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Actualités - OPINION

Religions - Le signe d’un « communautarisme » accru, estiment certains experts Le ramadan est de plus en plus suivi en France

Le ramadan attire de plus en plus d’adeptes en France, y compris chez des musulmans non pratiquants, une évolution considérée par certains experts comme le signe d’un « communautarisme » accru et d’un impact grandissant du discours religieux dans un pays à tradition laïque. Selon un récent sondage de l’hebdomadaire catholique La Vie, 88 % des musulmans de France observent le jeûne (94 % chez les moins de trente ans) durant le mois du ramadan qui a débuté cette année le 24 septembre. Dans le pays qui compte la plus forte communauté musulmane d’Europe avec 4 à 5 millions de membres, d’autres piliers de l’islam sont nettement moins respectés : 56 % des musulmans interrogés disent ne pas faire leurs cinq prières par jour et seulement 4 % ont fait le pèlerinage à La Mecque. Le regain d’intérêt pour le ramadan « est un phénomène que nous observons depuis une quinzaine d’années », constate l’anthropologue Malek Chebel, auteur de nombreux ouvrages sur l’islam. « Dans son essence, c’est un phénomène communautariste : en un temps donné, les musulmans de France ont le sentiment de ressembler à tous les autres à travers le monde », explique-t-il. Pour lui, cette pratique est le produit du prosélytisme religieux comme du discours politique en France. « La prédication a fini par provoquer un complexe de culpabilité chez les non-pratiquants qui n’osent même plus s’afficher au milieu des pratiquants », affirme Malek Chebel. Ces derniers, ajoute-t-il, « ont su récupérer le discours des dirigeants politiques qui affirment vouloir sortir l’islam à la lumière ». En créant il y a trois ans le Conseil français du culte musulman (CFCM), l’instance représentative de l’islam, le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy – qui a participé cette année à un repas de rupture du jeûne – affirmait vouloir sortir cette religion « des caves et des garages ». Autre explication de ce regain de pratique, la nostalgie du pays d’origine. C’est le cas de cet écrivain algérien arrivé en France il y a une dizaine d’années. Marié à une Française, militant communiste et athée, il observe le ramadan. « C’est par pure nostalgie. Ma femme dit que je suis fou mais ça ne me dérange pas », explique-t-il sous le couvert de l’anonymat. Président du Conseil des démocrates musulmans de France (CDMF), une association militant contre l’intégrisme islamique, Abderahmane Dahmane, arrivé en France en 1964, note aussi que le nombre de jeûneurs a commencé à « exploser » à la fin des années 80. « C’est devenu le mois de l’identité de toute une communauté », dit-il. Pour lui, ce phénomène symbolise l’échec de la « politique d’assimilation » des étrangers conduite en France dans les années 70. Ancien conseiller pédagogique, il en a vu les effets dans les collèges et les lycées où les élèves sont de plus en plus nombreux à jeûner, y compris parmi les Français de souche. « Je le fais quelquefois par solidarité avec mes amies musulmanes », explique Lorie, lycéenne à Montreuil, en banlieue parisienne. Le ramadan étant « le principe le plus dur de l’islam », il donne lieu « à une certaine compétition entre jeunes, assure Malek Chebel. Ça donne une certaine stature et ça permet d’exclure du groupe celui qui ne l’observe pas ». Mois de privations et de dévotion, le ramadan est également celui de la fête et de la profusion qui donnent à des quartiers de Paris, comme Barbès, et de certaines banlieues des allures de médinas où se vendent, parfois à même le trottoir, les ingrédients des copieux repas du soir : gâteaux de miel, épices, galettes de semoule, crêpes « aux mille trous »... La grande distribution n’est pas en reste en ouvrant des rayons de produits halal respectueux des préceptes islamiques. Ce marché, resté longtemps marginal, est désormais estimé entre 1,5 et 3 milliards d’euros et croît d’environ 15 % l’an. Amer OUALI (AFP)
Le ramadan attire de plus en plus d’adeptes en France, y compris chez des musulmans non pratiquants, une évolution considérée par certains experts comme le signe d’un « communautarisme » accru et d’un impact grandissant du discours religieux dans un pays à tradition laïque.
Selon un récent sondage de l’hebdomadaire catholique La Vie, 88 % des musulmans de France...