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Actualités - CHRONOLOGIE

Déferlante jaune du Hezbollah sur Beyrouth pour l’apparition publique de Nasrallah dans la banlieue sud

Venues des quatre coins du pays et de plusieurs contrées du monde arabe pour rendre hommage à l’artisan de la « victoire historique et stratégique sur Israël », plusieurs centaines de milliers de personnes se sont rassemblées hier dans la banlieue sud pour écouter le discours tant attendu de leur chef charismatique. En faisant une apparition surprise parmi les siens, Hassan Nasrallah a tenu à gratifier son public, défiant les risques qui pesaient sur sa personne en s’exposant en plein air, pour la première fois depuis l’offensive israélienne le 12 juillet. Sa présence à cette manifestation avait fait l’objet de spéculations dans la mesure où Israël n’a jamais caché sa détermination à éliminer celui qu’il considère comme sa bête noire. Le chef du parti de Dieu a tenu à répondre au défi de l’État hébreu et aux attentes de ses sympathisants – qui n’auraient jamais accepté moins qu’une allocation en direct – par un bain de foule qui l’a conduit jusqu’à la tribune, à la grande surprise du public. Brandissant des portraits de leur chef et des drapeaux jaunes du Hezbollah, la foule imposante chantait « Nasrallah, Nasrallah, la victoire nous appartient », donnant le ton à cette célébration massive. Au-dessus de leur tête, les oriflammes ont formé une véritable marée jaune, se mélangeant aux drapeaux libanais et, à certains endroits, aux bannières oranges du CPL. Pendant une intervention d’une heure et quart, sur un ton déterminé, en élevant souvent la voix, Hassan Nasrallah a affirmé avoir bravé les menaces d’assassinat pour s’adresser à la foule de ses partisans. Il faut dire que rien n’avait été laissé au hasard sur le plan sécuritaire, les hommes du parti ayant quadrillé le périmètre de la place où avait été installée la tribune, et le quartier avait été bouclé par l’armée libanaise qui s’est déployée en force pour l’occasion. Vêtus d’un uniforme noir mais sans armes visibles, les hommes du Hezbollah étaient partout, jusque sur les toits des immeubles, scrutant le moindre mouvement qu’ils pouvaient détecter parmi l’assistance. Mais « la témérité et l’audace » qui ont conduit à la « victoire du parti chiite contre la plus grande puissance militaire de la région » n’étaient pas le seul message pour lequel s’était déplacé le dignitaire chiite. Plus confiant que jamais, Hassan Nasrallah est venu annoncer ce qu’il considère être « la nouvelle orientation de son parti », au lendemain d’un 12 juillet qui a modifié plusieurs donnes sur le terrain. S’adressant tantôt à ses sympathisants, tantôt à ses pourfendeurs, le chef du parti de Dieu a rassuré les uns, attaqué les autres et épargné certains, tout en maintenant un ton conciliateur qu’il a voulu principalement « national et libanais ». Dans son allocution, le secrétaire général du parti chiite n’a cependant pas ménagé les puissances occidentales, à leur tête les États-Unis, égratignant au passage les régimes sunnites du monde arabe qui avaient dénoncé « l’aventurisme » de la Résistance. Dans un défi on ne peut plus clair lancé à l’Administration américaine et à ses alliés israéliens, il annoncera sans ambages que le Liban est devenu « une grande puissance régionale » dont il faut désormais tenir compte dans la nouvelle équation du Proche-Orient. Une annonce qui sera accueillie par un tonnerre d’applaudissements ponctuant la chorégraphie des drapeaux jaunes et verts de ses partisans et de ses alliés du mouvement Amal. Usant, comme à son habitude, de son ton railleur, le leader chiite ne se prive pas de lancer une pique à Walid Joumblatt, dont il demandera des « excuses » pour ses propos humiliants à l’égard de la Résistance. Il n’épargne pas non plus le chef du gouvernement, Fouad Siniora, en ironisant sur ses larmes, « qui ne protègent personne ». « Seul