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Aphorismes Syndrome de Pyrrhus

À voir le prix exorbitant que le Liban a dû payer la victoire que Hassan Nasrallah vient de remporter sur les Israéliens, on ne peut s’empêcher de penser à l’expression: «Victoire à la Pyrrhus». En 279 avant notre ère, à Asculum dans le sud-est de l’Italie, Pyrrhus, roi grec d’Épire qui faisait remonter sa généalogie au fougueux Achille, remporta face aux Romains une bataille qui fit plus de quinze mille morts des deux côtés. À quelqu’un venu le féliciter, il répondit: «Si nous remportons encore une victoire contre les Romains, notre situation sera totalement désespérée.». D’où l’expression. Il y a cependant bien plus dans «victoire à la Pyrrhus». Pyrrhus était, avec Hannibal et Scipion, l’un des trois plus grands stratèges de l’Antiquité. Il avait cependant cette particularité qu’il ne se souciait pas de consolider ses conquêtes. Il était constamment en campagne. Au philosophe Cinéas qui lui demandait à quoi il emploierait une éventuelle victoire sur les Romains, il répondit: «Quelle question! Nous posséderons aussitôt toute l’Italie!» «Mais après cela, ô roi?» «La Sicile est toute proche», répondit Pyrrhus. «Sera-t-elle le terme de notre expédition?» s’enquit Cinéas. «Qui nous empêcherait alors de nous attaquer à la Libye et à Carthage?» s’enflamma Pyrrhus. De fait, il se condamna à une vie régie par les fortunes de la guerre, et finit par perdre et sa couronne et sa tête. C’est là que l’expression «victoire à la Pyrrhus» prend tout son sens, et elle nous amène à nous interroger sur la stratégie qu’adoptera à présent Nasrallah. S’arrêtera-t-il pour consolider ses acquis et le pays, ou se laissera-t-il emporter par sa fougue? Est-il besoin de lui rappeler, lui qui s’appelle si justement Nasrallah, la belle devise des sultans nasrides de Grenade? «Il n’est d’autre vainqueur que Dieu», annonçait-elle sagement. L’avenir nous dira s’il aura ou non succombé au syndrome de Pyrrhus, entraînant le Liban dans sa chute. Percy KEMP

À voir le prix exorbitant que le Liban a dû payer la victoire que Hassan Nasrallah vient de remporter sur les Israéliens, on ne peut s’empêcher de penser à l’expression: «Victoire à la Pyrrhus».
En 279 avant notre ère, à Asculum dans le sud-est de l’Italie, Pyrrhus, roi grec d’Épire qui faisait remonter sa généalogie au fougueux Achille, remporta face aux...