Un « pape théologien » empêtré dans la diplomatie

Un an et demi après son élection, Benoît XVI a du mal à se défaire de son passé de professeur émérite de théologie pour prendre la dimension de grand communicateur planétaire que doit avoir un pape, au risque de provoquer des tempêtes diplomatiques. Benoît XVI n’en est pas à sa première maladresse diplomatique depuis le début de son pontificat. Il avait omis de citer Israël dans la liste des pays victimes du terrorisme en juillet 2005 et s’était attiré de vifs reproches du gouvernement israélien. En mai 2006, durant son pèlerinage au camp d’extermination d’Auschwitz, il avait attribué le nazisme à un « groupe de criminels », semblant dédouaner le peuple allemand de toute responsabilité. C’est que le pape Ratzinger est d’abord un intellectuel, un théologien de haute volée, dont les homélies savantes ne semblent pas toujours à la portée de tous les auditoires. Le professeur, l’universitaire, le tout-puissant préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi pendant presque un quart de siècle – surnommé par ses adversaires le « PanzerKardinal » (le cardinal char d’assaut) –, a dû reprendre à l’âge avancé de 79 ans le rôle de « grand communicateur » charismatique que lui a légué son prédécesseur et ami Jean-Paul II. Né en avril 1927 en Bavière, ordonné prêtre en 1951, Joseph Ratzinger n’a été véritablement que quatre ans au contact de la société civile de 1977 à 1981 en tant qu’évêque de Munich. Le reste de sa vie ecclésiale a été consacré à l’étude et l’enseignement en Bavière puis à la défense des dogmes au Vatican. Le pape allemand joue du piano et aime la solitude et la méditation.