l’État fort est protecteur », dit-il. Cette boutade déclenchera une cascade de rires parmi la foule de plus en plus échauffée, qui absorbait jusqu’au moindre mot l’allocution du chef charismatique. Le chef du Hezbollah n’a occulté pratiquement personne dans son discours. Il n’oublie pas d’honorer au passage la présence, parmi la foule, des Palestiniens « venus des camps de réfugiés », dont il défendra ardemment la cause en rappelant le lien indéfectible entre la résistance chiite et sunnite. Sans les citer, Nasrallah fait également un clin d’œil à ses alliés politiques, notamment le CPL, le parti de Talal Arslane, et les formations proches de la Syrie, en insistant sur l’idée que la victoire n’est pas le fait d’un parti ou de la communauté chiite, mais qu’elle appartient « également au chrétien, druze et sunnite ». C’est cet appel à l’unité et à la réconciliation nationale que relèveront d’ailleurs plusieurs de ses partisans, qui affirment à l’issue de la célébration, que « le message principal à retenir de l’intervention est bel et bien celui de la convivialité ». « Il a clairement souligné que le clivage entre les Libanais est politique, et non confessionnel », commente Omar, 22 ans, qui a traversé le chemin de Tyr à Beyrouth à pied, pour venir écouter son leader adulé. « Il est temps que nous réalisions enfin que nous risquons tous de couler si le navire fait naufrage », dit-il. Ali confirme : « C’est un discours sage et équilibré qui s’adresse à l’ensemble des citoyens. Le plus important pour l’instant est de resserrer les rangs et d’œuvrer ensemble à la construction de l’État », dit-il. « Oui, mais pas n’importe quel État », rétorque son compagnon, Khalil, qui affirme ne pas vouloir « d’un gouvernement mafieux ». Curieusement, ce sont plutôt les femmes qui relèvent en premier la question des armes, une priorité, selon elles, dans le discours de leur chef : « C’est la partie la plus rassurante dans les propos du sayyed, notamment ses affirmations sur la quantité de roquettes dont le parti est en possession », dit l’une d’elle. « Nous avions cru que la Résistance avait été affaiblie par les derniers combats. Or ce n’est pas le cas », ajoute une jeune femme. Son mari, Mohammad, se veut plus nuancé à ce propos : « Il faut bien comprendre que nous ne sommes pas des amateurs de guerre, mais des gens pacifistes. À condition, bien entendu, que notre dignité reste sauvegardée. » Comme ils étaient venus, à pied, par bus, certains, par avions, les supporters du parti de Dieu sont repartis, en début de soirée, « la tête haute, le moral rehaussé et animés d’une fierté à toute épreuve », comme l’explique Sahar, une partisane du Hezbollah. Jeanine JALKH Les personnalités présentes Plusieurs personnalités politiques libanaises et du monde arabe ont pris part au « meeting de la victoire » organisé hier par le Hezbollah, dans la banlieue sud. Outre les responsables politiques et syndicaux du monde arabe, et des personnalités venues spécialement d’Afrique, d’Iran, du Yémen et de Bahreïn, plusieurs figures politiques libanaises ont répondu à l’appel du secrétaire général du parti chiite, dont notamment le représentant du chef de l’État, le ministre de l’Environnement Yaacoub Sarraf, le représentant le chef du Parlement, Nabih Berry, le député Ali Hassan Khalil, les anciens chefs de gouvernement Omar Karamé et Salim Hoss, le ministre de la Justice Charles Rizk, les anciens ministres Sleimane Frangié, Wi’am Wahhab, et Michel Samaha, ainsi que des représentants du bloc parlementaire du Courant patriotique libre.
Venues des quatre coins du pays et de plusieurs contrées du monde arabe pour rendre hommage à l’artisan de la « victoire historique et stratégique sur Israël », plusieurs centaines de milliers de personnes se sont rassemblées hier dans la banlieue sud pour écouter le discours tant attendu de leur chef charismatique.
En faisant une apparition surprise parmi les siens, Hassan...