Rechercher
Rechercher

Actualités

Nucléaire - Ahmadinejad réaffirme que Téhéran ne reculera pas sous la pression Malgré le refus iranien, les Européens donnent une chance à la diplomatie

Le refus de l’Iran de cesser ses activités d’enrichissement de l’uranium, malgré un ultimatum de l’ONU, a suscité hier de nouvelles expressions de regret de pays européens qui ont en même temps souligné leur volonté de continuer à discuter avec Téhéran. Alors que le président américain George W. Bush avait prôné jeudi la fermeté après la confirmation par l’AIEA de la poursuite des activités nucléaires iraniennes, les Européens ont tenu hier un discours plus modéré, évitant d’évoquer la perspective de sanctions envisagée par Washington. Avant une réunion des ministres des Affaires étrangères des 25 pays de l’Union européenne à Lappeenranta, en Finlande, le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, a jugé « nécessaire que les grandes puissances ne se divisent pas sur le dossier iranien ». Interrogé sur l’opportunité que l’ONU adopte des sanctions contre Téhéran, M. Steinmeier n’a pas répondu directement. Les 6 grandes puissances impliquées dans le dossier iranien – les 5 membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) et l’Allemagne – doivent se rencontrer le jeudi 7 septembre à Berlin. La présidence finlandaise de l’UE est elle aussi restée extrêmement vague sur le thème des sanctions. « Tous les aspects (du dossier iranien) vont être couverts » au cours de la réunion de 2 jours des 25, a simplement assuré le ministre finlandais des Affaires étrangères, Erkki Tuomija. Mais il s’est refusé à parler explicitement de sanctions, déclarant que ce n’était « ni le lieu ni le moment pour prendre de nouvelles décisions ». Le haut représentant de l’UE pour la Politique extérieure, Javier Solana, a confirmé qu’il rencontrerait le principal négociateur iranien sur le nucléaire, Ali Larijani, « dans les premiers jours de la semaine prochaine », sans préciser la date et le lieu de cette rencontre. Il a ajouté qu’il n’était « pas raisonnable d’avancer » concrètement vers des sanctions contre l’Iran « pendant la période de discussions ». Il a cependant souligné que « cela ne signifiait pas que l’Iran disposait d’une période de temps indéfinie ». De leur côté, la Russie et la Chine sont toujours très réticentes à l’idée de sanctions contre Téhéran. Le ministère russe des Affaires étrangères a bien exprimé hier le « regret » de Moscou devant le refus iranien, mais le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov a rappelé implicitement l’opposition de la Russie à des sanctions. Lors d’une conférence de presse commune avec son homologue italien Romano Prodi à Rome, le Premier ministre français Dominique de Villepin a estimé que la communauté internationale devait « marquer sa détermination ». Même tonalité à Londres. « Je regrette que l’Iran n’ait pas pris les mesures requises par le Conseil de sécurité », a déclaré la ministre des Affaires étrangères, Margaret Beckett. « J’appelle encore une fois l’Iran à le faire, ce qui permettrait aux négociations de reprendre », a-t-elle dit. À Téhéran, le président Mahmoud Ahmadinejad a affirmé hier que l’Iran ne reculera pas sur son programme nucléaire, en dépit du risque de sanctions qu’il encourt. « Les ennemis doivent savoir que le peuple iranien se tient fermement en défense de son droit et ne cédera pas d’un iota sur son droit au nucléaire », a-t-il dit. Les moyens de pression de l’Occident sont faibles La communauté internationale a en réalité de moins en moins de moyens de pression face aux ambitions nucléaires de Téhéran, estiment diplomates et analystes. Les États-Unis et les Européens ne disposent « d’aucun instrument suffisamment puissant pour convaincre ou forcer l’Iran à suspendre son programme d’enrichissement d’uranium », estime l’expert en non-prolifération Gari Samore, qui fut un conseiller de l’ex-président américain Bill Clinton. « Ni les menaces ni les promesses d’aide ne suffisent », affirme à l’AFP cet analyste, dans une allusion aux propositions européennes d’un vaste programme de coopération avec l’Iran si Téhéran avait renoncé à l’enrichissement. « Les choses ont empiré : il y a 2 ou 3 ans, les Iraniens étaient encore nerveux à l’idée d’une action du Conseil de sécurité ou d’une attaque militaire américaine, et ils se préparaient à réduire leurs projets. Mais maintenant, les Iraniens sont extrêmement confiants », estime M. Samore. Cette analyse est partagée par un haut diplomate proche de l’AIEA, selon qui « la vraie raison du délai de l’ONU était d’affaiblir l’Iran, mais cela n’a pas marché ». « Si les Américains étaient arrivés à un accord ou avaient parlé directement aux Iraniens il y a un an, ils auraient pu obtenir le gel du programme avant même le début de l’enrichissement », estime cette source. Bien que peu reluisante d’un point de vue occidental, la situation n’est toutefois pas totalement désespérée, selon l’anlyste Mark Fitzpatrick, de l’Institut londonien d’études stratégiques IISS. « La procédure au Conseil de sécurité n’est pas finie. Les négociations sur des sanctions ne font que commencer sérieusement » maintenant que Téhéran a refusé de respecter le délai qui lui était fixé, estime-t-il. Cependant, « il sera très difficile de convaincre la Russie et la Chine d’accepter quelque sanction que ce soit », reconnaît-il. Si ces deux pays refusent, « les États-Unis chercheront à faire pression sur l’Iran par des moyens financiers ou autres, avec d’autres pays », estime M. Fitzpatrick. Pour Gary Samore, « si les Iraniens réalisaient de nouveaux progrès (dans leur programme nucléaire) ces 2 prochaines années, les chances seraient plus grandes que jamais qu’Israël ou l’Administration Bush décident d’attaquer les installations iraniennes ».

Le refus de l’Iran de cesser ses activités d’enrichissement de l’uranium, malgré un ultimatum de l’ONU, a suscité hier de nouvelles expressions de regret de pays européens qui ont en même temps souligné leur volonté de continuer à discuter avec Téhéran.

Alors que le président américain George W. Bush avait prôné jeudi la fermeté après la confirmation par...