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Le général Aoun, ou la politique à géométrie variable

Lorsque le général Aoun s’apprêtait à retourner de son exil, il était d’avance acclamé par un grand nombre de citoyens, voyant en lui un des solides composants du mouvement libérateur du 14 Mars. Ne s’était-il pas vanté d’avoir, pendant son périple aux USA, poussé à l’adoption du Syria Accountability Act et surtout de la 1559 ? Néanmoins, après lui avoir prodigué ovations et bienvenues, les gens n’ont pas tardé à se rendre compte d’un changement de sa part : il prenait de plus en plus ses distances avec l’alliance du 14 Mars. Puis il a cessé de se faire voir sur la scène publique. Ensuite, passé un certain temps, ce fut, brusquement, son apparition sur tous les écrans, souriant dans une attitude amicale à côté de cheikh Nasrallah, le lundi 6 février. Ce fut une stupéfaction générale des téléspectateurs encore tout ébranlés par le drame de la veille, le célèbre « dimanche noir d’Achrafieh ». Le général pensait, par cette pose debout avec Nasrallah devant le grand autel de l’église Saint-Michel de Chiyah produire un coup de théâtre : ils annonçaient, l’un et l’autre, l’entente qu’ils venaient de conclure. Le général, pour ne pas effaroucher son électorat chrétien, avait soigneusement évité le terme « accord », et inventé le mot « tafahom ». Or, le terme « tafahom » n’est qu’un camouflage primaire de « accord ». Il n’existe dans acun traité de droit civil ou de droit public. Même le plus récent décitionnaire, le grand Mounjed, ne donne qu’un seul sens à « tafahom » : c’est un accord (« ittifaq »). Ne jouons donc pas sur les mots. En effet, à partir de ce jour, le général Aoun s’est comporté en cocontractant du Hezb, et même en véritable allié. Il s’est mis à critiquer le groupe du 14 Mars, puis à l’attaquer crûment, réclamant le départ de ce gouvernement salvateur, à qui il a dû son retour d’exil. Finalement, il a trouvé une perle : il a traité de « majorité usurpatrice du pouvoir » l’équipe ministérielle qui avait obtenu la confiance du Parlement (L’Orient-Le Jour du 18/5/06). Chose plus grave, lors de la conduite (ou de l’inconduite) des cinq ministres du tandem Hezb/Amal, qui ont quitté le Conseil en claquant la porte dès que le Premier ministre a ouvert la bouche pour commenter les propos injurieux proférés la veille contre lui par le président syrien, le général n’a pas eu un mot de critique pour un tel comportement. Il a même poussé le conformisme hezbollahi jusqu’à critiquer le gouvernement qui, par sa politique, aurait poussé les 5 ministres à agir de la sorte. Le « tafahom », aboutissait à l’existence d’un meneur (le Hezb) et d’un suiveur, le CPL. Cela a été illustré notamment le 12 juillet, lorsque le cheikh Hassan Nasrallah a annoncé au peuple libanais : « Nous avons décidé d’entreprendre cette guerre, que vous le vouliez ou non. » Le général a appris le déclenchement de la catastrophe comme n’importe quel auditeur, et s’est tenu coi. Après cette gifle, il a pris un profil plutôt bas, en considérant la grande part d’électorat qu’il allait perdre. Mais aujourd’hui, il tente de regagner du terrain. Dans sa longue déclaration au Nahar du 16 août, il « cogne » tous azimuts : pour défendre le maintien de l’armement avec le Hezbollah, il prétend que le Liban n’est défendu ni par le Conseil de sécurité, qui « n’a pas réagi devant le crime de la guerre qui a atteint les enfants », ni par les États occidentaux : « Comment nous défendront-ils ? Puisque, malgré toute notre amitié (avec eux), notamment les États-Unis et la France, ils n’ont pas été capables de sauver de la destruction une usine de lait pour enfants ni une usine de biscuits (sic, sic) ??? » La perte de cette longue déclaration, c’est qu’il ne faut pas redouter que le Hezb garde son armement, lequel n’a jamais servi pour « usage interne », mais est réservé pour « usage externe »… (le lecteur pourrait ajouter « comme, par exemple, dans le cas du 12 juillet »). On peut conclure que le général, qui est un mathématicien comme tout bon militaire, a un faible pour la géométrie variable. Albert SARA
Lorsque le général Aoun s’apprêtait à retourner de son exil, il était d’avance acclamé par un grand nombre de citoyens, voyant en lui un des solides composants du mouvement libérateur du 14 Mars. Ne s’était-il pas vanté d’avoir, pendant son périple aux USA, poussé à l’adoption du Syria Accountability Act et surtout de la 1559 ?
Néanmoins, après lui avoir prodigué...