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L’impact de la guerre en 2006 : baisse des recettes de 9 %, hausse des dépenses de 23 %, et la dette passera à 41 milliards Le déficit public aura doublé et l’excédent primaire disparaîtra d’ici à la fin de l’année

L’offensive israélienne laissera des traces sur les finances publiques en 2006 et sans doute au-delà. Le rapport préliminaire, publié hier par le ministère des Finances, évaluant l’impact de la guerre sur les comptes du Trésor est tout sauf rassurant. Comme prévu, le déficit va accuser le coup de 33 jours de conflit et près de huit semaines de blocus. Selon ce rapport, les pertes du Trésor s’élèveront à 1,6 milliard de dollars, fin 2006, sachant que l’impact global de la guerre ne pourra être réellement mesuré qu’en 2007 et à plus moyen terme. Mais à la fin de cette année déjà, les revenus de l’État devraient être amputés de 314 millions de dollars, (1,44 % du PIB), soit une baisse de 9 % par rapport à 2005. Parallèlement, les dépenses publiques devraient croître de 800 millions de dollars (3,7 % du PIB), en hausse de 23 % par rapport à l’année dernière. Résultat : l’excédent primaire, hors service de la dette, enregistré ces six dernières années devrait se transformer en déficit. D’un excédent de 359 millions de dollars au premier semestre de l’année, la balance primaire passera à un déficit de 778 millions de dollars. Globalement, le déficit public doublera en 2006 pour atteindre 3,85 milliards de dollars. Selon les prévisions d’avant-guerre, les revenus de l’État devaient atteindre 5,373 milliards de dollars en 2006, des projections réalistes sachant que les revenus du seul premier semestre étaient en hausse de 15 % par rapport à fin juin 2005. Désormais, ces revenus devraient péniblement atteindre 4,45 milliards, soit 920 millions de moins que prévu. Les revenus fiscaux baisseront de 6 % par rapport à 2005, en raison du ralentissement économique et de la baisse de la consommation attendus cette année. Les recettes douanières devraient plonger de 35 % fin 2006 par rapport à l’année dernière. Leur part dans le total de recettes passera du taux historique de 25 % (avant le conflit) à moins de 12 %. Les recettes de la TVA devraient enregistrer une baisse de 8 % par rapport à 2005. La baisse des revenus non fiscaux sera encore plus significative, de l’ordre de 20 % en raison de l’accord avec les deux anciennes compagnies de cellulaires (FTML et LibanCell), de la baisse des transferts des Télécoms, et celle du port de Beyrouth. Cela dit, le Liban ne sera pas au bout de ses peines en 2006. Le rapport note en effet que les impôts sur le revenu et les capitaux, ainsi que les taxes foncières ont déjà été collectés durant les six premiers mois de l’année. Il faudra donc s’attendre à une correction plus sévère au niveau des recettes au premier semestre 2007. La 1701 et l’EDL creusent les dépenses Côté dépenses, les nouvelles ne sont pas meilleures, au contraire. Avant la guerre déjà, fin juin, les dépenses étaient en hausse de 7,5 % par rapport à la même période de l’année précédente. Mais cette hausse était principalement due à un bond de 38 % du service de la dette. Hors service de la dette, les dépenses courantes, en revanche, étaient en baisse de 7 % au premier semestre. Cette relative maîtrise n’est plus qu’un lointain souvenir. Les dépenses courantes, qui devaient atteindre 4,5 milliards de dollars fin 2006, ont été largement revues à la hausse, à 5,3 milliards, une augmentation équivalente à près de 3 % du PIB. Et ces chiffres ne prennent même pas en compte la reconstruction des maisons et des infrastructures détruites pendant la guerre, et dont le CDR a estimé le coût à plus de 3,6 milliards. Il s’agit simplement des aides d’urgence, de l’EDL et du coût d’application de la résolution 1701 de l’ONU. En effet, à elles seules, les dépenses militaires, avec le déploiement de 15 000 soldats libanais au Sud, devraient augmenter de quelque 70 millions de dollars d’ici à la fin de l’année. Les dépenses d’urgence, telles que les charges hospitalières des victimes, et les besoins du Haut Comité de secours devraient atteindre 46 millions de dollars. Les efforts de réhabilitation des infrastructures les plus urgentes prises en charge par l’État devraient coûter 330 millions de dollars. Quant à l’EDL, dont les pertes sont évaluées à 114 millions de dollars, elle sera certainement dans l’incapacité de remplir ses engagements financiers, laissant au Trésor le soin de s’en charger. Il s’agira notamment des achats pétroliers, évalués à 494 millions de dollars d’ici à la fin de l’année, auxquels s’ajouteront des arriérés de paiement de l’ordre de 139 millions de dollars et des prêts arrivés à maturité d’un montant de 77 millions de dollars. La bonne nouvelle c’est que le service de la dette ne sera pas affecté en 2006 par la guerre. Il devrait totaliser 3 075 millions de dollars en 2006, dont 1 576 en livres libanaises et 1 500 millions en devises. L’impact de l’offensive ne sera visible qu’en 2007, lorsqu’il s’agira de payer les rendements des bons du Trésor à moyen et long terme. La dette s’emballe La dette en revanche ne sera pas épargnée. Avant la guerre, les prévisions indiquaient qu’elle restera sous le seuil des 40 milliards de dollars, sachant qu’elle s’est élevée à 38,5 milliards à la fin 2005. Malheureusement, l’aggravation du déficit public et l’émergence d’un déficit primaire laissent désormais penser que la dette se situera autour des 41 milliards de dollars à la fin de l’année. Le rapport souligne que l’offensive israélienne a porté atteinte à la confiance des investisseurs et a augmenté les risques de refinancement, en monnaie locale et en devises. Pendant la guerre, les prix des eurobonds sur le marché secondaire ont chuté et ceux des rendements ont augmenté. En moyenne, les rendements ont augmenté de 6,99 % fin juin à 7,63 % à la mi-août. L’accélération de la dynamique de la dette, couplée à l’hésitation des banques commerciales à acquérir des bons du Trésor, devrait entraîner une hausse du service de la dette, dont l’impact commencera à se faire sentir, au plus tard, au premier semestre 2007, conclut le rapport.
L’offensive israélienne laissera des traces sur les finances publiques en 2006 et sans doute au-delà. Le rapport préliminaire, publié hier par le ministère des Finances, évaluant l’impact de la guerre sur les comptes du Trésor est tout sauf rassurant. Comme prévu, le déficit va accuser le coup de 33 jours de conflit et près de huit semaines de blocus. Selon ce rapport,...