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EN LIBRAIRIE - Une mosaïque de la prose féminine libanaise à travers une trentaine de nouvelles «Hikayat», ou des histoires de femmes de tous les âges

Hikayat: Short Stories by Lebanese Women est une collection de nouvelles éditées par Roseanne Saad Khalaf, professeur assistant d’anglais et d’écriture créative à l’AUB. Auteur de nombreux ouvrages dont Once Upon a Time in Lebanon; Lebanon: Four Journeys to the Past et la série Cleo the Cat, elle publie ici une véritable anthologie de la prose féminine libanaise qui regroupe des écrits très divers, ceux d’auteurs femmes à la réputation bien confirmée, comme Hanan el-Cheikh, Émily Nasrallah et Alaweeya Sobh, comme aussi ceux de jeunes femmes qui explorent là de nouveaux terrains. On trouve donc dans cet ouvrage des personnalités divergentes, des styles différents et des thèmes tout aussi hétérogènes. La guerre et ses traumatismes, la recherche de l’amour dans une société conservatrice, l’exil, les relations familiales et l’immigration, le conflit des générations nous offrent une vue microcosmique de la société multiculturelle libanaise. Dans sa note d’introduction, Roseanne Saad Khalaf indique que Layla Baalbacki, Rima Alamuddin et Émily Nasrallah représentent la génération des femmes écrivaines d’avant la guerre. «Elles viennent de milieux très différents mais ensemble, elles ont inventé une nouvelle manière de s’exprimer qui a fortement influencé les générations à venir», note l’éditrice. Layla Baalbacki a acquis une notoriété immédiate pour son franc-parler et en particulier pour s’attaquer à des thèmes tabous comme la ségrégation sexuelle dans les pays arabes. Elle était également la première écrivaine dans le monde arabe à employer le «Je» pour souligner l’importance du rôle des femmes dans ses écrits. Son Ana A’hya! (Je vis! ) – 1958 – a déchaîné les passions. Malgré ses vingt ans, ou plutôt à cause de ses vingt ans, la jeune Libanaise, issue d’une famille chiite traditionaliste, y aborde, avec un lyrisme violent et une franchise qui ont choqué certains lecteurs, les problèmes de la jeunesse dans ses rapports familiaux et ses relations sexuelles. Elle exprime un malaise de la jeunesse identique à celui que dépeint Rima Alamuddin, mais de manière plus directe, plus provocante et plus politique. En 1960, Rima Alamuddin avait dix-neuf ans. Elle rédige alors son premier roman, Spring to Summer, avant d’aller poursuivre ses études universitaires à Londres. Sa nouvelle, The Cellist, est parue dans la collection The Sun is Silent, quelque temps après la mort prématurée de la jeune écrivaine. Il faut remarquer que Rima Alamuddin est la première femme à choisir l’anglais comme langue d’écriture. Ses héroïnes sont des jeunes filles qui, pour la première fois, sont envisagées selon une perspective féminine. Elle était trop jeune pour exprimer une opinion bien marquée, puisqu’elle sortait à peine de l’adolescence. Cependant, on voit poindre quelques différences dans la façon d’aborder la représentation de la femme qui se confirment chez d’autres auteurs. Émily Nasrallah raconte, elle, dans The Green Bird, l’histoire d’un homme aux prises avec les conséquences horribles de la guerre. La guerre, voilà, le mot est lâché. Avec les événements de 1975 et durant deux décennies, c’est le boom littéraire. Alors que la génération précédente était surtout concernée par une affirmation de l’identité et par un désir ardent de liberté, la génération de la première moitié de la guerre (avant 1982) devait faire face à une réalité plus sombre. La prose féminine est alors marquée par la violence, la douleur et le désespoir des gens qui vivaient à Beyrouth. Par ailleurs, les écrits d’Etel Adnan, de Hana el-Cheikh, d’Émily Nasrallah, de Hoda Barakat et de Nazek Saba Yared sont allés au-delà d’un simple constat des atrocités quotidiennes de la guerre pour s’engager dans un discours nationaliste qui prônait la fin des combats, le pacifisme et la paix. Les débuts des années 90 et les accords de Taëf marquent la fin de la guerre. Mais les femmes qui prennent la plume restent hantées par le passé, faisant face à l’amnésie collective qui caractérise l’attitude de la plupart des Libanais. May Menassa, Jocelyne Awad, Zalfa Féghali, Nada Ramadan, Evelyn Shakir et Patricia Sarrafian Ward dressent pour leur part des portraits de femmes qui défient leur situation domestique et familiale. Plus récemment, les écrivaines de la jeune génération, comme May Ghossoub et Nadine Touma, s’attaquent à des sujets tabous et explicitement sexuels. D’autres, comme Hala Alyan et Lina Mounzer, sont aux prises entre deux mondes, entre l’Orient et l’Occident. Maya GHANDOUR HERT
Hikayat: Short Stories by Lebanese Women est une collection de nouvelles éditées par Roseanne Saad Khalaf, professeur assistant d’anglais et d’écriture créative à l’AUB. Auteur de nombreux ouvrages dont Once Upon a Time in Lebanon; Lebanon: Four Journeys to the Past et la série Cleo the Cat, elle publie ici une véritable anthologie de la prose féminine libanaise qui...