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Cinéma - Le jeune réalisateur reçoit un Lion d’or pour sa carrière Avec « Inland Empire », Lynch donne à Hollywood un goût de cauchemar à la Mostra de Venise

L’angoissant univers du cinéaste américain David Lynch, peuplé de fantasmes, de cauchemars et d’érotisme, a envahi la 63e Mostra hier, où « Inland Empire », son premier film depuis cinq ans, a été projeté en avant-première mondiale, hors compétition. À 60 ans, David Lynch est le plus jeune réalisateur à recevoir un Lion d’or pour sa carrière, hier soir au palais du cinéma du Lido, à trois jours de la fin du festival (30 août-9 septembre). Dévoilé à la Mostra, Inland Empire, sur lequel planait le mystère depuis des mois, est un énigmatique film-fleuve (3 heures), à la tonalité très sombre, qui a tout pour séduire les amateurs du maître de l’étrange qu’est Lynch. Le scénario, diaboliquement complexe, plonge les spectateurs dans la vie intérieure de Nikki, une célèbre actrice de Hollywood, un endroit où « les stars font des rêves et où les rêves font les stars ». L’histoire est au départ simple : pendant le tournage de son dernier film, Nikki, dirigée par un metteur en scène célèbre (Jeremy Irons), tombe amoureuse de son partenaire, lequel enchaîne les liaisons. Or, le mari de Nikki est jaloux jusqu’à la folie. Mais le vaudeville se complique infiniment lorsque le tournage commence, car la vie de Nikki se confond alors avec celle de son personnage, Susan. En outre, à intervalles réguliers, des flash-back énigmatiques et angoissants emmènent le spectateur en Pologne, dans un glauque univers de prostitution. Inland Empire quitte alors le terrain de la rationalité et entraîne le spectateur dans un tourbillon d’images, de musiques et de sons qui lui font perdre tous repères : la chronologie est sabotée, le temps se dilate, les images se déforment, les personnages se confondent. Lynch, grâce à une extraordinaire photographie, met alors en scène les fantasmes les plus délirants et les plus improbables, et le récit part dans le registre de l’inconscient, des pulsions et du rêve. Dans le puzzle angoissant qu’est Inland Empire, le cinéaste déploie ses obsessions : la perte de soi, le fantasme qui naît du malaise, le sado-masochisme... un univers familier aux amateurs d’Eraserhead (1976) où Lynch explorait les rapports d’un homme et d’un monstrueux fœtus. À la sortie de la projection de presse, où les applaudissements ont été brefs, certains semblaient perplexes, voire totalement perdus. Le directeur de la Mostra Marco Müller, qui avait promis un film « encore plus fascinant que Mulholland Drive », dernier long-métrage tourné par Lynch, devenu un film-culte dès sa sortie en 2001, n’a pas été démenti. En soirée, une fête luxueuse a été organisée en l’honneur de Lynch par la production du film, dans un palais vénitien. D’autre part, hier dans la presse italienne, les critiques n’étaient pas tendres à l’égard de L’Intouchable, du cinéaste français Benoît Jacquot. Ce long-métrage, qui montre une jeune comédienne, jouée par Isild Le Besco, partir en Inde à la recherche d’un père inconnu et membre de la caste des intouchables, était taxé de « bavard », « ennuyeux », voire « irritant ». « Seule consolation : le film est court », tranchait le quotidien La Repubblica. Pour la première fois The Queen, brillante satire de la famille royale britannique réalisée par le cinéaste Stephen Frears, était favorite à la fois des critiques et du public pour le Lion d’or, qui sera décerné samedi soir par le jury, présidé par Catherine Deneuve.
L’angoissant univers du cinéaste américain David
Lynch, peuplé de fantasmes, de cauchemars et d’érotisme, a envahi la 63e Mostra hier, où « Inland Empire », son premier film depuis cinq ans, a été projeté en avant-première mondiale, hors compétition.
À 60 ans, David Lynch est le plus jeune réalisateur à recevoir un Lion d’or pour sa carrière, hier soir au palais du...