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Embarras diplomatique pour l’Administration Bush après le putsch à Bangkok Rétablir la démocratie en Thaïlande, un enjeu de taille pour les États-Unis

Jeudi, Washington condamnait le coup d’État militaire en Thaïlande et annonçait un réexamen de l’aide à son allié en Asie du Sud-Est. Le lendemain, George W. Bush recevait en grande pompe à la Maison-Blanche son homologue pakistanais, le général putschiste Pervez Musharraf. Cette coïncidence souligne l’embarras de l’Administration Bush qui cherche un équilibre entre, d’un côté, sa volonté de rendre crédible sa politique de défense des libertés, et, de l’autre, la nécessité de préserver les intérêts stratégiques nationaux. Mais les enjeux du coup d’État thaïlandais pour l’Asie du Sud-Est sont tels que les États-Unis ne peuvent pas adopter la politique de l’autruche, même si le Premier ministre Thaksin Shinawatra, accusé de corruption et d’abus de pouvoir, fait piètre figure comme champion de la démocratie. « S’il est difficile d’être parfaitement cohérent dans un monde très compliqué, je pense que les États-Unis doivent, dans cette affaire, s’appuyer sur les principes (...). Ils ne peuvent pas tolérer cette action », estime Derek Mitchell, ancien haut responsable du Pentagone spécialiste de la région. « Je pense que d’autres pays d’Asie du Sud-Est s’attendront probablement » à ce que les États-Unis défendent la démocratie, ajoute-t-il en citant les inquiétudes exprimées par l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean). La Birmanie voisine, dirigée par des juntes successives depuis 1962, fait ainsi l’objet de critiques et de sanctions continues de la part des États-Unis. L’Administration Bush, qui a annoncé un réexamen de son aide à Bangkok après le coup d’État de mardi dernier, devrait imposer des sanctions politiques et militaires jusqu’à la tenue d’élections libres, estime Derek Mitchell. « Je ne pense vraiment pas que nous allions faire comme si de rien n’était, ajoute-t-il. Seules des élections permettant de déterminer qui doit diriger le pays seront considérées comme légitimes. » Dans l’immédiat, les missions militaires américaines vers la Thaïlande sont suspendues, et le personnel militaire non permanent a été rappelé. La Thaïlande est l’un des alliés les plus anciens des États-Unis dans la région, et les deux pays entretiennent des relations stratégiques et militaires fortes. Le département d’État a souligné la nécessité d’organiser rapidement des élections en Thaïlande, alors que les militaires désormais au pouvoir se sont engagés à nommer un Premier ministre civil, tout en repoussant d’un an les élections prévues dans deux mois. « Nous voudrions voir des progrès plus rapides que cela », a déclaré un porte-parole de la diplomatie américaine, insistant sur « l’organisation rapide d’élections ». Les contacts entre l’ambassadeur américain à Bangkok et la junte ne sont pas rompus pour autant. L’Administration Bush a cependant fait valoir qu’un retour à la démocratie était indispensable pour permettre la poursuite des discussions en vue d’un accord de libre-échange (FTA) qui doit augmenter d’environ 25 milliards de dollars les échanges annuels entre les deux pays. « Les entreprises américaines considèrent la Thaïlande comme un très bon endroit pour faire des affaires, et elles voudront voir la crise se résoudre et les discussions autour du FTA reprendre aussi vite que possible », a déclaré Murray Hiebert, un haut responsable de la Chambre de commerce des États-Unis pour l’Asie du Sud-Est. P. PARAMESWARAN (AFP)

Jeudi, Washington condamnait le coup d’État militaire en Thaïlande et annonçait un réexamen de l’aide à son allié en Asie du Sud-Est. Le lendemain, George W. Bush recevait en grande pompe à la Maison-Blanche son homologue pakistanais, le général putschiste Pervez Musharraf.
Cette coïncidence souligne l’embarras de l’Administration Bush qui cherche un équilibre entre, d’un...