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Actualités - ANALYSE

ÉCLAIRAGE - Avec la crise au Liban, le président du Conseil a réorienté la politique extérieure de Rome dans un sens plus européen et méditerranéen La « méthode Prodi » donne un coup de fouet à la diplomatie italienne

La crise au Liban a donné l’occasion au chef du gouvernement italien Romano Prodi de réorienter et de dynamiser la diplomatie italienne dans un sens plus européen et plus méditerranéen, rompant avec son prédécesseur Silvio Berlusconi. Alors qu’il venait d’annoncer avoir proposé à la Syrie l’envoi de gardes-frontières européens à la frontière entre ce pays et le Liban, M. Prodi a souligné que « cultiver l’idée d’une Méditerranée de paix et de développement n’est pas un rêve, mais un devoir ». L’ancien président de la Commission européenne a ajouté qu’il entendait « relancer avec force le processus euro-méditerranéen », au cours d’un discours-programme prononcé durant le week-end à Bari (sud de l’Italie). « Au cours des dernières années, l’Europe a regardé principalement à l’Est », a-t-il déclaré en rappelant que « durant ma présidence de la Commission européenne, l’engagement pour une politique de bon voisinage et de dialogue avec les pays de la Méditerranée a été forte et riche de résultats ». « Ouvrir la voie aux entretiens avec la Turquie, considérer les Balkans comme une partie naturelle du projet commun européen étaient et restent un devoir. Pour cette raison, le renforcement de l’Europe est une priorité », a-t-il estimé. Un peu plus de cent jours après la formation de son gouvernement allant du centre-gauche aux communistes, M. Prodi revient ainsi à une définition traditionnelle de la politique extérieure italienne européenne, multilatérale et centrée sur le bassin méditerranéen. Il s’agit d’une rupture avec l’engagement proaméricain de son prédécesseur qui avait fait de ses relations personnelles privilégiées avec le président George W. Bush l’axe prioritaire de sa politique étrangère. Ce souci de « coller » à la diplomatie américaine avait notamment conduit Silvio Berlusconi à accepter d’envoyer plusieurs milliers de soldats italiens se battre en Irak en dépit de l’hostilité de son opinion publique à cette expédition militaire. M. Prodi, qui aura achevé le retrait italien de l’Irak avant la fin de l’année, a déclaré que son gouvernement entendait « jouer un rôle de référence » pour une approche « tranquille et partagée » des problèmes de la Méditerranée et du Proche-Orient. Celui que l’on surnomme en Italie « le professeur » a utilisé son poids international et son formidable carnet d’adresses d’ex-président de l’UE de 1999 à 2004 pour placer la diplomatie italienne au centre de la crise libanaise. La « méthode Prodi », faite de multiples coups de téléphone, de missions de bons offices et de propositions aux uns et aux autres, lui a permis d’exercer une influence remarquée dans la recherche d’une solution à la crise. Romano Prodi ne s’est notamment pas découragé après l’échec de la conférence internationale sur le Liban convoquée en urgence à Rome à la fin juillet. Souhaitant « ne jouer que le rôle de “facilitateur” de la recherche d’une solution », il a continué d’envoyer son ministre des Affaires étrangères, Massimo D’Alema, parler à tous les gouvernements et toutes les parties de la région. La photo de M. D’Alema visitant bras dessus, bras dessous avec un député du Hezbollah un quartier dévasté de Beyrouth a suscité des réactions négatives de la droite italienne, mais a contribué à crédibiliser l’Italie comme le seul grand pays européen a pouvoir véritablement parler à tout le monde. La décision d’envoyer un fort contingent italien pour renforcer et prendre la tête de la Finul « illustre de la façon la plus limpide notre engagement à ce que la politique de la parole soit suivie par des actes », a commenté fièrement à Bari le chef du gouvernement italien. Jean-François LE MOUNIER (AFP)

La crise au Liban a donné l’occasion au chef du gouvernement italien Romano Prodi de réorienter et de dynamiser la diplomatie italienne dans un sens plus européen et plus méditerranéen, rompant avec son prédécesseur Silvio Berlusconi.
Alors qu’il venait d’annoncer avoir proposé à la Syrie l’envoi de gardes-frontières européens à la frontière entre ce pays et le Liban, M....