Basket-ball - Quatre équipes américaines établissent leur camp d’entraînement sur le Vieux Continent L’implantation de franchises NBA en Europe toujours en friche

Si pas moins de quatre clubs NBA sont actuellement en tournée promotionnelle en Europe, l’implantation sur le Vieux Continent de franchises du championnat nord-américain de basket-ball, sujet très en vogue il y a quelques années, semble avoir du plomb dans l’aile. Voir Kobe Bryant jouer régulièrement à Londres, Paris ou Berlin : au début du siècle, cette hypothèse était très à la mode. Vu la popularité grandissante de la NBA à travers la planète, vu aussi les difficultés rencontrées sur son propre territoire (audiences en baisse, lock-out), la lucrative grande ligue avait alors de fortes velléités d’expansion et le faisait savoir. L’idée était de pénétrer de nouveaux marchés, notamment en Europe où le grand patron de la NBA, David Stern, prévoyait de s’implanter dans quatre ou cinq grandes capitales à l’horizon 2010. « Cela ne m’étonnerait pas que d’ici à la fin de la décennie, on ait une très forte présence de la NBA à l’étranger, notamment en Europe et au Mexique, avait-il déclaré en février 2002. On se donne trois, quatre ans pour définir notre stratégie. » Aujourd’hui, ce laps de temps est écoulé et le projet ne semble pas avoir avancé d’un pouce. Interrogé en 2005 sur l’avancement des réflexions, David Stern a répondu : « Je dois dire que c’est une bonne question », avant de botter en touche. Les progrès de l’Euroligue « Il est devenu très discret à ce sujet », constate René Le Goff, président de la Ligue française (LNB) et vice-président de l’Union des ligues européennes (ULEB), qui organise les deux principales compétitions continentales, l’Euroligue et la Coupe ULEB. Il y a quelques années, le seul obstacle à la « globalisation » de la NBA semblait être l’absence de salles correspondant aux critères américains. Aujourd’hui, c’est paradoxalement la progression générale du basket européen, y compris au niveau de ses structures, qui semble constituer le principal frein à un débarquement de la NBA en Europe. « La position de l’Europe s’est renforcée, estime René Le Goff. Au début du siècle, l’Euroligue et l’ULEB n’existaient pas en tant que telles, et elles ont progressé à une vitesse folle. » Année après année, les deux principales Coupes d’Europe gagnent en effet en compétitivité et en attractivité, incitant au passage les principaux championnats européens à engager de profondes réformes structurelles. Même David Stern se dit « impressionné par le professionnalisme et la qualité des compétitions » de l’ULEB. Au point que se pose la question si l’Europe a vraiment encore besoin de la NBA. Partenariat Sans exclure la possibilité, la NBA préfère aujourd’hui mettre l’accent sur le partenariat avec l’Euroligue et le développement du jeu dans son ensemble. C’est d’ailleurs l’objectif affiché du NBA Europe Live Tour à l’occasion duquel quatre équipes NBA (San Antonio, Phoenix, Los Angeles Clippers et Philadelphie) vont disputer plus tard dans la semaine un total de six à huit matches face à des formations européennes. « Notre priorité est de faire grandir notre sport, assure Terry Lyons, vice-président de la communication internationale de la NBA. En fin de compte, tout ce qui importe, c’est que les gens jouent au basket. » Un discours apaisant qui tranche avec les récentes envies de conquête. « La NBA n’avait anticipé ni la capacité de développement de l’ULEB ni les difficultés liées à la fragmentation du marché en Europe, souligne René Le Goff. On peut imaginer qu’elle veut toujours s’implanter en Europe, mais je crois qu’aujourd’hui, elle ne sait plus vraiment ce qu’elle doit faire. »