»), le film de Hala Alabdalla s’est frayé un chemin parmi les œuvres cinématographiques des majors américaines et européennes. Accompagnée de son coréalisateur Ammar el-Beik, la cinéaste syrienne est venue présenter son documentaire au Festival international de Beyrouth. Un avion qui emmène une femme et sa fille vers Paris, pays de toutes les démocraties; un vol d’oiseaux qui inscrit un ballet dans le ciel, signe de toutes les libertés. Voilà comment s’ouvre le film-documentaire en noir et blanc de Hala Alabdalla et de Ammar el-Beik, Ana Allati Tahmol al-Zouhour ala Kabriha (Je suis celle qui porte les fleurs sur sa tombe), titre emprunté au poème de Daad Haddad. La cinéaste syrienne, qui a dû quitter son pays il y a 25 ans pour rejoindre son mari en France (exilé pour des raisons politiques), reproduit son film comme si on feuilletait les pages d’un livre. Dépourvu de toute linéarité et poursuivant un seul fil conducteur, la passion, le film livre à la fois une carte (pas du tout celle du tendre) d’un pays et un itinéraire personnel et intimiste. «Mon film est un témoignage de vie, des paperasses qui se sont entassées depuis 25 ans, des rêves qui, aujourd’hui, voient le jour grâce à la collaboration du jeune cinéaste Ammar el-Beik bourré de passion et de talent, dit Alabdalla. Cette œuvre est née également avec l’aide de mes amis et de ma famille qui ont contribué à lui donner forme.» Avec beaucoup de pudeur, sa caméra vidéo, qui colle à la peau des personnages (parfois d’un peu trop près), inspecte les méandres du passé et fait ressurgir des blessures profondes. Dans ce puzzle, où grâce à la magie du noir et blanc le spectateur parvient à percevoir les pièces s’imbriquer peu à peu l’une dans l’autre, les deux réalisateurs racontent des tranches de vie. Passé et présent sont confondus ainsi que larmes et sourires. Souvent le rire des interviewés par la voix off de Hala Alabdalla fait place à une large grimace douloureuse et des pleurs étouffés. C’est là que la caméra s’éloigne laissant la place à la réflexion. Amour, sexe, prison, liberté et, surtout, poésie, tout y est traité sur un fond de musique signée Marcel Khalifé. De son appartement à Paris, où la moitié du film a été réalisée et «fabriquée», jusqu’aux plus lointains paysages syriens (une île abandonnée aux fracas des vagues), la cinéaste voyage. Son voyage s’opère dans le temps et l’espace. Une introspection intimiste qui lui fait dire: «Ce film m’a permis de faire les choses que je souhaitais faire à l’âge de Ammar et d’exorciser les peines contenues.» Comme cette icône prise par l’objectif de la caméra lors de son nettoyage chez le restaurateur, le film de Alabdalla et de el-Beik cache sous ses strates et dans ses plis une vérité qui n’attend qu’à être éclairée. Colette KHALAF

Sélectionné à la 63e édition de la Mostra de Venise (dans la section parallèle «Horizons»), le film de Hala Alabdalla s’est frayé un chemin parmi les œuvres cinématographiques des majors américaines et européennes. Accompagnée de son coréalisateur Ammar el-Beik, la cinéaste syrienne est venue présenter son documentaire au Festival international de Beyrouth.

Un avion qui...